Varenne agricole de l’eau et changement climatique
Interview d'Emmanuel Lachaize, président de la FDSEA 49
Interview d'Emmanuel Lachaize, président de la FDSEA 49
Après plusieurs mois de travail, les ministres Castex, Denormandie et Abba viennent de présenter les conclusions du Varenne agricole. Quel est votre sentiment sur ces conclusions ?
Plusieurs préconisations vont dans le bon sens pour que les agriculteurs puissent s’adapter au changement climatique qu’on peut déjà tous constater, il reste maintenant à les concrétiser sur le terrain. Sur la gestion des risques, la réforme a bien avancé et nous nous en félicitons. Elle acte la fin du dispositif des calamités agricoles qui montrait des incohérences. Avec une assurance climatique améliorée, et un engagement de l’Etat par une participation financière à l’assurance : les principales demandes que nous portions ont été reprises. Cela devrait permettre aux producteurs d’être mieux protégés face aux aléas climatiques qui vont en augmentant.
Que retenez-vous sur l’axe 2 : résilience des exploitations ?
Nous avons des attentes fortes sur ce sujet. La résilience passera par un panel d’actions, par exemple l’amélioration de la gestion des sols (augmenter la réserve utile et réduire l’érosion), le pilotage plus fin de l’irrigation, l’adaptation des rotations, le stockage de l’eau pour faire face aux périodes de sécheresse. En élevage les leviers sont aussi nombreux : isolation des bâtiments, adaptation du système fourrager aux contraintes climatiques, etc. La sensibilisation, la formation et l’accompagnement des agriculteurs seront centrales pour qu’ils puissent prendre en compte ces paramètres pour orienter les choix stratégiques sur leurs entreprises. Les travaux sont déjà engagés dans notre région et nous devons les poursuivre activement. Dans ses recommandations, la présidente du groupe de travail a mis en avant le rôle de la recherche et du développement (génétique, innovation), et nous attendons de l’Etat qu’il mette les moyens nécessaires comme cela a été annoncé par le Premier ministre.
Le dernier axe porte sur l’aménagement du territoire, qu’en attendez-vous ?
Aujourd’hui nous constatons de vraies difficultés à faire aboutir les projets d’irrigation. La profession porte depuis le début une gestion équilibrée entre les différents usages, dont l’irrigation, et les milieux naturels. Il n’est pas question de faire du gaspillage, ni à l’inverse de bloquer tout projet par principe. Nous avons demandé à réviser le dispositif des PTGE (projets de territoires pour la gestion de l’eau), et les cibler sur les territoires en tension, sans les rendre systématiques. Les conclusions du groupe 3 vont dans ce sens et le gouvernement travaille sur une instruction complémentaire sur les PTGE. Nous serons vigilants à ce que ces orientations se concrétisent, pour que les politiques publiques permettent aux projets cohérents de voir le jour.