Volailles
Gastronome renforce sa position
En s’alliant avec Maïsadour, Gastronome (Terrena) reprend du poids face à son concurrent LDC.

Le 1er avril dernier, lors de la conférence de presse sur les résultats financiers du groupe Terrena, Hubert Garaud et Alain Guillemin, respectivement président et directeur de Terrena, l’avaient déjà souligné : Gastronome, la filière volaille de la coopérative, se porte de mieux en mieux et Terrena porte « un intérêt tout particulier à tout ce qui touche à la viande ». Cette activité représentait en effet, en 2009, 1,8 milliard d’euros sur les 3 milliards de chiffre d’affaires du groupe. Quelques jours à peine après cette conférence et quelques mois après la création d’Élivia, numéro deux de la viande bovine derrière Bigard Charal, Terrena vient d’annoncer la création d’une nouvelle entité dans le paysage de la volaille française : les Fermiers du Sud-Ouest. Celle-ci consacre l’alliance de Terrena, déjà impliquée dans les volailles du Gers, avec une autre coopérative d’importance, Maïsadour (8 000 agriculteurs), qui avait racheté, en décembre dernier, les Fermiers Landais (ex Arrivé). Le nouvel ensemble, détenu à 49 % par Terrena, emploiera 760 salariés dans les Landes et le Gers pour une production annuelle de 29 millions de volailles dont 17 millions de volailles label (Landes, Gers et Sud-Ouest).
Une alternative à Loué
Pour le marché national de la grande distribution(1), cette structure s’appuiera sur un contrat de distribution en GMS avec Gastronome. 15 000 tonnes par an seront commercialisées par la filière volailles de Terrena qui complète ainsi ses gammes mises en marché. Dans le journal Les échos, le directeur général de Maïsadour, Thierry Blandinières, affichait l’ambition des deux coopératives : « Nous allons, d'une part, investir en communication et en marketing et, d'autre part, nous appuyer sur la force commerciale de Gastronome pour offrir une alternative aux poulets de Loué. »
Pour Gastronome, numéro deux de la volaille française, cette alliance se révèle stratégique, dans un monde de la volaille qui se restructure à toute vitesse. L’année dernière, en rachetant Arrivé, LDC, actuel numéro un, avait ajouté d’importantes marques dans sa gamme dont la locomotive est le poulet de Loué (Maître Coq, poulets de Challans…). « Il nous fallait impérativement nous repositionner pour continuer à exister », explique Christophe Courroussé, le directeur de la communication de Terrena. « Nous élargissons ainsi notre gamme avec des produits qui ont une belle image, dont la marque Saint-Sever, et qui sont complémentaires de nos volailles d’Ancenis(2). Cela permet à Gastronome d’avoir une influence sur le marché, d’être dans la course. » À l’image d’Élivia en viande bovine, Gastronome est donc un solide numéro deux français de son secteur, qui se positionne fortement sur des notions de qualité et de lien au territoire, « deux arguments sur lesquels une coopérative comme la nôtre dispose d’une réelle légitimité », conclut Christophe Couroussé.
Catherine Perrot
(1) Fermiers du Sud-Ouest conserve cependant aussi un circuit de distribution local traditionnel avec la marque Marie Hot.
(2) Les volailles d’Ancenis font l’objet actuellement d’une campagne d’affichage et leurs ventes progressent.
Réaction : « Une répartition plus équitable »
Christophe Labour, secrétaire général de la FNSEA 44 et producteur de volailles à Besné, estime lui aussi, que cette alliance va dans le bon sens, car elle rend le marché plus équitable et évite « qu’un seul opérateur ne fasse la pluie et le beau temps dans le monde de la volaille label ». Difficile, bien sûr, d’assurer que les éleveurs de volailles de la région en bénéficieront directement, mais on peut toutefois l’espérer.