Fourrages
Ensilages d’herbe : des rendements inférieurs d’un tiers à l’année passée
Les éleveurs risquent de se trouver confrontés à d’importants problèmes de stocks. Dans ces cas, Bovicap Conseils préconise d’ensiler des céréales immatures, début juin.
Ce ne sera pas une bonne année pour l’herbe. Le manque d’eau, le froid et le vent ont limité, jusqu’ici, la pousse de l’herbe. À ce jour, les chantiers sont peu avancés dans le Maine-et-Loire : à la Cuma des éleveurs au Tremblay, seuls 30 hectares étaient réalisés en début de semaine sur les 250 ensilés habituellement, et son président Fabien Bossé évoque des « rendements minables ». Pourtant, « il ne faut pas attendre pour couper, sans quoi on perdrait en qualité, car les stades végétatifs sont avancés », explique Pierrick Kernen, de Bovicap conseils. Globalement, sur l’ensemble du département, les rendements en herbe devraient se situer entre un quart et un tiers en dessous de ceux de l’an dernier. La moyenne était de 4 tonnes/hectare en 2009 et serait inférieure d’une tonne et demie cette année. En revanche, la qualité de ce qui est récolté aujourd’hui est très bonne.
Résultat, les éleveurs vont être confrontés à des problèmes de stocks, comme le souligne le conseiller : « On va être juste en foin, court en maïs, et vu la météo, la période de pâturage devrait être écourtée ». Pour pallier le manque de fourrage sans trop recourir à des achats, que la trésorerie ne permet souvent pas, Pierrick Kernen conseille de se tourner vers la récolte de céréales immatures, à effectuer entre le 5 et le 10 juin. « Ce n’est pas un fourrage de grande valeur mais cela permettrait d’assurer la transition avant la récolte de maïs. Il est conseillé d’y réfléchir dès maintenant », souligne-t-il. Les céréales immatures sont à récolter entre 30 et 35 % de matière sèche et peuvent être associées, dans la ration, à du maïs ensilage. En attendant, il est conseillé de faucher l’herbe, en espérant qu’un peu de pluie vienne favoriser la repousse…
Inquiétudes
Tous les agriculteurs sont en attente de conditions météo plus favorables. Dans les Mauges, Jean-Luc Dupé, éleveur à La Poitevinière, est inquiet : « Les rendements sont inférieurs d’un tiers. Le pâturage est déjà presque terminé dans certains secteurs, et notre grande préoccupation, c’est que les terres sont si sèches que l’on ne peut ni labourer ni semer le maïs… » La moitié des ensilages d’herbe étaient réalisés, en début de semaine dans son secteur. Plus au sud, à la Cuma de la Chaussée à Maulévrier, l’ensileuse n’était sortie que deux ou trois fois en début de semaine : « Il fait froid, il y a du vent, l’herbe ne pousse pas », constataient les responsables de la Cuma.
S.H.
“L’écho des pâtures” sur internet
Observatoire de la pousse de l’herbe : un nouvel outil pour gérer le pâturage
Questions à François Battais, conseiller à la Chambre d’agriculture de Maine-et-Loire.
Pourquoi avoir un mis en place un observatoire ? Quel intérêt pour les éleveurs ?
L’herbe pâturée est compliquée à gérer, parce qu’il est très difficile d’appréhender la quantité disponible au quotidien. Le suivi hebdomadaire a pour objectif de donner aux éleveurs des repères dans la conduite du pâturage de printemps et d’automne. En connaissant l’offre de matière sèche par jour et par hectare, il est plus facile d’ajuster les cycles de retour à l’herbe, mais aussi de savoir, à quel moment fermer les silos.
Comment fonctionne-t-il ?
Depuis la mi-mars, un réseau de suivi de la pousse de l’herbe a été mis en place. Sept fermes, à orientation lait (4) et viande (3), ont été choisies en fonction de leur position géographique, leurs conditions pédoclimatiques et la pratique du pâturage tournant. Elles sont représentatives de la diversité du département.
Chaque début de semaine, des agents de pesées effectuent des relevés avec des herbomètres, dans 6 à 10 parcelles. Ces mesures de la pousse sont retraduites en quantités exprimées en kilos de matière sèche à l’hectare et par jour. Dans les relevés effectués en 2009 à titre d’essai, les quantités ont varié dans la saison de 20 kilos/ms/ha/jour jusqu’à 100 kg.
La surveillance hebdomadaire de la pousse de l’herbe cessera fin juin, pour reprendre entre mi-septembre et fin octobre, tous les quinze jours.
Comment les données sont transmises aux agriculteurs ?
Chaque semaine, une synthèse, accompagnée d’une carte des relevés et de préconisations, est rédigée par un conseiller. Elle porte le nom de l’Écho des pâtures. 800 à 900 exemplaires sont envoyés directement aux éleveurs, par fax. Mais tout le monde peut y accéder via le site internet www.synel49.fr, à la rubrique Pousse de l’herbe.
S. H.