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Élevage
Viande bovine : des perspectives pour un fleuron de l’agriculture régionale

Lors de la première journée Viande bovine de la Chambre d’agriculture organisée le 18 décembre à Chemillé, une table ronde a réuni les maillons de la filière.

Très dense, la journée a permis de faire le point et de dresser des perspectives sur l’avenir de la filière.
Très dense, la journée a permis de faire le point et de dresser des perspectives sur l’avenir de la filière.
© Anjou agricole

Àl’occasion de la journée à laquelle près de 200 agriculteurs ont participé, les acteurs régionaux de la filière étaient réunis autour d’une table ronde pour s’exprimer sur le thème : « La filière viande bovine en Pays de la Loire, avec qui et comment ? ». Jean-Paul Goutines, l’animateur, a proposé aux intervenants de débattre sur l’évolution de l’offre et la demande et les relations dans la filière.
Sur la demande, Guy Emeriau, responsable des achats pour Système U, constate un marché en légère déconsommation, marqué par une concurrence avec les viandes blanches. Il note le rôle de plus en plus fort de la grande distribution sur ce marché. Même constat pour Jean Chavel, directeur de Charal du groupe Bigard qui relève que les produits industriels baissent en consommation, certains créneaux de Restauration hors domicile (RHD) également, et que les produits faciles à consommer se développent.
Philippe Martineau président de
Terrena Viande (futur Élivia) souligne une augmentation de la demande en viande hachée, et de la demande en production locale. Il met en avant leur place de leader pour les signes de qualité. Ces signes sont trop nombreux pour le directeur de Charal. Pour lui deux marchent mieux, “Label Rouge” et le “Bio” dont la demande croît rapidement. Il évoque l’image de la viande relayée dans les médias et les mouvements “anti viande” en pensant qu’il faut en tenir compte. « Il faut valoriser l’image et améliorer la communication ».

Production : l’adapter à la demande
La région Pays de la Loire, selon Alain Denieulle, éleveur et président de la commission régionale viande bovine des Chambres d'agriculture, produit 230 000 tonnes et en consomme seulement 60 000. Le reste doit trouver un marché. Guy Mériau, éleveur et président de l’Urca (Union régionale des groupements), voit que la production à partir du troupeau laitier baisse, celle du troupeau viande se maintient, alors que la demande va dans le sens inverse avec le développement du marché du steak haché. Il va falloir s’adapter,
« pour le mâle c’est possible, mais il faut que la filière nous donne des indications », relève t-il. Pour lui le choix génétique doit correspondre aux besoins de la filière. Stéphane Jamin, commerçant en bestiaux et représentant de la fédération nationale, insiste sur l’importance pour le consommateur du prix de la portion alors que pour l’éleveur la carcasse lourde est mieux rémunérée. Pour Philippe Martineau le marché peut sanctionner, avec des poids à ne pas dépasser. Il lance une piste d’étude sur la mesure des capacités à transformer le fourrage pour arrêter la course au poids. Il relève également que l’importation de morceaux peut perturber l’équilibre et la valorisation de nos carcasses. Le représentant de Système U insiste sur la provenance de la viande, (la part d’importation ne pèse que
5 %) et sur la volonté du groupe de faire des économies d’échelle en étant mieux structuré.

Peu de contractualisation
Sur la contractualisation les deux organismes concernés ont évoqué leur implication sur le sujet. En place depuis dix ans chez Charal, la contractualisation concerne 15 000 animaux par an, dont un tiers en vaches de réforme. Pour les jeunes bovins, l’aide aux nouveaux investisseurs porte sur une marge garantie en fonction du coût de production. Le contrat à risque partagé a été arrêté. Le groupe Terrena a également une offre nouveaux investisseurs avec une marge et rémunération de la main-d’œuvre. L’engagement est sur dix ans. Les éleveurs autour de la table insistent pour que le maillon producteur ne soit pas oublié si on veut maintenir l’offre. La question du regroupement de l’offre  a été posée par la salle. Pour le représentant de l’Urca elle existe pour certaines catégories (vaches charolaises, en limousin...), elle pourrait se réaliser en taurillons.
En conclusion de la journée, le président de la Chambre d'agriculture de Maine-et-Loire Jean-François Cesbron a déploré le niveau de revenu des producteurs. Il a rappelé les atouts de la filière avec le savoir-faire, l’emploi, la contribution à l’environnement. Il a évoqué la nécessité de valoriser l’image de la viande à l’herbe et de continuer à travailler pour contribuer à l’amélioration des revenus.
Bertrand Galisson, Ca49

Alain Denieulle : Sécuriser la filière par des contrats

 

Qu’avez-vous retenu de la journée viande bovine ?
Alain Denieulle : L’exposé sur les perspectives de marché nous a donné des raisons d’être
optimistes : les clignotants vont vers le vert, nous allons vers une raréfaction de l’offre et l’on s’achemine vers des prix à la hausse. Cependant, les fluctuations risquent d’être importantes sur les produits agricoles. Celles du prix des céréales, notamment, sont et seront difficiles à supporter pour la filière. Il ne faudrait pas que la spéculation financière vienne sur le marché des produits agricoles.

Comment valoriser au mieux la viande bovine ?
Nous l’avons dit lors de la table ronde : il faut développer les produits de 4e gamme, des produits que les consommateurs aiment consommer sans trop cuisiner. Aujourd’hui, un huitième de la carcasse (le filet, l’entrecôte, le faux-filet) pèse une part trop importante de la valorisation globale.

Quelle organisation les producteurs souhaitent-ils pour la filière ?
Il est nécessaire de sécuriser  la filière grâce à des contrats qui lient le producteur à l’abatteur, afin de garantir l’approvisionnement. Nous avons tout, dans la région, pour réussir.
Or à ce jour, seule 2 à 3 % de la production est contractualisée. Si l’on arrive à contractualiser 30 %, nous aurons ainsi une
orientation sur le prix global. Ces contrats ne doivent pas être des contrats d’apport
uniquement, mais ils doivent comprendre une marge
sécurisée.

Quels avantages aura la filière à contractualiser ?
Cela régularise et homogénéise la production. L’éleveur qui contractualise sera plus
technique et proposera des produits de meilleure qualité. Cela empêchera aussi les producteurs de proposer à la vente des carcasses inadaptées aux attentes du marché.

Propos recueillis par S.H.

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