Fertilisants
Engrais : grosses tensions sur les prix et les approvisionnements
La flambée mondiale des prix des engrais, engendrée notamment par l’augmentation des prix du gaz naturel, par la reprise post-covid ou encore par l’augmentation des prix du fret, a de fortes répercussions sur l’activité agricole.
La flambée mondiale des prix des engrais, engendrée notamment par l’augmentation des prix du gaz naturel, par la reprise post-covid ou encore par l’augmentation des prix du fret, a de fortes répercussions sur l’activité agricole.
590 euros la tonne d’ammonitrate 33,5 %, 550 euros/ la tonne d’urée, 498 euros la tonne de solution azotée, 603 euros celle de DAP 18-46... Les dernières cotations des engrais minéraux, au 1er octobre, confirment une envolée des cours qui ne semble pas vouloir s’arrêter. Le renchérissement des engrais azotés, en particulier, pèse sur les coûts de production des céréales. « Si l’on peut avoir des impasses techniques sur le phosphore ou la potasse, l’azote est le nerf de la production, les agriculteurs en ont besoin », souligne Aymeric Lespagnol, responsable approvisionnement à la coopérative CAPL.
Comment les principaux opérateurs de la région s’organisent face à cette crise inédite ? Chez Terrena, la campagne d’approvisionnement a globalement pu être anticipée, comme l’explique Régis Lemaître, manager de l’offre fertilité des sols et de la nutrition des plantes : « un grand nombre de nos adhérents sont couverts. Beaucoup pour la totalité de leurs besoins, certains pour un seul passage. Mais aujourd’hui, plus que de prix, c’est de disponibilité qu’il s’agit, nous évoquons le risque de pénurie ».
Pour la CAPL, les usines d’engrais azotés ont pu tenir leurs engagements en termes de quantité sur la période de juin à septembre, note Christian Blet, président de la coopérative de Thouarcé, mais la période qui s’ouvre est pleine d’incertitudes. « Pour les agriculteurs, cela remet en question les plans de fertilisation. Un certain nombre d’entre eux vont être tentés de faire des impasses ou de minimiser leurs apports en phosphore et potassium », explique Christian Blet. Pour le moment, « une grande partie de nos adhérents se sont couverts pour le premier apport azoté », indique Aymeric Lespagnol.
Même chose pour la société de négoce Pelé Agri Conseil, à Candé : « nous étions bien en avance, et les premiers apports seront globalement honorés, nos clients sont à peu près tous couverts », indique Denis Pelé, directeur.
Mickaël Jegou, technico-commercial à Anjou Négoce, une société implantée dans le Noyantais et le Baugeois, indique pour sa part : « certains de nos clients se sont couverts en morte-saison, pour la totalité de leur tonnage ou pour un seul apport. D’autres ont attendu ».
Thierry Ménard, responsable agricole des établissements Pohu à Saint-Germain-sur-Moine, informe qu’environ deux tiers des agriculteurs seraient couverts : « c’est très cher, très compliqué, mais les agriculteurs continuent à s’approvisionner même en marché haussier ».
La situation inédite de hausse des prix et de tensions sur la disponibilité en engrais laisse peu de répit aux partenaires de l’agriculture qui surveillent la situation au jour le jour. « En 20 ans de métier, je n’ai jamais vu cela !, témoigne Mickaël Jegou. Tout le monde est impacté, nous subissons le marché et nous vendons ce que nous avons, quand on arrive à trouver de l’engrais, et des transporteurs...».
Impossible de dire à ce jour quelles seront les disponibilités et les prix des engrais pour le printemps et combien de temps perdurera la tendance haussière.
S.H.