Sécheresse
Des fourrages alternatifs économes en eau testés sur vaches laitières
Les mélanges céréales-protéagineux immatures,
le sorgho et la luzerne sont cultivés aux Trinottières.
Lors des portes ouvertes des 8 et 9 juin, un atelier sera consacré aux fourrages alternatifs au maïs ensilage. Les agriculteurs pourront y puiser des idées pour diversifier leur assolement, pour la campagne 2012. Depuis quelques années, la ferme expérimentale, située sur des terres sableuses à Montreuil-sur-Loir, teste les mélanges de céréales et protéagineux immatures, le sorgho, et la luzerne. Elle évalue leur valorisation par les vaches laitières et les génisses.
Sécuriser le système fourrager
“Dans un contexte de terres séchantes et de restriction d’irrigation, l’idée est de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Il est en effet possible de diversifier l’assolement afin de redonner une certaine sécurité au système fourrager”, explique Jean-Michel Lamy, responsable de la ferme expérimentale. “Nous obtenons de très bonnes performances zootechniques, quoique un peu inférieures à une ration 100 % maïs ensilage, mais nous restons à des niveaux de production élevés, souligne-t-il. Il s’agit avant tout de trouver un compromis entre un contexte pédo-climatique et les performances zootechniques.”
Les mélanges céréales-protéagineux immatures, implantés en automne et récoltés vers le 10 juin, permettent d’esquiver la période estivale et de garantir un rendement intéressant.
Trois fois moins de tours d’eau
Le sorgho, implanté aux Trinos depuis quelques années, occupe 15 hectares. Grâce à son système racinaire très développé, il valorise mieux l’eau. Pour un rendement similaire, il n’est arrosé que deux à trois fois l’été, contre 6 à 8 fois pour le maïs. Quant à la luzerne, elle est testée sous différentes formes, ensilage, foin, enrubannage. En situation sèche, elle produit davantage que les graminées ou le maïs. Riche en protéines, moins en énergie, elle peut être associée à des céréales dans les rations.
Ces différentes cultures sont encore peu développées par les agriculteurs de la région. “Par manque de maîtrise technique, explique Jean-Michel Lamy. C’est le cas du sorgho, pour lequel il faut de fortes températures pour réussir l’implantation, et pour lequel les problèmes de verse compliquent la récolte”. Il faut aussi que les sols soient adaptés, et enfin, la charge de travail supplémentaire peut rebuter certains agriculteurs. Il faut entre trois et cinq coupes de luzerne pour obtenir le même rendement qu’un maïs.
Plus largement, sur l’atelier, les techniciens répondront aussi aux questions des visiteurs sur les fourrages alternatifs de type moha ou millet perlé, qui peuvent être implantés en intercultures. Les solutions comme l’introduction de paille dans la ration des génisses seront aussi abordées, ainsi que l’utilisation de co-produits.
“Des freins existent à l’introduction de ces cultures alternatives. Mais il faut bien prendre conscience que les années sèches se succèdent et que la monoculture a fait son temps”, souligne le responsable de la ferme expérimentale. Les portes ouvertes seront l’occasion de lever ces appréhensions.
S.H.