Interview
Alain Denieulle* : “Un prix plus juste et par bassin de production”
Une réforme des cotations des gros bovins -entrée abattoir- est en chantier pour une application en 2012.
Vous participez au groupe qui travaille activement sur la refonte complète du système de cotations gros bovins. Pourquoi ?
Alain Denieulle : Depuis très longtemps, la FNB dénonce le fait que les cotations actuelles ne reflètent pas la réalité du marché : d’abord parce que le nombre d’animaux cotés à chaque commission est parfois très faible. Or, pour nous, la cotation n’est fiable que si elle repose sur un nombre d’animaux significatifs. La deuxième raison est que pour chaque catégorie, on mélange, si j’ose dire, les piques et les carreaux. Les animaux jeunes, les vieux, les lourds, les maigres, tout est coté ensemble. La conséquence est que la cotation ne reflète pas la valeur réelle des animaux du “cœur de gamme” et pour être plus clair, cela a tendance à dévaloriser ce type d’animaux.
Quels sont donc les changements importants à attendre de cette réforme ?
Nous allons d’abord regrouper les cotations par grand bassin. De 11 cotations régionales, il n’y en aura plus que 4. Par exemple, la cotation Ouest regroupera les régions Pays de la Loire, Bretagne, Normandie et une partie du Centre et de Poitou-Charentes. Cette zone représentera 60 % des animaux abattus en France. Dans chacune des régions, il y a la production et l’abattage et un nombre très significatif d’animaux. Chaque région sera spécialisée dans les races produites. Pour l’Ouest, bien sûr, sont cotées quasiment toutes les races. Deuxième gros changement : la cotation concernera les animaux cœur de gamme. Par exemple, en vaches, sont cotés les animaux de moins de 10 ans et de plus de 350 kg avec une cotation pour les races blonde, charolaise et limousine pour les conformations habituelles selon les races. Les autres races seront cotées en viande ; les races laitières en laitières ou mixtes. Les choses bougeront moins pour la cotation des bovins maigres.
Est-ce un projet uniquement de la FNB ?
C’est un projet qui a été porté par la FNB au départ. Mais il est aujourd’hui partagé par l’interprofession Interbev et repris par France Agrimer. D’ailleurs il est prévu dans la réforme que l’État soit le garant de la fiabilité de la remontée des informations d’abattage et de la conformité entre les cotations et les prix pratiqués. La réforme va être actée officiellement avant l’été et va se mettre en place concrètement au 1er janvier 2012. Il faut revoir tout le système informatique des cotations. Nous mettons beaucoup d’espoir dans cette réforme qui doit permettre de payer nos animaux plus justement.
Propos recueillis
par Jean-Paul Goutines-FRSEA
* Administrateur FNB.