Syndical
Fédération nationale bovine : « Nous passons à l’étape supérieure »
À partir de dimanche soir, plus aucun camion ne passera dans les abattoirs spécialisés viande bovine. Guy Hermouet, vice-président de la FNB fait le point de la mobilisation passée et à venir.
Cela fait neuf semaines que les éleveurs vont sticker en GMS. Pourquoi rester mobilisé ?
Guy Hermouet : Aujourd’hui la grande distribution est hyper concentrée et les cinq groupes nationaux se livrent une guerre sans merci sur les prix. Dans cette bataille, ce sont nous, les agriculteurs, qui servons de
variable d’ajustement. Or avec l’augmentation des charges (aliments, énergie) nous ne pouvons plus supporter que les prix ne remontent pas.
N’avez-vous pas peur de la réaction des consommateurs si les prix augmentent ?
Si au moins les consommateurs bénéficiaient de la pression exercée par les GMS sur nos filières… mais au contraire les prix de la viande payés par le consommateur ne cessent d’augmenter. Il serait possible d’augmenter les prix payés aux éleveurs sans toucher au porte-monnaie du consommateur.
Dans ce bras de fer engagé entre tous les producteurs de viande et les GMS, pourquoi la Fédération nationale bovine (FNB) appelle-t-elle au blocage d’abattoirs ?
Dans la filière viande bovine, un seul opérateur transforme près de la moitié des volumes de viande nationaux. Cet opérateur, nous l’avons ciblé lors de nos actions en GMS en retirant ses marques phares des rayons. Or, aujourd’hui encore, il refuse de prendre part aux négociations interprofessionnelles. Nous avons déjà bloqué symboliquement des abattoirs ces dernières semaines en le prévenant. Sans réponse de sa part, nous souhaitons aujourd’hui durcir le ton en visant une dizaine d’abattoirs spécialisés en viande bovine au niveau national. Dans notre région, ce sont les abattoirs de
Cholet (49) et de Cherré (72) qui seront bloqués à partir de dimanche soir.
Les transformateurs ne suivent-ils pas simplement les cours des marchés ?
En viande bovine, parler de libre marché n’est pas possible lorsqu’un seul transformateur pèse la moitié des abattages français. Alors que les indicateurs de conjoncture sont au vert : manque d’animaux, consommation en hausse, ouverture de nouveaux marchés d’export, on voit que les cours ne remontent pas. Nous assistons chaque semaine aux cotations physiques mais si les prix des animaux à l’entrée des abattoirs ne remontent pas, il ne sera pas possible de tenir. Il n’est pas acceptable que certains transformateurs choisissent de s’approvisionner plus cher chez nos voisins européens pour que les cours ne remontent en France.
D’autre part, nous souhaitons faire pression sur ce maillon de la filière pour obtenir plus de transparence sur les pesées et le classement des animaux. Malgré des accords interprofessionnels positifs, des lacunes persistent au détriment des éleveurs qui voient leurs bêtes sous-classées. Le classement des animaux, c’est notre rémunération et nous devons être exigeants avec les outils d’abattage.
Concrètement, que doivent faire les éleveurs ligériens ?
Parce que l’augmentation des cours de la viande est une question de survie, la FNB mais aussi les FDSEA-FNSEA et JA de la région demandent aux éleveurs de bovins de se tenir prêts à garder leurs animaux dans les fermes dès cette fin de semaine. À partir du dimanche 7 novembre à 20 heures, tous les agriculteurs de la région sont attendus pour venir
siéger devant les deux abattoirs de Cholet et Cherré. Des tours de garde seront organisés et aucun camion ne circulera jusqu’à nouvel ordre.
Propos recueillis
par Mathilde VIONNET
Intervention
Carrefour s’engage pour l’étiquetage VPF
Suite aux démarches menées par la FDSEA, (lire l’Anjou Agricole du 29 octobre, page 4) Martial Laird, directeur de Carrefour Saint-Serge a adressé ce courrier à Didier Debièvre, à la direction nationale.
