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Influenza aviaire
En canard, lent retour à la normale

Au 8 août, tous les éleveurs de palmidèdes de Maine-et-Loire seront désormais autorisés à repeupler leur élevages. Mais les canetons ne sont pas près d’être disponibles en nombre suffisant.

C’est à partir de « décembre 2022 » que Grimaud prévoit de « donner un signe fort aux clients », puis surtout au premier trimestre 2023.
© AA

Important opérateur de l’amont de la filière, Grimaud Frères fournit 1/3 des canards mulards et 42 % des canards de barbarie élevés en France. La crise de l’influenza aviaire est un véritable « cataclysme », ne cache pas Christian Lalanne, directeur commercial de la société. Si les sites de grands parentaux ont été relativement préservés, et la génétique « sécurisée et préservée », les cheptels en ponte, pourtant répartis sur une dizaine de départements, sont décimés, avec des pertes à hauteur de 85 % pour la production de mulards (pour le foie gras), de 75 % pour le barbarie et 75 % pour le pékin (pour le canard de chair). Sur 9 couvoirs, 7 sont à l’arrêt. Un couvoir mulard dans le Maine-et-Loire et un couvoir barbarie en Mayenne tournent à un quart de leurs capacités.
Quelle a été la stratégie de Grimaud et comment envisage-t-il le repeuplement ? « Lorsqu’on a eu des cheptels atteints, nous avons mis en place des cheptels de futurs reproducteurs sur des zones indemnes, indique Christian Lalanne. Principalement dans le Centre et le Sud-Ouest. Ce choix devrait nous permettre, si le virus ne réapparaît pas cet hiver, de repeupler plus vite que si l’on avait pas été réactifs, et à la filière de retrouver des volumes en 2023. »
Rappelons qu’avant de pouvoir livrer des canetons, il faut un délai de 7 mois, les femelles arrivant à 6 mois dans les élevages repro et commençant à pondre à 7 mois : « Si nous n’avions pas mis en élevage de futurs reproducteurs en zones indemnes, les délais de livraison auraient été reportés jusqu’au 3ème trimestre 2023 ».


Volumes significatifs au 1er trimestre 2023
Concrètement, si certains clients éleveurs commencent déjà à être livrés, c’est à partir de « décembre 2022 » que Grimaud prévoit de « donner un signe fort aux clients, puis  surtout au premier trimestre 2023, où l’on sera sur des volumes significatifs pour réamorcer les productions sur le territoire », annonce Christian Lalanne. Le groupe livre en temps normal 200 000 mâles mulards par semaine et 180 000 à 200 000 mâles barbarie. Les éleveurs devront donc patienter. L’accouveur priorise ses livraisons en fonction « des accords commerciaux, de la logistique, sans privilégier forcément les plus gros élevages », souligne-t-il. Bien conscient que cette situation est « source de tensions », Christian Lalanne appelle à ce que « les pouvoirs publics apportent une aide pour passer la crise ».


Dé-densification pour une meilleure résilience
A l’avenir, quelle stratégie pour mieux se préserver d’une telle crise ? Le sélectionneur accouveur met beaucoup d’espoir dans la vaccination, indissociable de la biosécurité pour délimiter les crises. Une “dé-densification” en élevage de palmipèdes est aussi encouragée par l’état et l’interprofession. « Au sein du syndicat national des accouveurs, nous cherchons à lever des fonds pour basculer les centres de grands parentaux vers des zones plus protégées. Cela prendra du temps, mais ça fait partie de notre plan de résilience. On doit produire différemment et sécuriser les filières », conclut Christian Lalanne.
S.H.

Chez les éleveurs, une longue attente

« Je devrais recevoir mon lot d’animaux en début octobre, explique un éleveur angevin de canes reproductrices barbarie. Mon cheptel va être reconstitué à partir d’animaux nés dans le Sud Ouest.» Il attend 3 500 canes et 1 000 canards dans son bâtiment de 1 200 m2, vide depuis fin mars. Touché par la grippe aviaire, il espère donc pouvoir revenir à une activité normale prochainement, mais reste très marqué moralement et n’a pas encore touché d’indemnisation, ni sanitaires ni économiques. Il redoute une réapparition du virus : « si on a une 2ème crise, j’abandonne ! On ne peut pas vivre tout le temps à mi-temps ». Il indique que beaucoup de ses collègues éleveurs ont dû aller travailler à l’extérieur de l’exploitation depuis quelques mois. Eleveur de canards de chair et pintades, Jean-Yves Lenoir n’a lui, pas été touché directement par l’influenza aviaire sur son élevage. Il a remis en place un lot de pintades ce 4 août et doit recevoir un lot de 10 500 canetons le 15 septembre, mâles et femelles confondus : « avant, on recevait 70 % de mâles et 30 % de femelles. Aujourd’hui, toutes les femelles vont être élevées, ce qui va permettre de redémarrer moins lentement », note l’éleveur. Mais l’attente aura été longue, avec aucune indemnisation perçue à ce jour : « mon bâtiment canard est vide depuis la mi-février. C’est vraiment un choc, j’élève du canard depuis 1986 et je n’ai jamais vécu cela. Un éleveur déteste avoir un poulailler vide. Enfin la vie va pouvoir reprendre. Mais je suis inquiet pour les jeunes qui ont investi dans cette production ».

 

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