interview
La moitié des exploitations horti-pépi seront à reprendre d’ici dix ans
Claudine Oger, présidente de la FNPHP* de l’Anjou et du Maine, explique les enjeux de la transmission.
Le congrès de la FNPHP se tiendra le 19 juin à Paris. Dans quel contexte se déroulera-t-il pour la production angevine ?
Claudine Oger : D’ici dix ans, la moitié des entreprises du département sera concernée par un départ à la retraite. Il y a donc un fort enjeu quant au renouvellement des actifs. Il y a encore quelques années, les reprises s’effectuaient en famille. Aujourd’hui c’est de moins en moins le cas. Et dans un contexte économique difficile pour la filière, il faut avoir des reins solides pour reprendre une entreprise.
Comment encourager le renouvellement ?
La gestion de nos entreprises exige une certaine maturité et de l’expérience, notamment pour l’encadrement et le management du personnel et la gestion. Au niveau de la commission emploi de Végépolys, un projet de formation est en cours. Ce serait une manière de répondre à l’énorme besoin en gestion des ressources humaines dans notre secteur.
D’une manière plus générale, je constate que l’éducation nationale encourage peu les jeunes dans la voie de l’entreprenariat. à nous de faire mieux connaître nos métiers.
Comment valoriser alors la filière végétale ?
Différents organismes travaillent à la communication sur les métiers, que ce soit l’Adefa**, l’Arfho, la Chambre d’agriculture, Terre des Sciences ou Plante et Cité (Végépolys). Il faut faire savoir que notre secteur a fortement évolué, les entreprises ayant investi pour améliorer les conditions de travail et diminuer la pénibilité. Certaines sont aussi passées à la PBI (Production biologique intégrée), ce qui améliore le bien-être du personnel au quotidien.
Parallèlement à la communication, la filière se bat sur l’aspect économique ?
Oui, il faut que les entreprises dégagent un revenu suffisant pour être attractives aux yeux des repreneurs potentiels. La filière se bat pour l’achat français, car la balance commerciale est déficitaire dans le secteur. Elle valorise aussi son savoir-faire et ses bonnes pratiques au travers du label Plante bleue (une centaine d’entreprises en France).
Mais la majorité des acheteurs ne jurent que par le prix et importent des rolls de végétaux de Hollande, du Danemark, d’Italie... Nous sommes pénalisés par rapport à ces pays où le coût de la main-d’oeuvre est moindre, et nous ne pouvons pas rivaliser.
Il y a aussi un travail à effectuer pour anticiper les reprises ?
Il est conseillé de s’y prendre au moins trois ans à l’avance. Dans mon entreprise (Geoflor à Tiercé, NDLR), nous y pensons pour déjà, pour dans dix ans. Mais à ce jour, seules deux à trois entreprises sont inscrites au service transmission de la Chambre d’agriculture, ce qui est très peu au regard des évolutions attendues. Une des difficultés tient sans doute au fait que nous avons des problématiques plus proches de l’industrie que celles de l’agriculture.