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Témoignages
Aux portes d’Angers, des agricultures diverses et dynamiques

On peut encore s’installer près des villes. À certaines conditions : l’accès au foncier, la volonté des acteurs locaux.

Nicolas Haezebrouck, 40 ans, maraîcher et Jean-Luc Thibault, producteur de fruits à La Membrolle. Le premier a pu s’installer grâce à une volonté de tous les acteurs locaux, profession agricole et collectivités.
Nicolas Haezebrouck, 40 ans, maraîcher et Jean-Luc Thibault, producteur de fruits à La Membrolle. Le premier a pu s’installer grâce à une volonté de tous les acteurs locaux, profession agricole et collectivités.
© AA

Trois installations en l’espace de trois ans. À Cantenay-Épinard, le Gaec des Frétillaires a connu ces dernières années un développement spectaculaire. Quatre jeunes associés y travaillent aujourd’hui. Trois frères, Frédéric, David et Matthieu, et  Christelle, épouse de Frédéric. Une exploitation multi-productions, avec 60 vaches laitières, 80 limousines, 200 chèvres alpines, un poulailler label  et 1 500 oies à rôtir, qui pâturent des cultures de céréales et maïs sur pied.  “Nous avons tous des familles, nous avons choisi la formule du Gaec pour partager le travail”, explique David Gelineau. Lundi 4 avril, il recevait sur son exploitation une réunion organisée par la Chambre d’agriculture sur l’agriculture péri-urbaine. Des témoignages d’agriculteurs, d’élus, d’OPA ont montré que “s’installer près des villes, c’est possible”, comme le soulignent Frédéric Vincent, président de Jeunes agriculteurs et François Beaupère, élu CA49 et président de la Commission agricole du Pays Loire Angers. Au sein de cette commission, un projet agricole péri-urbain est en préparation.

18 hectares en moins dans les deux ans à venir

La proximité des villes ouvre de nouvelles portes aux agriculteurs, comme la possibilité de développer de la vente directe. Au Gaec des Frétillaires, David Gélineau vend de la viande à la ferme  et a intégré une Amap. Mais, malgré cette diversification et  une assise foncière à première vue importante - 285 hectares-, les éleveurs sont inquiets. Sur cette surface, 120 hectares sont des prairies inondables des  Basses vallées. “Les terres « hautes » sont cruciales pour l’autonomie alimentaire de nos animaux”, explique l’éleveur.  Or, dans les deux ans à venir, le Gaec va  perdre 18 hectares (14 vont être plantés en forêt par le propriétaire des terres). Le projet de Christelle de faire pâturer les chèvres est remis en cause.

Privilégier l’approche économique

Autre expérience, celle de Nicolas Haezebrouck, 40 ans, maraîcher à La Membrolle-sur-Longuenée. Après 18 mois de rechercPublication he de terres, il a pu créer son activité en 2008, en fermage, sur une surface de quatre hectares appartenant à Jean-Luc Thibault, producteur de fruits. Celui-ci recherchait justement un maraîcher pour créer une Amap. “L’aspect foncier est déterminant”, assure Nicolas Haezebrouck. Le réseau et le soutien local le sont tout autant. C’est aussi la conviction du maire Jean-Louis Gascoin : “Nous privilégions une approche économique de l’agriculture, avant les approches patrimoniale et de loisirs”.
À Bouchemaine, on retrouve une même volonté politique de soutenir l’activité agricole face à une pression foncière très importante. La commune a fait jouer le droit de préemption pour soutenir un projet agricole.  Autour des villes comme ailleurs, en matière d’installation et de transmission, la réussite est rarement le fait du hasard.

S.H.

Pays Loire Angers

L’agriculture péri-urbaine, quelles particularités ?

Un exploitant sur dix. Un agriculteur sur dix de Maine-et-Loire vit dans le Pays Loire Angers. Ce territoire, ce sont 66 communes (Communauté d’agglomération d’Angers, communautés de communes du Loir, Vallée Loire-Authion et Loire-Aubance). Un Scot (Schéma de cohérence territoriale) y est en cours d’élaboration.
Moins d’installations. Depuis deux ans, la baisse du nombre des installations est plus importante sur le Pays Loire Angers (PLA) que sur le reste du département. Mais avec l’arrivée de nouveaux projets sur des petites surfaces, avec des formes d’agricultures plus intensives, la tendance pourrait bien s’inverser.
Vente directe et bio. Sur le PLA, 22 % de la production est écoulée en vente directe et 13 % des surfaces sont cultivées en AB.
Des terres à partager. Dans l’agglomération angevine, les terres agricoles achetées partent pour 20 % à l’artificialisation, pour 25 % à des usages non professionnels (loisir et résidence) et 55 % restent dans le giron agricole. “Le contexte foncier est très concurrentiel, à la fois par rapport à l’artificialisation et aussi entre exploitants agricoles”, souligne Bertille Thareau, sociologue à l’Esa d’Angers. Certains agriculteurs choisissent de s’agrandir par crainte de futures pertes de surfaces, accentuant ainsi la concurrence.
L’enjeu des sièges. Autour d’Angers, l’essentiel des sièges d’exploitation est vendu pour un usage non agricole. « Quand on développe la vente directe, difficile d’habiter à 2 km du site de production”, remarque François Beaupère.

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