Alimentation animale : la collecte statistique revue
Le service du ministère de l’Agriculture a décidé de refondre entièrement le système d’enquêtes auprès de l’industrie agroalimentaire.
On peut craindre que pour le secteur de l’alimentation animale, cette réforme peut mettre à mal une méthode à la fiabilité démontrée au cours de plus de trois décennies.
Au début des années 1980, les deux organisations professionnelles représentant l’industrie de l’alimentation, le SNIA pour l’industrie privée et le Syncopac (devenu depuis, Coop de France Nutrition animale) pour la coopération, s’étaient vu confier par les pouvoirs publics, le soin de mener les enquêtes statistiques, en particulier les chiffres de la production nationale d’aliments composés.
Un mandat non renouvelé
Ces statistiques sont, depuis, diffusées dans une note mensuelle commune aux deux syndicats, accompagnées d’analyses. Au cours de ces décennies, cette collecte de la statistique s’est affinée et permet de suivre, avec précision, l’activité des FAB, véritable reflet de la conjoncture de l’élevage et source de données également pour les productions végétales (les céréales notamment pour lesquelles le débouché aliment du bétail constitue le premier débouché intérieur). Or, ce mandat, renouvelable tous les cinq ans et dont l’actuelle période quinquennale se termine en 2019, ne serait pas renouvelé, le service statistique du ministère de l’Agriculture ayant annoncé sa volonté de refondre entièrement le système d’enquêtes statistiques auprès des entreprises du secteur agro-alimentaire. Ce souci de centralisation par les pouvoirs publics remet donc en cause, pour le secteur de l’alimentation animale, une méthode de collecte et de traitement de la statistique parfaitement rodée, dont l’efficacité, l’exhaustivité, la précision sont unanimement reconnues et qui risque de ne pas se retrouver dans le nouveau système. On craint entre autres, de voir, dans un objectif de simplification, l’interprétation des chiffres de fabrication limités aux seules grandes catégories d’élevage, bovins, porcs, volailles… alors que la précision des sous-classements actuels, aliments truies, porcelets, porcs engrais, pour ce qui est, par exemple du secteur porcin, permet d’anticiper l’évolution à moyen terme des élevages concernés.
Les syndicats ont entamé et poursuivent les échanges avec le ministère de l’Agriculture dans le but de préserver des statistiques de qualité. On pourrait, notamment, envisager la coexistence d’un nouveau système « officiel », qui va demander, pour devenir fiable, un certain temps de mise au point et de la méthode actuelle d’enquête dont se satisfont, à juste titre, les observateurs.