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Vents contraires à Tillières

A Tillières, la famille Guéry s’oppose depuis plusieurs années à un projet d’implantation d’éoliennes près de son exploitation. Estimant qu’il en va de la santé de ses animaux, et à terme de la viabilité de l’entreprise.

La famille Guéry, à Tillières, soudée dans son combat contre l’installation d’éoliennes à deux pas de son exploitation (à l’arrière-plan). De g. à d. : Véronique, la mère ; Etienne, le fils benjamin ; Jean-Yves, le père, aujourd’hui à la retraite ; Nicolas, le fils aîné, positionnés entre les sites d’implantation théorique des aérogénérateurs 1 et 4 (respectivement à 170 et 200 m des bâtiments d’élevage), du projet de parc éolien Val de Moine.
La famille Guéry, à Tillières, soudée dans son combat contre l’installation d’éoliennes à deux pas de son exploitation (à l’arrière-plan). De g. à d. : Véronique, la mère ; Etienne, le fils benjamin ; Jean-Yves, le père, aujourd’hui à la retraite ; Nicolas, le fils aîné, positionnés entre les sites d’implantation théorique des aérogénérateurs 1 et 4 (respectivement à 170 et 200 m des bâtiments d’élevage), du projet de parc éolien Val de Moine.
© AA

« A l’époque, l’éolien agricole était à l’aube de son développement, et le projet nous a été présenté comme l’énergie de l’avenir », se souvient Etienne Guéry. L’agriculteur de 31 ans est installé à Tillières avec sa mère Véronique et son frère Nicolas, en bordure Sud de la N249 reliant Nantes à Cholet. Sur 160 ha, le Gaec Guéry élève 300 bovins (parthenaises et rouges des prés), et 15 000 poules repros en prestation, pour un couvoir de Vendée. En 2009, Nicolas Guéry signe une promesse de bail avec la société girondine Valorem, opérateur en “énergies vertes”. Le projet Val de Moine porte sur l’implantation de 5 éoliennes, dont 4 seraient situées à moins de 400 m des bâtiments d’élevage du Gaec - en particulier du hors-sol de 2 000 m2 hébergeant la volaille.

« Par principe, nous ne sommes pas contre l’éolien, et nous n’avions alors aucune raison de douter de la bonne foi du porteur de projet. Nous l’avons donc alerté par courrier sur la proximité d’ateliers animaux spécifiques. Avec potentiellement 3 associés travaillant au pied des machines 7 jours sur 7, toute l’année. » Etienne Guéry s’est documenté au sujet de la nocivité présumée des éoliennes sur la santé des bovins. Il cite le témoignage de 2 agriculteurs de Loire-Atlantique ayant vu s’implanter un parc près de chez eux, et qui ont constaté depuis des mammites à répétition, des cas de mort subite de bovins en plein champ, des taux de cellules hors norme menaçant la viabilité de l’entreprise.

« Et encore, dans les 2 cas, les machines sont à plus d’1 km des exploitations », note l’éleveur, évoquant des situations similaires en Auvergne et dans les Hauts-de-France. Quant aux poules, elles subiraient l’effet stroboscopique des rayons solaires traversant les pales.

En 2015, la préfecture de Maine-et-Loire accorde successivement le permis de construire et l’autorisation d’exploitation du parc éolien du Val de Moine, après enquête publique conduite auprès des habitants de la commune. Dans le rapport d’enquête, les installations de production du Gaec Guéry sont assimilées à de simples hangars agricoles, sans animaux à l’intérieur, ni présence humaine. Rappel : en France, l’arrêté ministériel du 26 août 2011 dispose qu’une “installation de production d’électricité utilisant l’énergie mécanique du vent est implantée de telle sorte que les aérogénérateurs (ndlr : les éoliennes) sont situés à une distance minimale de 500 mètres de toute construction à usage d’habitation, de tout immeuble habité ou de toute zone destinée à l’habitation”. En revanche, l’arrêté ne précise pas de distance minimale entre une éolienne et un hangar...

Suite à l’enquête publique, des rencontres de conciliation ont lieu avec les investisseurs du projet. Sans résultat. La famille Guéry dépose alors un recours auprès du tribunal administratif, en février 2016, pour faire annuler l’autorisation d’exploitation. L’instruction va durer 1 an et demi. Le 25 mai 2018, le juge rejette le recours sur son volet “santé des animaux”, mais décide que l’autorisation d’exploitation ne sera valable « qu’à condition pour Valorem d’apporter la preuve de sa capacité de financement complet de l'implantation », relate Sébastien Kerbart, chef de projet pour l'entreprise.

Ce dossier de régularisation requiert une nouvelle enquête publique, qui s’est déroulée en septembre dernier. Le tribunal administratif a finalement rendu un avis favorable, et a demandé au préfet de prendre un nouvel arrêté d’autorisation d’exploitation. La famille Guéry conteste cette décision devant la cour administrative d’appel de Nantes. Jugement attendu en 2020.

« Si les machines sont installées, c’est que nous aurons échoué à démontrer leur impact négatif sur le bien-être de nos bêtes. Mais dans ce cas, le propriétaire des poules pourrait remettre en cause nos objectifs de ponte et de fécondité, voire tout simplement notre partenariat. Or il nous reste pas mal d’annuités sur le bâtiment hors sol, construit en 2011 », explique Etienne Guéry. Avant d’insister : « c’est notre combat pour la défense d’un patrimoine légué par notre grand-père, puis notre père. Un outil que j’estime performant. A notre tour, nous voudrions le transmettre dans les meilleures conditions ».

 

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