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Aviculture
Volaille : le leadership français en question

Le Cravi s’interroge sur l’avenir des filières et la place de la France dans la production européenne.

Evolution de la production de volailles (base 100 en 1991)
Evolution de la production de volailles (base 100 en 1991)
© AA

L’assemblée générale du Cravi*, le 4 avril,  avait pour thème “Quel avenir pour les filières avicoles ligériennes ?”. L’occasion de jeter un œil vers les concurrents européens. L’exemple de nos voisins peut, en partie, expliquer la situation morose de la production avicole dans l’Hexagone. La France, qui est toujours en tête en termes de production de volailles en Union européenne, pourrait bientôt perdre son trône au profit de l’Allemagne ou du Royaume-Uni qui, contrairement à la France continuent de connaître une période de légère croissance. Le solde français au sein de l’UE est en effet en chute croissante et même déficitaire depuis 2002 pour les ventes de poulets. Il pourrait également passer en négatif dès 2014 ou 2015 pour les dindes. Malgré tout, la consommation de poulet reste en légère augmentation sur la dernière décennie alors que la filière dindes (plus chères et moins appréciées) connaît une chute quasi continue.

D’un point de vue structurel, la France affiche de nombreuses lacunes. En moyenne, les ateliers poulets comptent 30 000 têtes (16 000 pour les poulets Label rouge et biologiques), alors qu’il n’est pas rare de compter des centaines de milliers de poulets dans les ateliers hollandais ou allemands.

Moderniser les ateliers

Pour Stéphane Sallé, directeur de Maître Coq qui a ouvert aux Essarts un bâtiment pouvant abattre 850 000 poulets par semaine, “la France doit s’adapter à ces tailles et augmenter sa productivité”, notamment mise à mal par une gamme de volaille très élevée. Le coût du poulet en France est, en effet, en moyenne supérieur de 7 % au poulet allemand. Gérard Guilbaud, de Gastronome partage ce point de vue : “il n’y a pas assez d’investissement et d’innovation pour arriver à atteindre les standards européens” Un fossé qui pourrait être en partie comblé par le Feader 2014-2020 (lire page 7) et l’annonce d’une centaine de millions d’euros dédiés à la modernisation de tous les bâtiments. Une modernisation que la productrice Nathalie Langereau a prise en compte en automatisant au maximum sa production et en externalisant (lavage, enlevage…). Pour elle, la défiance des ménages français vis-à-vis de la volaille vient principalement de l’image renvoyée de la profession par les médias (élevage en batterie, scandales sanitaires...).

Une qualité à valoriser

L’avenir pourrait alors au contraire se dessiner par la qualité du poulet français. “On a presque perdu la bataille du prix, constate Gérard Guilbaud. Aujourd’hui, il y a une demande en poulet bio qu’il faut exploiter.” Une origine et une qualité matérialisées notamment par le sigle Volaille française qui “rassure les consommateurs, qui peuvent encore faire le choix du made in France (légère baisse des importations en 2013)” pour Stéphane Sallé. En tous les cas, pour le président du Cravi, Jean-François Ramond, la filière se trouve à une période charnière : “il y a déjà 40 % d’importations et il va falloir charger pour rester leader européen. Car l’avenir se joue dans les cinq prochaines années”.

Benjamin Rullier
* Comité régional avicole.
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