Bâtir une nouvelle vie autour de son élevage caprin
Au May sur Evre, Mélanie Canivet et Aurélien Rivet sont éleveurs caprins bio depuis le 1er août 2021. A la chèvrerie Beauregard, ils produisent des fromages bio vendus en direct.
Au May sur Evre, Mélanie Canivet et Aurélien Rivet sont éleveurs caprins bio depuis le 1er août 2021. A la chèvrerie Beauregard, ils produisent des fromages bio vendus en direct.
L'amour du fromage. C'est ce qui a poussé Mélanie Canivet et Aurélien Rivet à s'intéresser au métier d'éleveur. L’idée a émergé en 2018. « On avait envie de travailler ensemble, de fabriquer nos propres fromages », explique Mélanie Canivet. Au départ, ils s’interrogent sur le métier de fromager... « Mais on voulait aussi maîtriser le produit de A à Z », complète Aurélien Rivet. Conduire un élevage caprin leur semble, alors, le projet idéal pour leur nouvelle vie.
Avant de créer la chèvrerie Beauregard, le jeune couple décide de voyager. A l’époque, ils vivent déjà au May sur Evre. Lui travaille dans le commerce, elle est aide-soignante. En 2019, ils plaquent tout. « On a vendu notre maison et on est parti en Asie en sac à dos avec nos 2 enfants. » Sur place, ils font du woofing dans des élevages et fromageries de chèvres. « Cette période nous a permis de découvrir différents modèles : on a vu des élevages de 400, 70, 40 chèvres. On a même fait la traite à la main ! », sourit Aurélien Rivet. « Comme nous étions avec nos enfants, cela a aussi permis de voir si ce projet de vie à la ferme leur plairait », complète Mélanie Canivet. Le voyage écourté par le Covid, le couple retourne au May sur Evre et repère rapidement sa future ferme. « C’était une exploitation en bovins allaitants avec 52 ha. » Située près du centre de la commune, elle correspond à leurs critères.
Mener formation et installation de front
Le couple entame ensuite une formation de technicien agricole au CFP de Jallais pour s’installer avec la dotation Jeune agriculteur. « En parallèle, nous avons monté tout notre projet d’installation », explique le couple. A peine le diplôme en poche, en juillet, les 2 jeunes agriculteurs s’installent : au 1er août. Aurélien Rivet s’occupe principalement du troupeau et Mélanie Canivet, elle, est en charge de la transformation.
« Le 16 août, nous avions nos 100 premières chèvres. » Toutes viennent d’un autre élevage du coin. Pour accueillir le troupeau, les éleveurs ont réaménagé entièrement le bâtiment de vaches allaitantes. D’une surface de 1 500 m2, tout a été centralisé à l’intérieur. Au centre, une longue aire paillée peut être séparée pour créer différents lots de chèvres. D’un côté, un couloir d’alimentation. De l’autre, le quai de traite et dans la continuité le labo de transformation. « Cette disposition permet de limiter les manipulations et les problèmes sanitaires. »
Aujourd’hui, l’élevage compte 130 chèvres. La 1ère lactation a débuté en fin janvier. En moyenne, les primipares ont produit entre 600 et 700 litres de lait. Sur la production annuelle, le couple a prévu d’en transformer 30 000 l. Mélanie Canivet consacre 3 jours de sa semaine à la transformation. Fromages et yaourts sont vendus principalement à la ferme et dans différents commerces locaux dont le magasin La Ferme de Chez nous, de St Macaire, où ils sont associés. « On vend aussi à quelques restaurateurs et à des boulangeries. On essaye de diversifier les points de vente pour ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier », explique la jeune femme. Le reste du lait est livré à la laiterie bio Lémance.
Privilégier le pâturage
Côté alimentation, les agriculteurs prônent l’autonomie alimentaire et la ration sèche. « Nous privilégions le pâturage au maximum. Cette année, avec la sécheresse, nous avons dû arrêter le 10 juillet. On a dû entamer notre stock de foin d’hiver. » Les chèvres commencent à y retourner depuis peu. Sur les 52 ha, ils produisent plus de 35 ha de prairie multi-espèces dont une partie de luzerne, des méteils, du maïs et du tournesol. Cet épisode de sécheresse les pousse à changer de stratégie pour l’année prochaine. « Nous n’avons pas d’irrigation... On pense arrêter le maïs grain pour l’acheter à un voisin qui irrigue. » Les surfaces serviront à l’implantation de méteils moins gourmands en eau.
Les éleveurs ont encore des projets en tête. « Nous aimerions agrandir le troupeau pour atteindre 180 chèvres en 2024. Nous avons la surface suffisante pour les nourrir.» Augmenter le volume de lait vendu à la laiterie leur permettrait d’employer un salarié à temps plein « et de se libérer un peu plus de temps libre... »