Élevage
Viande bovine : action devant les abattoirs du Maine-et-Loire
La section bovine de la FDSEA a conduit une action face aux deux abattoirs Charal et Soviba, jeudi, de 4 à 6 heures du matin. Près de 200 producteurs se sont mobilisés.
des producteurs à labattoir de Cholet.
Les éleveurs reprochent aux entreprises un manque de transparence dans la formation des prix. Mickaël Bazantay, président de la section bovine de la FDSEA, et Alain Denieulle, vice-président conduisaient, l’un à Cholet, l’autre au Lion-d’Angers, la délégation des producteurs.« Chute catastrophique des revenus pendant deux années consécutives, des animaux sans débouchés actuellement, la FCO, tout est réuni pour “broyer du noir” et pourtant, avec peu de choses, environ 50 à 70 centimes par kilo de carcasses, l’avenir du secteur bovin serait porteur », a dit Mickaël Bazantay avant d’expliquer la crise et les revendications des producteurs. Selon les responsables de la section, la crise actuelle ne ressemble à aucune autre, elle est plus compliquée car due à de multiples facteurs et est à la fois sanitaire et économique.
Une crise économique sans précédent
La crise sanitaire due à la FCO se double d’une crise économique et se traduit par une chute des cours à laquelle il faut ajouter l’exceptionnelle envolée des coûts de production fin 2007 et surtout en 2008, tant des aliments du bétail que des autres matières premières, en particulier celles liées à l’énergie. Ces conditions économiques entraînent une chute de 50 % du revenu en deux ans.
L’ampleur de la crise et sa durée remettent en cause, selon eux, la survie de l’élevage en viande bovine, secteur fondamental de la région, tant en terme environnemental qu’économique. La viande bovine représente 18 % du produit agricole départemental et emploie 11 000 personnes. Elle est aussi garante de la conservation des paysages.
Un secteur d’avenir
« Nous vivons une période de rupture. Le sanitaire crée de nouvelles barrières douanières, les décisions politiques sur les négociations internationales peuvent nous pénaliser, pourtant on nous annonce un besoin en viande d’ici 18 mois à 2 ans. Ne sacrifions pas notre potentiel de production », demande le président de la section. « Il faut que chacun prenne ses responsabilités », affirme-t-il. Les éleveurs interviennent d’abord auprès des entreprises à qui ils reprochent le manque de transparence dans les transactions, à la fois sur le classement et la présentation des carcasses qui doivent être effectués conformément aux accords interprofessionnels. Ce sujet reste un point de discorde avec les producteurs et de concurrence déloyale entre les entreprises au détriment des éleveurs. « Nous demandons aux entreprises d’utiliser systématiquement la ma-chine à classer dans tous les abattoirs car les éleveurs constatent une dégradation des classements depuis le début de la crise. Nous voulons aussi la présentation des carcasses telle que définie par les accords. À ce jour, nous estimons la perte moyenne pour les producteurs à 10 kg par carcasse en ce qui concerne leur présentation et à 10 centimes d’euros par kilogramme pour le classement, soit 75 € par bovin. »
Pour éviter toute polémique et autres suspicions mais aussi pour rendre leur dû aux producteurs, les responsables demandent que les machines à classer soient remises en route partout. Sans cela, les éleveurs menacent de poursuivre leurs actions y compris sur le plan judiciaire, pour faire valoir leur droit.Ils demandent aussi que les entreprises répercutent à la distribution la hausse des coûts en passant des hausses sensibles de l’ordre de 50 à 70 centimes par kg de carcasse selon les catégories. Une meilleure répartition des marges doit permettre une moindre répercussion aux consommateurs selon eux.Les responsables considèrent que cette action n’est qu’un coup de semonce annonçant une montée en puissance. Ils étaient déjà intervenus auprès des abattoirs en avril. Ils reviendront rapidement sans une évolution sur leurs revendications mais ils alertent aussi les autres interlocuteurs que sont l’État et la distribution. « Nous avons déjà demandé aux pouvoirs publics d’agir sur les charges et nous attendons leur réponse. Nous interviendrons si nécessaire auprès de la distribution pour obtenir une revalorisation de nos
prix », préviennent-ils.
Sylvain Daury