Interview
“La préservation du foncier : une priorité”
Emmanuel Hyest, président de la Fédération nationale des Safer explique l'intérêt de protéger le foncier agricole. Il sera à Jallais le
15 novembre.
Pourquoi et pour qui protéger le foncier agricole ?
Emmanuel Hyest : Protéger le foncier agricole, c’est l’intérêt de la collectivité dans son ensemble. Au-delà de la production alimentaire, nous protégeons les paysages et la bio-diversité. Il est indispensable d’imaginer un autre modèle de développement, à savoir “construire la ville sur la ville” en limitant au maximum la consommation de terres agricoles. Une réflexion doit avoir lieu sur la qualité des terres qui changent de destination, car un hectare ne vaut pas la même chose partout.
Avec l'évolution des structures juridiques, comment s'assurer que le foncier restera bien à vocation agricole ?
Le législateur a souhaité que le marché du foncier en France soit transparent, en particulier en agriculture. Mais est-ce encore possible quand l’État n’a plus les moyens de savoir qui en est le propriétaire ?Derrière une part sociale, cela peut être une société qui, elle-même, est propriétaire de parts sociales. Il faut que le législateur se penche sur le sujet rapidement.
L’attractivité du foncier n’est-elle pas un handicap à l’installation ?
Aujourd’hui, des apporteurs de capitaux permettent de remplacer l’apport foncier. Un apport que, souvent, les jeunes agriculteurs ne peuvent pas avoir. Des attributions à des jeunes hors cadre familial se réalisent ainsi. Cette nouvelle donne n’est pas un handicap à l’installation, ni au renouvellement des générations. C’est un atout qui permet à des fermiers qui n’auraient pas la capacité financière d’acheter, de continuer à être exploitant agricole de terres qu’ils avaient à bail.
Quel est, selon vous, le rôle de la CDOA ?
Il faut un endroit où une certaine transparence s’exerce. La CDOA ne permet plus de réguler les dérives. Or, c'est un modèle d’agriculture familiale que je défends.