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Porc
Des évolutions du marché du porc très attendues

Ce mardi, les éleveurs de porcs de la région se sont réunis à Angers pour écouter, entre autres, Jean-Michel Serres, président de la Fédération nationale porcine.

De gauche à droite, Bernard Esnault, chef de service productions et filières à la FNSEA, Jean-Michel Serres, président de la FNP, Gérard Bourcier, président de la section porcine FRSEA et Jacques Lemaître, président du Comité régional porcin.
De gauche à droite, Bernard Esnault, chef de service productions et filières à la FNSEA, Jean-Michel Serres, président de la FNP, Gérard Bourcier, président de la section porcine FRSEA et Jacques Lemaître, président du Comité régional porcin.
© AA

Beaucoup de sujets préoccupent les éleveurs de porcs : la conjoncture, la référence de prix et le Marché du porc breton (MPB), la marque VPF (viande de porc française), le dossier environnement…
Sur le plan de crise, Jean-Michel Serres fait un appel : il souhaite que soient remontées les difficultés recontrées dans la mise en place de ce plan. Une rencontre était programmée à cet effet le mercredi 24 février avec
Pascal Vinet, directeur de cabinet du ministère de l’Agriculture pour signaler aux pouvoirs publics le peu
d’efficacité de ce plan à destination des producteurs de porcs.

Reprendre en main le MPB
Un vrai débat s’est engagé sur la référence de prix. Les FRSEA Bretagne, Pays de la Loire et Normandie se sont rencontrées la semaine dernière. Les trois régions sont d’accord pour le maintien d’une référence de prix.  Dans le cas contraire, le risque est que chaque entreprise ait une grille de prix différente, comme cela se passe en Allemagne. Sur le marché, les choses sont plus compliquées. Selon Jean-Michel Serres, « il faut augmenter de façon sensible le nombre de porcs au marché au cadran. Aujourd’hui, les porcs préalablement affectés ne permettent plus un acte de commerce et le prix établi sur l’offre et la demande. Un écart de prix s’accentue avec l’Allemagne. La France doit récupérer près de 10 centimes par kg de carcasse. Les éleveurs doivent reprendre en main les fonctions premières du MPB, c’est-à-dire confronter l’offre et la demande pour établir un prix de marché. À la place d’apporter 40 000 cochons par semaine, il faudrait apporter 100 000 cochons standards sur le MPB ». Pour les Pays de la Loire, des discussions vont s’engager sur un prix tenant compte du coût de production chez les éleveurs et de l’évolution du prix au consommateur et du marché. 

VPF : un logo relooké
Concernant la marque VPF, une conférence de presse a eu lieu cette semaine avec la FNP, Coop de France, le secteur abattage et la grande distribution pour annoncer un VPF relooké. Affichant la volonté de sensibiliser les consommateurs d’acheter de la viande de porc française, seule garantie de leur exigence. En effet, le logo VPF a été créé suite aux crises sanitaires de la fin des années 90 donnant un peu de valeur ajoutée aux éleveurs. VPF fonctionne bien sur la viande fraîche. Il en va de même pour la charcuterie. En France, 70 % de la production est transformée. Il reste donc à convaincre les marques nationales. « Nous souhaitons vivement que les salaisonniers rejoignent le mouvement », a déclaré Jérôme Bédier, président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution.
Jean-Michel Serres conclut qu’il souhaite que « les éleveurs se mobilisent fortement sur la volonté d’apporter des porcs, via leur groupement, toutes les semaines au MPB ». Il demande aux régions d’interpeller les préfets et les élus sur l’aspect réglementaire des installations classées. Enfin, il sollicite les régions sur la marque VPF pour la décliner sur le terrain et faire une conférence de presse dans les régions pour promouvoir cette marque.

Sophie Beauquin

Filière

Les producteurs de porcs intensifient leurs regroupements

Le 5 février, la fusion de trois coopératives bretonnes  a eu lieu, donnant naissance à Aveltis. Une tendance au regroupement des groupements de producteurs de porcs en France qui s’intensifie récemment. « Aveltis représente 3,1 millions de porcs charcutiers, 900 adhérents de l’Ouest, 650 naisseurs engraisseurs, 140 000 truies en production, 400 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, 25 millions de capitaux propres et 40 % de nos porcs sont vendus au MPB », explique Philippe Gabory, président du directoire du groupement de producteurs de porcs Poraven (Porc Bretagne Ouest). Comme pour Aveltis, de plus en plus de fusions de groupements de producteurs ont lieu au sein de la filière. « Un protocole de fusion a été signé entre les trois coopératives : Porc Bretagne Ouest, Pigalys, et Léon Tréguier incluant un rapprochement, en section autonome, du groupement porc de Terrena, explique Philippe Gabory. La fusion sera proposée en assemblée générale extraordinaire en juin. Et elle aura lieu en septembre. C’est la première fois, en France, en production porcine que trois coopératives se regroupent. » Cette intensification des regroupements, Michel Rieu de l’Ifip (Institut du porc) la constate depuis ces trois dernières années.
« De nouveaux groupements de producteurs se constituent : la fusion Prestor avec le groupement de porc de la Cecab en 2008, Cooperl Arc Atlantique (Cooperl et Arca) en 2009, et tout récemment, l’annonce de naissance prochaine d’Aveltis. »
Les regroupements de groupements de producteurs ne sont pas inédits. En revanche c’est leur rythme qui est nouveau. « Cette accélération répond à la stagnation, depuis dix ans, de la production porcine française et des abattages, dont la première raison est la mise en œuvre de la réglementation environnementale, explique Michel Rieu. Celle-ci impose en effet des contraintes plus fortes que les règles européennes. En France, tous les projets d’élevage de porcs dépassant 50 truies naisseurs-engraisseurs doivent faire l’objet d’une “autorisation” de l’administration au titre des “installations classées”, alors que la directive européenne prévoit un seuil 5 fois plus grand. Le projet est soumis à une enquête publique auprès des citoyens. Beaucoup de projets n’aboutissent pas. » Les regroupements sont aussi « une réponse des  entreprises à l’absence de croissance », selon les mots de Michel Rieu. Ils visent à réaliser des économies d’échelle et à améliorer le rapport de force avec la distribution.« On constate l’apparition et le développement de multinationales dans le secteur, explique le spécialiste de l’Ifip. Les deux leaders européens, le Danois Danish Crown et le Néerlandais Vion abattent, découpent et préparent 20 millions de porcs par an. La constitution des groupes Cooperl Arc Atlantique et Bigard-Socopa, avec chacun 5 millions de porcs, les porte à la 5e place européenne. Toutefois, sensiblement plus petits que leurs grands concurrents, les leaders français sont aussi plus éloignés du marché européen qui s’est déplacé vers l’est avec les derniers élargissements de l’UE. »

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