Lait
Alain Cholet* : « Privilégions une vision à long terme »
« Les industriels laitiers veulent-ils vraiment faire aboutir une discussion collective et constructive sur le prix du lait ? »
Au moment où les services statistiques du ministère de l’Agriculture viennent confirmer la chute du revenu des éleveurs laitiers en 2009, les discussions nationales et régionales sur le prix du lait pour les prochains mois n’ont pu aboutir.
Les industriels ont campé sur une position radicale qui consiste à aligner chaque mois le prix français sur celui de nos collègues allemands. Au cours de ces discussions, consciente de l’importance de notre commerce extérieur, la FNPL n’a jamais voulu occulter l’importance d’une certaine cohérence avec le contexte européen.
Mais l’attitude des industriels se veut-elle constructive pour le moyen terme ou témoigne-t-elle seulement d’une volonté très conjoncturelle de grappiller quelques euros supplémentaires sur le dos de ses fournisseurs ?
En effet, faire un ajustement au mois le mois en fonction du prix allemand n’a aucun sens, compte-tenu de la saisonnalité du prix français. Aucun sens, si ce n’est de vouloir saisir l’opportunité malsaine de réduire la hausse liée à un marché où les clignotants sont tous au vert au moment où les prix français sont plus haut du fait des grilles de saisonnalité. Rappelons d’ailleurs que ce sont ces mêmes industriels qui ont souhaité réécrire ces grilles en début d’année. Soyons réalistes, les prix progressent partout en Europe, et c’est tant mieux car tous les producteurs européens ont fortement souffert l’année dernière. L’écart du prix moyen de 2010 entre la France et l’Allemagne devrait être très faible et pourrait même être en faveur de cette derniere.
Une vision à court terme conduit dans le mur et amène souvent les collèges des industriels à dénoncer des accords récents, ce qui a le don d’agacer les producteurs. Essayons donc d’avoir une vision à long terme tant sur le prix que les volumes.