Le 22 octobre, nous avons de nouveau reçu la visite d’une délégation d’exploitants agricoles angevins, accompagnés de
Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA.
Ce mouvement pacifique visait à sensibiliser les consommateurs sur la tracabilité des viandes porcine et bovine, ainsi que sur les prix payés à la production, par le biais d’une opération de stickage des produits finis (industriels et conditionnés magasin).
Une des revendications de la filière porcine porte sur la présence systématique du logo "VPF", déjà présent sur les produits conditionnés par nos soins, sur tous les produits industriels et pour tous les fournisseurs (boucherie, charcuterie, PGC).
La puissance d’achats du groupe Carrefour doit servir de levier de pression auprès des industriels afin qu’ils agissent dans le sens de cette revendication forte et visiblement légitime pour les producteurs français.
Je te demande donc d’appuyer cette demande auprès des directions marchandises Groupe et France, afin qu’ils intègrent ce paramètre dans les négociations en cours et futures ».
Actions
Le ton se durcit
Les deux organisations syndicales, FNSEA et JA, qui enclenchent une logique d’action nationale, viennent renforcer les opérations de stickage menées depuis deux mois en grandes surfaces par les producteurs de viande bovine (FNB), de porcs (FNP) et de volailles (CFA). Car force est de constater que « toutes ces actions n’ont pas amené pour l’instant de résultats concrets », a expliqué Dominique Barrau, ajoutant : « La Loi de modernisation de l’agriculture a un chantier devant elle, certes, mais avant cela nous attendons un signe tangible de l’aval. »
Jeunes agriculteurs
JA s'associe à la FNB et la FNSEA pour faire monter la pression sur le dossier viande bovine
Interview de Thierry Perrin (JA 85), Gwénaël Brousseau (JA 85), Maxime Lambert (JA 49) présent à la session viande bovine JA qui a eu lieu les 27,28 et 29 octobre 2010 à Naves en Corrèze.
Quels ont été les points abordés lors de cette session viande bovine ?
Lors de cette session, nous avons pu échanger sur la stratégie syndicale à adopter afin de gagner le combat syndical que l’on a entamé depuis début septembre. D’autres part, nous avons entamé une réflexion sur la façon de reconquérir de la valeur ajoutée pour notre production et sur l’organisation économique globale de la filière. Enfin, nous avons commencé à faire des propositions sur le dossier Pac afin d’alimenter le projet « Génération Pac 2014 » de Jeunes agriculteurs.
Quelles sont les revendications actuelles de Jeunes agriculteurs sur le dossier viande bovine ?
JA ne cesse depuis début septembre de réclamer une meilleure répartition de la valeur ajoutée au sein de la filière viande bovine pour obtenir une juste rémunération pour les producteurs. Je vous rappelle qu’il nous manque aujourd’hui 60cts/kg pour couvrir notre coût de production. JA exige aussi que l’organisation économique de la filière soit revue. Nous souhaitons que des relations équitables, transparentes et pérennes se mettent en place dans la filière pour permettre aux producteurs d’avoir plus de visibilité et de sécurité. À ce titre, dès début septembre JA s’est associé au plan d’action syndical définit par la FNB. Lors de la session viande bovine, JA a renouvelé sont attachement à la mise en place d’un front uni du syndicalisme agricole majoritaire dans ce combat. JA a par ailleurs demandé à la FNB qu’un plan d’action national d’envergure soit mis en place pour faire monter en puissance le plan d’action prévu jusqu’alors. Force est de constater que nous avons été écoutés puisque au jour d’aujourd’hui le front uni est crée et qu’à partir de dimanche des actions d’ampleur vont se mettre en place. JA sera au côté de la FNB et la FNSEA pour bloquer 10 abattoirs en France. Les industriels nous ont poussés à rentrer dans l’épreuve de force, et bien, il faut qu’il sache qu’ils vont être servis car ce n’est pas prêt de s’arrêter… À nous désormais, JA, de nous mobiliser !!!
Propos recueillis par Damien BEAUMARD, Délégué régional de Jeunes agriculteurs de l’Ouest.