France Champignon à un tournant
En difficulté financière, le groupe coopératif France Champignon a été placé en redressement judiciaire le 12 novembre. Il emploie 272 permanents et la filière concerne 650 personnes dans le Saumurois.
En difficulté financière, le groupe coopératif France Champignon a été placé en redressement judiciaire le 12 novembre. Il emploie 272 permanents et la filière concerne 650 personnes dans le Saumurois.
Temps difficiles pour le champignon conventionnel, production phare du Saumurois. Depuis une dizaine d'années, la consommation de champignons, notamment en conserve, a considérablement baissé en Europe : - 25 % en volume. S'en est suivie une dégringolade des prix. « Dans un tel contexte de baisse de marché en volume et de surcapacité de production en Europe, les prix sont tirés à la baisse. On estime cette baisse à 18 % sur les dernières années », explique David Morange, directeur industriel de France Champignon. La moitié des producteurs ont cessé leur activité depuis 10 ans.
La coop' est frappée de plein fouet par la baisse de la consommation car son coeur de métier est justement la conserve : elle en a vendu 55 000 tonnes sur l'exercice 2019-2020, pour 8 000 t de surgelé et 5 000 t de frais. Le chiffre d'affaires était de
96 M d'euros en 2019-2020.
Des efforts de restructuration et de modernisation ont été entrepris depuis 10-15 ans par le groupe coopératif, qui ont permis de combler l'écart de compétitivité avec les voisins européens gros producteurs de champignons, la Pologne (300 000 tonnes par an), l'Espagne, les Pays Bas. « Sans cela, on n'existerait plus, souligne David Morange. La coop a investi 30 millions d'euros sur le site de transformation de Doué-la-Fontaine et a effectué une restructuration industrielle. Le site de Thouars a cessé de produire ». Mais la baisse des prix n'a cessé de s'accentuer. Le déséquilibre des comptes a amené le Tribunal de Saumur à placer la coopérative en redressement judiciaire, le 12 novembre.
Mieux valoriser le produit
Le groupe Bonduelle, qui détient un peu plus de la moitié des parts de la coopérative et produit la moitié des champignons, est à la recherche d'une solution, en concertation avec les 4 producteurs historiques qui apportent l'autre moitié de la production. L'issue de cette crise passe par « des adaptations des volumes et une meilleure valorisation du produit, pour laquelle nous avons déjà des projets commerciaux. On a commencé notamment à vendre du bio », souligne David Morange, qui reste résolument optimiste : « à l'heure où l'on parle de souveraineté alimentaire nationale, je ne pense pas une seconde que la filière puisse disparaître ».
S.H.