Dossier
DE BONNES PERSPECTIVES POUR LA FILIÈRE
Interview d’Alain Denieulle, président du comité de pilotage recherche viande bovine.
On parle d'une meilleure conjoncture en viande bovine ?
Est- elle vraiment meilleure ?
Alain Denieulle : sombrer dans le pessimisme ne sert à rien. Il faut être optimiste, mais réaliste. Il y a, effectivement de bonnes perspectives, même si ce n'est pas l'euphorie. Car si les prix se sont améliorés, les charges ont augmenté. Il reste donc à faire.
À quels niveaux ?
La technique, bien sûr. Cela passe par la génétique, l'autonomie fourragère, et les coûts de production. Mais également l'économie. C'est là que la filière doit mieux s'organiser.
Je crains que, dans le cas contraire, on voie disparaître la filière bovine alors que la région des Pays de la Loire constitue la première région de production. Or, on voit le cheptel s'étoiler, les sorties boucheries diminuer. Il suffit de regarder les chiffres : on a décapitalisé le cheptel, l'engraissement baisse. Il est donc grand temps de relancer la mécanique car les perspectives sont bonnes. Tous les clignotants sont au vert.
Comment relancer ? Et avec qui ?
Il faut un vrai dialogue et une prise de conscience dans la filière. Trop souvent encore, c'est l'éleveur, le premier maillon, qui fait les frais. Or, sans éleveur, plus de filière. Pour relancer la production, il faut de la technique, des moyens de production et de financement. J'ai pour ambition que la production bovine, comme les autres, soit source de revenu.
La relance de l'élevage ne passe t elle pas aussi par un soutien des pouvoirs publics et des banques ?
Après les années de crise, la production bovine est à même de se relever pourvu qu'on lui donne des signes forts, comme avec le PMBE (Plan de modernisation des bâtiments d’élevage). Ou relever le plafond d'aide à l'investissement car il faut désormais des ateliers spécialisés.
Et du côté de la distribution ?
La grande distribution a encore des difficultés à comprendre que sans éleveur elle n'aura pas de marchandise à mettre dans ses rayons. La grande distibution n'est pas prête non plus à la contractualisation.
La réforme de la Pac, une menace ou une opportunité ?
La réforme sera sans doute un virage, sans soute une opportunité pour s'adapter et revenir à un prix plus adéquat par rapport aux coûts de production. Ce ne ne sont pas les aides qui doivent faire le revenu, même si elles y contribuent. Pas plus que les aides doivent déterminer la politique de production.
Quid de l'installation des jeunes ?
La filière va connaître un renouvellement important. Cela passera par des restructuration et peut-être de nouvelles formules à étudier car il paraît de plus en plus difficile de s'installer individuellement. C'est peut-être là un des défis les plus importants que la filière va avoir à relever.
Propos recueillis par M. L.-R.
À découvrir dans le dossier spécial "Bovins" les thèmes suivants :
La variété des comportements, une opportunité pour la filière viande
Étude> Lors de la convention annuelle d’Interbev le 20 juin, le comportement démultiplié des consommateurs a été passé au peigne fin. Au-delà du simple constat, cette dispersion représente une opportunité pour la filière viande.
L’offre en bovins devrait rester faible
Commercialisation> Les effectifs de femelles viande se retrouvent au niveau de 2007 dans la région des Pays de la Loire.
Viande bovine : Des coûts et des écarts
Rentabilité> Augmentation des prix des animaux finis, et la hausse des prix des intrants.
CONNAISSANCES DE COÛTS DE PRODUCTION
Méthode > La connaissance du coût de production est une étape intéressante pour optimiser la rentabilité d’un élevage.
Du sol à l’animal en agriculture biologique
Bio > Des recherches ont été conduites sur des lots d’animaux et des petites parcelles.
Identifier les charges pour mieux les maitriser
Témoignage > Pierre-Marie Caillaud, éleveur de charolaise à Passavant-sur-Layon suit, depuis deux ans, une formation “coût de production”. Il explique ses motivations et l’intérêt du travail de groupe.