Canards : le sexage dans l'oeuf dès 2021
L'entreprise angevine Grimaud Frères Sélection va pouvoir proposer aux éleveurs le sexage in ovo pour les canards mulards (foie gras et magret) et de barbarie (pour le filet) d'ici 2021.
L'entreprise angevine Grimaud Frères Sélection va pouvoir proposer aux éleveurs le sexage in ovo pour les canards mulards (foie gras et magret) et de barbarie (pour le filet) d'ici 2021.
Il n'y a pas que la filière poules pondeuses qui cherche des solutions pour éviter l'élimination de volailles à la naissance... Les filières canard aussi. « Seuls les mâles mulards sont élevés en France et seules 50 % des femelles en barbarie », explique Yann Le Pottier, directeur général de Grimaud Frères Sélection. Outre la recherche de débouchés sur de nouveaux marchés, l'entreprise Grimaud Frères Sélection avait à coeur de pouvoir sélectionner les futurs mâles avant éclosion. « Nous sommes très attachés au bien-être animal », souligne le DG. C'est pour cette raison que la filiale de Grimaud frères a travaillé pendant 5 ans pour éviter la destruction des canetons femelles à leur naissance. Bientôt, ce sera chose faite. Fin mai, son concurrent Orvia annonçait l'installation en septembre de son prototype de son processus Soc, "Sexage dans l'oeuf de canard" sur les canetons mulards uniquement. Début juin, c'est l'entreprise sélectionneur - accouveur du Maine-et-Loire qui a dévoilé son nouveau process de sexage in ovo. « Grâce à notre innovation LunixTM, nous pouvons déterminer le sexe du futur caneton mulard et barbarie à partir du 9e jour d'incubation », explique Yann Le Pottier, aussi soucieux des attentes sociétales. Sachant que la période d'incubation d'un canard de barbarie est de 35 jours et celle d'un canard mulard de 31 jours.
Intelligence artificielle
Cette innovation va permettre d'épargner plus de 30 millions de canetons femelles par an. Comment ? Grâce à une technique de spectrométrie associée à un dispositif d'intelligence artificielle automatique, le nouvel outil pourra reconnaître via une caméra le sexe du caneton dans l'oeuf en analysant la couleur des yeux de l'embryon : claire pour les femelles, foncée pour les mâles. Le taux de fiabilité est d'au moins 95 %.
Ce nouveau procédé est non intrusif. « C'est un avantage parce qu'elle n'engendrera pas de mortalité embryonnaire. » Le gène lié au chromosome sexuel est un travail de sélection qui date d'une dizaine d'années pour les mulards. « Ce gène nous sert pour reconnaître le sexe du caneton à 1 jour », précise Yann Le Pottier. Grimaud Frères Sélection a développé le même gêne plus récemment sur une souche barbarie. L'innovation LunixTM devrait être opérationnelle début 2021.
« Nous devançons la réglementation à venir puisqu'on entend parler de projet de loi interdisant la destruction de volailles à la naissance d'ici 2022 », note Yann Le Pottier. Pour l'entreprise, la fin de l'élimination des canetons femelles permettra une baisse de frais (moins de frais d'équarissage). « Mais, de manière globale, la mise en place du nouveau process entraînera un coût opérationnel plus élevé. » Ce procédé pourra être proposé à tous les clients à partir du couvoir des Mauges et engendrera un coût supplémentaire. « Cette technique est tout de même 10 à 20 fois moins chère que celle développée pour les poules pondeuses. »