Viande bovine : agir sur la productivité de la main-d’œuvre
En vue d’augmenter la rémunération en viande bovine bio, développer la productivité de la main-d’œuvre constitue un levier efficace. Conclusion d’une étude menée conjointement par la Chambre d’agriculture et l’Institut de l’élevage.

Dans le cadre de la Journée portes ouvertes marquant le 20ème anniversaire de la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou, mardi 14 mai, une conférence a présenté les résultats d’une analyse économique relative aux niveaux de rémunération de la main-d’oeuvre en viande bovine bio. L’étude a été baptisée “Couprod”. D’ampleur nationale, elle a été conduite en partenariat par les Chambres d’agriculture et l’Institut de l’élevage (Idele). « Sur les campagnes 2015 à 2017, 230 bilans de coûts de production ont été réalisés, dont 123 pour les seules régions Pays-de-la-Loire et Normandie », annonce Mylène Berruyer, chef de projet bovins viande (BV) à l’Idele.
Les exploitations témoins affichent une SAU BV moyenne de 114 ha, avec 87 % de surface dédiée en herbe, 9 % de cultures autoconsommées et 4 % de cultures fourragères dédiées. Elles emploient 1,8 unité de main-d’œuvre (UMO), dont 1,5 consacrée à la seule production bovine. Du côté des races, Limousines (42 %) et Charolaises (30 %) sont majoritaires.
« Nous avons identifié six typologies d’élevages, poursuit Mylène Berruyer, en fonction des taux de finition et des catégories commerciales ». Se retrouvent dans l’échantillon les naisseurs-engraisseurs (NE) de bœufs/jeunes bovins (JB) ; les naisseurs ; les naisseurs femelles finies ; les NE veaux sous la mère ; les intermédiaires sans débouché dominant ; et les éleveurs en conversion.
La méthode est fondée sur l’évaluation de la “production brute de viande bovine” (PBVV), correspondant à l’opération “ventes – achats +/- variations d’inventaires”. Trois types de charges ont été retenus : charges courantes, amortissements et charges supplétives. Ces dernières englobent la rémunération des capitaux propres et du foncier, et la rémunération de la main-d’œuvre, « avec un objectif de 2 Smic/UMO », indique Christophe Grosbois, conseiller VB à la Chambre d’agriculture.
Résultat : sur l’ensemble des typologies étudiées, le coût du travail (UMO VB x 2 Smic bruts/PBVV) apparaît supérieur au produit de l’atelier, ce qui n’autorise un salaire qu’à hauteur de 1,5 Smic/UMO. Pour tendre vers les 2 Smic, les chefs d’entreprises ont la capacité d’agir à deux niveaux. Sans surprise, le 1er levier à actionner est celui de la réduction des coûts de production. Le 2nd, plus inattendu, consiste à développer la productivité de la main-d’œuvre, « par l’augmentation du nombre de vêlages et/ou l’accroissement des performances des bovins », indique Christophe Grosbois. Là réside le principal enseignement de Couprod, vérifiable aussi bien au plan national que régional.