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Interview
La production caprine demain : ni usines à lait, ni scénario vert

L’administrateur national, Raphaël Brunet, a participé aux débats de la Fnec*, les 20 et 21 avril, à Paris.

Raphaël Brunet, éleveur à St-Hilaire-du-Bois.
Raphaël Brunet, éleveur à St-Hilaire-du-Bois.
© AA

Une prospective sur la filière caprine réalisée par l’interprofession dessine quatre scénarios à l’échéance 2025. Où va votre préférence ?
Raphaël Brunet : On compte en France 5 700 élevages au-jourd’hui, livreurs et fermiers. Dans un premier scénario, celui de la maturité, avec un marché à saturation, une autorégulation des volumes, ce nombre descendrait à 3 000 élevages en 2025. C’est ce qui se déroule aujourd’hui. Le scénario catastrophe de la concentration verrait, lui, un regroupement de la transformation, et le nombre d’élevages passerait à 2 100, avec de véritables usines à lait de 500 à 1 000 chèvres. Clairement, nous n’en voulons pas. Notre préférence va au troisième projet, celui des relais de croissance, qui table sur 3 600 éleveurs, avec des exploitations à taille humaine. Il est basé sur les attentes du consommateur. L’interprofession y gère la coordination des marchés et des volumes et les industriels mettent en place des innovations. Le dernier projet, celui de la déconcentration ou scénario vert, mettrait en avant l’environnement. Il comporte le danger du manque de lait, ce qui serait une porte ouverte aux importations. Or, il y a aussi une place pour les livreurs dans le marché européen.

À quoi va servir cette réflexion ?
Ce travail prospectif va servir de base à l’Anicap, l’interprofession, pour prendre des orientations stratégiques. Producteurs, coopératives, industries privées, techniciens de la filière et aussi consommateurs sont associés à la réflexion. C’est également un pré-travail pour la contractualisation en lait de chèvre.

La situation de la filière s’est dégradée en 2010. Du mieux en 2011 ?
La consommation est moins favorable et, ce qui fait très mal à la filière, elle est tirée essentiellement par la bûchette, produit à faible valeur ajoutée. Le plan de sortie de crise a permis d’attribuer 1 € par 1 000 litres de lait pour la promotion des produits, financé à moitié par les éleveurs, à moitié par FranceAgrimer. La Fnec avait demandé 2 €, les industriels ont refusé.

Les importations, qui pesaient sur les stocks, ont pourtant reculé de 54 % en 2010… Ce n’est pas suffisant ?
C’est beaucoup, mais on peut aller au-delà encore. Les entreprises doivent avoir une politique plus cohérente. Dans les années 2007-2008, pour répondre au manque de lait, elles ont lancé une politique d’installation et de volumes, et aujour-d’hui on nous dit “stop”. Toute la filière doit pouvoir vivre.
Mais je reste très optimiste, car on aura besoin de lait demain. En 2012, on devrait être sorti de la crise grâce notamment à une bonne maîtrise de la production.

Les coopératives remettent en cause le paiement du critère cellules (lire ci-dessous). Comment réagissez-vous ?
Ressortir le dossier cellules est une manière de baisser le prix du litre de lait, parce que les 37 € que les producteurs ont cédés l’année dernière sont passés dans les mains de la grande distribution. La grille proposée implique une moins-value en moyenne entre 12 et 15 €/1 000 litres par élevage. La Fnec n’est pas défavorable à la révision du dossier, mais alors, que l’on nous donne une carotte lorsque les taux cellulaires sont faibles. Et avant de pénaliser les éleveurs, prenons soin de faire des recherches et avoir des résultats sur la véritable incidence du taux cellulaire pour les fromages et donc la consommation.

La fusion Glac-Eurial est au point mort. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Nous ne pouvons que le regretter car nous avons besoin de cette grande coopérative. Dans l’affaire, c’est sans doute le privé qui va tirer son épingle du jeu et c’est dommage.

Recueilli par S.H.

*La Fédération nationale des éleveurs de chèvres tenait un séminaire et
l’assemblée générale.

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