Faire tourner la tête des ravageurs
Le biocontrôle est en vogue dans les vignobles. Première mondiale, un prototype d’Isonet utilise un polymère biodégradable afin de diffuser ses phéromones, luttant ainsi contre l’eudémis et la cochylis, dont la deuxième génération de vol débute tout juste.
Le biocontrôle est en vogue dans les vignobles. Première mondiale, un prototype d’Isonet utilise un polymère biodégradable afin de diffuser ses phéromones, luttant ainsi contre l’eudémis et la cochylis, dont la deuxième génération de vol débute tout juste.
« Avec la confusion sexuelle, on prône des solutions durables, mais on utilise une quantité phénoménale de plastique ». C’est de ce constat, ici formulé par Laurent Plissoneau, technico-commercial à la CAMN (Coopérative d’approvisionnement des maraîchers nantais), qu’est née la volonté de créer des diffuseurs de phéromones biodégradables.
Une première mondiale
Ce concept est novateur au niveau mondial, et un essai s’effectue dans le Maine-et-Loire, au Château d’Avrillé, en collaboration entre la CAMN et CBC Biogard, entreprise qui fournit les Isonet LE. Ce domaine, fondé en 1938 par Eusèbe Biotteau, est désormais dirigé par Pascal Biotteau, sa femme Gaëlle Biotteau et son fils Charles-Eusèbe. Sur une superficie de 213 ha, dont 13 ha en bio, la problématique des insectes ravageurs est très présente. « Nous sommes en HVE, et nous essayons, à travers de nombreux moyens, de rendre notre domaine encore plus respectueux de l’environnement », détaille Charles-Eusèbe Biotteau. Ainsi, depuis plus de 20 ans, la confusion sexuelle est utilisée dans les parcelles. Une nécessité, car l’eudémis et la cochylis « peuvent aisément faire perdre toute la récolte », détaille Bruno Barbot, le chef de culture. Ainsi le domaine s’est équipé d’Isonet LE, diffuseurs passifs à libération contrôlée de phéromones fabriqués par la société japonaise ShinEtsu et distribués en France par CBC Biogard. Pour le moment, le Château d’Avrillé utilise le dispositif biodégradable sur 2 ha, avec une efficacité similaire à l’Isonet LE classique. Le coût est d’environ 160 €/ha, auxquel il convient d’ajouter la main-d’œuvre. Au Château d’Avrillé, cela représente un coût final de 350 €/ha. « Bien entendu, le coût est plus élevé qu’une protection phytopharmaceutique classique. Mais le but, c’est de faire de la qualité, préserver notre maximum de rendement et c’est une solution intéressante à proximité d’habitations », témoigne Pascal Biotteau. Les Isonet LE sont placés 1 rang sur 3, 1 pied sur 5 en renforçant les bordures. Il faut compter environ une journée pour couvrir 5 ha pour une personne seule. à raison de 500 diffuseurs par hectare, l’idéal est de créer une “ambiance”. « Pour avoir une bonne confusion, l’idéal est d’avoir des îlots d’au moins 10 ha. Cela permet de diminuer la pression sur le moyen et le long terme », détaille Diana Alberto, technico-commerciale chez CBC Biogard.
Un coût qui freine
Cependant, les solutions de confusion sexuelle se révèlent onéreuses. « Si les 213 ha du domaine ne sont pas en confusion, c’est une question économique. à l’heure actuelle, nous avons un tiers du domaine qui utilise ces méthodes », développe Charles-Eusèbe Biotteau. L’efficacité est prouvée, la confusion sexuelle ayant de nombreuses années derrière elle. Diana Alberto tient à préciser que « les phéromones de synthèse diffusés sont très spécifiques d’un seul insecte. Ainsi, la faune auxiliaire n’est pas perturbée ». « Au bout de 6 mois, le diffuseur aura liberé la plus grande partie des phéromones qu’il contenait en couvrant les générations successives des tordeuses de la grappe », complète Laurent Plissoneau.
Article complet dans l'Anjou Agricole du 19 juin