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Prix
Inverser le rapport de force entre la production et la distribution

Pour contrer le pouvoir de la grande distribution, la législation, mais aussi l’organisation des productions, préconise Olivier Mével au conseil fédéral.

Au conseil fédéral de la FDSEA, le 14 novembre à Angers.
Au conseil fédéral de la FDSEA, le 14 novembre à Angers.
© AA

L’abrogation de la loi Raffarin du 5 juillet 1996, c’est l’une des solutions avancées par Olivier Mével, universitaire et spécialiste de la grande distribution, lors du conseil fédéral du 14 novembre dernier à Angers, pour rééquilibrer le rapport de forces entre l’amont et l’aval dans les filières de l’agroalimentaire.

Que dit cette loi ? Elle abaisse à 300 m² le seuil de la surface au-delà duquel une autorisation administrative d’implantation de surfaces commerciales est nécessaire. La conséquence, explique Olivier Mével, c’est qu’elle protège les centrales et enseignes de la grande distribution de toute
nouvelle concurrence. Une situation qui, dans son principe, pourrait être opposable. Dans les faits, elle perdure et place la grande distribution en maître du jeu. Voilà donc désigné le grand Satan concentré en six centrales d’achat face auxquelles la production, atomisée, mal ou non organisée, ne pèse pas lourd.
Aujourd’hui ajoute Olivier Mével, et ce depuis 2007 et le choc sur les matières premières, on a changé d’époque. Non seulement la grande distribution fixe les prix mais elle fixe la norme et l’impose aux consommateurs. La seule solution pour contrer ce pouvoir, c’est réintroduire de la concurrence – il cite les géants américains comme Walmart, interdit de territoire. Et ce, dans un contexte de credo à la maîtrise du pouvoir d’achat via les prix bas. Un leurre, selon lui. Avec effet délétère sur l’emploi.

Parallèlement, la filière agroalimentaire française est confrontée à d’énormes distorsions de concurrence, en l’absence  d’harmonisation sociale à l’échelon européen. C’est un autre des leviers sur lequel le chercheur préconise de peser.
Son exposé a donné des clés aux agriculteurs et responsables professionnels présents pour décoder les rouages de ce gigantesque gâteau commercial qui n’est plus exponentiel. Il explique aussi comment la grande distribution a phagocyté les démarches du hard discount - lequel est en perte de vitesse -, en proposant des promotions sur des produits très spécifiques dans les “nefs” de ces magasins qu’il qualifie parfois de “cathédrales”. Le tour de passe-passe, c’est que les Hyper et Super misent sur les 500 ou 1 000 produits sur lesquels est appliqué le SRP, seuil de revente à perte autorisé. Ces produits servent de comparateurs pour les panels TNS/Secodip et autres, ce qui permet à la grande distribution, de facto, d’arguer de marges minimes.

Un contre-observatoire des prix et des marges

“Ce qui n’est pas dit, c’est que ce sont les produits agricoles et les PME/PMI qui compensent ces promotions. Il faudrait revoir la LME en ce sens”. Et le chercheur de proposer la mise en place d’un contre–observatoire des prix et des marges qui reflète la réalité des prix - et de leurs coulisses. L’abrogation de la loi Raffarin, l’harmonisation sociale européenne, l’assouplissement de la législation en matière d’embauche, autant d’éléments que la profession agricole réclame depuis longtemps. Pour Olivier Mével, la  production agricole a un autre atout-maître dans sa manche : le regroupement, via un guichet unique dans lequel, enfin, le producteur détiendrait le pouvoir. Une invitation à un renversement de tendance entre la loi de l’offre et la demande en quelque sorte.

M. L.-R.

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