Cravi
Directive bien-être du poulet de chair : encore des imprécisions
Des points de la directive, à préciser, ont été abordés le 24 septembre.
La directive européenne du bien-être du poulet de chair a été transposée en droit français le 28 juin 2010. Si cet arrêté reprend en l’état les différents points de la directive européenne, quelques détails restent à préciser avec l’administration quand à leur mise en œuvre concrète. Ces points ont été développés à l’occasion de la réunion du Comité régional avicole (Cravi) du 24 septembre dernier. Ce nouveau texte concerne tous les élevages de poulets de chair à l’exception des élevages de poulets en agriculture biologique, les poulets de chair élevés en plein-air, les élevages de moins de 500 poulets, les élevages de poulets reproducteurs et les couvoirs.
En fonction des densités pratiquées dans l’élevage, ce texte fixe des normes spécifiques concernant principalement l’éclairage, les conditions d’ambiance mais aussi le niveau de mortalité. Le seuil de référence est désormais de 33 kg/m². Avec une demande de dérogation, il est possible d’aller à 39 kg/m² voire 42 kg/m², ce qui est le maximum.
L’aviculteur qui souhaite augmenter sa densité d’élevage au-delà des 33 kg/m² devra également appliquer des mesures spécifiques supplémentaires (normes d’ambiance chiffrées, calcul du taux de mortalité journalier, inspection post mortem à l’abattoir…).
Des obligations de base
Quelle que soit la densité de l’élevage, les aviculteurs concernés par la directive devront respecter une dizaine de prescriptions. La majorité reprenant des opérations déjà effectuées par les éleveurs et concernant l’abreuvement, la litière, la ventilation, le chauffage.
La nouveauté réside dans le fait que l’éleveur doit justifier de ses compétences pour élever des poulets de chair. Pour les éleveurs qui élèvent du poulet de chair depuis plus d’un an au 28 juin 2010, une demande de reconnaissance de formation au bien-être devra être adressée à la préfecture. Les modalités de demande sont aussi en cours de finalisation avec l’administration, étant envisagé que les demandes soient regroupées via les organisations de production.
Pour les jeunes installés depuis moins d’un an au 28 juin 2010, une formation de sept jours financée par Vivéa devra être réalisée dans un centre de formation agréé à moins qu’ils aient suivi une formation diplômante comprenant un module relatif au bien-être des poulets de chair
Concernant la luminosité, la directive exige un éclairage de 20 lux minimum sur 80 % de la surface du poulailler avec au moins 6 heures d’obscurité par 24 h à partir du 7e jour d’élevage et jusqu’aux trois derniers jours avant abattage. « Quels seront les moyens mis à la disposition des éleveurs pour mesurer les 20 lux ?», interroge Jean-François Ramond, président du Cravi. « De même, les éleveurs pourront-ils agir sans intervention du vétérinaire en cas de problèmes particuliers comme la mortalité précoce, le cannibalisme ou le picage ? ». Dans ces cas précis, la profession a obtenu la possibilité que l’éleveur intervienne immédiatement sur la luminosité, en prévenant par téléphone son vétérinaire mais sans en attendre la visite.
Pour ce qui est de vérifier les 20 lux, il est demandé aux organisations de production de s’équiper d’appareil de mesure.
Reste en suspens l’application de cette obligation dans les bâtiments Louisiane et les bâtiments ouverts. Une prochaine réunion avec la DGAL doit avoir lieu pour avancer sur les points encore en négociation.
Céline JOLY
Isabelle Leballeur, co-responsable du dossier pour la CFA
« Pas de quoi s’alarmer »
L’enquête avicole des Chambres d’agriculture a mis en évidence que plus de 94 % des lots (1 seul enlèvement) ont une densité supérieure à 33 kg/m2 et que plus de la moitié (55 %) ont une densité supérieure à 39 kg.
« Ces chiffres ne doivent pas alarmer les éleveurs. Depuis le début des négociations sur cette directive, nous savions que les densités françaises étaient supérieures à celles proposées dans la directive. Ce fut un combat de longue haleine mais nous sommes arrivés à obtenir 2 paliers de dérogation à 39 et 42 kg/m² afin de limiter la perte de revenu des élevages. En contre partie, des mesures spécifiques devront être appliquées. Certaines sont encore en négociation mais nous faisons notre maximum au niveau de la Confédération française de l’aviculture (CFA) pour que ces mesures soient applicables sur le terrain sans être trop contraignantes », explique Isabelle Leballeur, co-responsable du dossier pour la CFA.