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Caprins
La production caprine à un tournant

La maîtrise nécessaire peine à se mettre en place, et beaucoup d’élevages souffrent. Surtout les structures sans assise foncière, relançant le débat sur l’autonomie alimentaire.

Alain Cholet, président de la Fédération départementale laitière, 
Patrick Charpentier, vice-président du Glac, Olivier Gaudin, technicien Lactalis, Jean-François Bernard, porte parole des 
producteurs à 
l’interprofession (Brilac), Mickaël Lamy, administrateur Eurial, Franck Moreau, vice-président de la Fnec, François Poirier, président de l’Union caprine 49.
Alain Cholet, président de la Fédération départementale laitière,
Patrick Charpentier, vice-président du Glac, Olivier Gaudin, technicien Lactalis, Jean-François Bernard, porte parole des
producteurs à
l’interprofession (Brilac), Mickaël Lamy, administrateur Eurial, Franck Moreau, vice-président de la Fnec, François Poirier, président de l’Union caprine 49.
© AA

“A-t-on encore le droit d’installer des élevages caprins sans foncier autour ?”. La question a été posée ainsi par Raphaël Brunet, ancien président de l’Union caprine, lors du débat organisé, lundi, dans la ferme de Yannick Cailleau à Saint-Augustin-des-Bois. L’UC 49 avait réuni producteurs et transformateurs pour tenter de tracer des perspectives pour une filière en crise depuis deux ans. Depuis que la belle croissance de consommation de 5 % annuelle, ininterrompue depuis trente ans, s’est ralentie sous l’effet de la crise économique, la filière ploie sous les stocks, le prix du lait est à la baisse. Les élevages, freinés dans leur croissance par une nécessaire maîtrise et impactés par le coût de l’aliment, connaissent des difficultés. Et en particulier, les plus récemment installés. En Maine-et-Loire, la moitié des dossiers caprins traités en Agri-diff concernent des jeunes, indique l’UC. Les structures les plus fragilisées sont celles qui ont peu de surface : elles subissent de plein fouet la hausse du coût des fourrages. Plus 34 % pour le maïs en 2011, + 17 % pour la luzerne déshydratée…
La question de l’installation de structures sans assise foncière est dans tous les esprits et préoccupe l’ensemble d’une filière, en proie à un certain doute. “On a longtemps installé des hors-sols caprins. Il faut maintenant évoluer vers des exploitations avec une autonomie fourragère”, estime Alain Cholet, président de la FDL.

L’accroche au territoire
Pour Franck Moreau, vice-président de la Fnec, la notion “d’accroche au territoire est , en outre, “un élément de différenciation” que l’élevage français a tout intérêt à mettre en avant, dans un contexte de concurrence avec deux grands bassins de production, Hollande et Espagne, très compétitifs sur les prix, mais aux modèles de production différents.
Quant aux entreprises, qui attribuent les références laitières, quelles politiques adoptent-elles en matière d’installation ?  “La volatilité des prix des céréales impacte globalement l’élevage et il faut en tirer des leçons. Si, aujourd’hui, en 2011, Yannick revenait nous voir, on n’accompagnerait peut-être pas son projet”, a expliqué Mickaël Lamy, éleveur en Maine-et-Loire et administrateur de la coopérative Eurial-Poitouraine.

Non aux dossiers hors-sol
Le Glac, de son côté, a fait évoluer sa vision des installations : “Nous effectuons encore des dossiers d’installation, dans le cas de reprises par exemple. Mais depuis la fin 2009, on a dit non aux dossiers hors sols. Et quand le projet nous paraît trop dangereux  en terme de marge de manœuvre en coût alimentaire, en renouvellement…, on alerte le porteur de projet”, explique Patrick Charpentier, président de la commission caprine de la coopérative. Toutefois, souligne Olivier Gaudin, technicien chez Lactalis, “il n’est pas toujours évident de répondre frontalement non, à un projet”, la forte détermination de s’installer de certains porteurs de projets les amenant parfois à aller frapper à d’autres portes... Pourtant, les projets sans foncier qui pouvaient être viables dans un autre contexte, apparaissent aujourd’hui extrêmement risqués et difficilement capables de faire face aux aléas climatiques et économiques.

S.H.

Repères

Prix du lait de chèvre en France au 1er semestre 2011 : 578 euros/1 000 litres (- 4,4 %/1er semestre 2010).
En Espagne : 420 euros/1 000 litres. Aux Pays-Bas : 390 euros/1 000 litres
Production de lait en Maine-et-Loire : 20 à 25 millions de litres.
Stocks de lait : 120 millions de litres (dont 60 millions de stock outil).

Yannick Cailleau, installé en 2007

Faute de foncier, une situation très fragile

Yannick Cailleau s’est reconverti dans l’élevage caprin, à Saint-Augustin-des-Bois en 2007, après avoir exercé longtemps un travail salarié à l’entreprise Grellier. Il fait partie de ces producteurs qui ont bâti leur projet avec très peu de foncier, confiants  en une filière encore en croissance continue. Aujourd’hui, les objectifs de revenu fixés dans le projet, soit environ 10 000 € par an avec 200 chèvres, ne sont pas atteints. Les prélèvements privés se sont limités à une moyenne de 8 000 € annuels sur les trois dernières années, avec un cheptel de 240 chèvres. L’épouse de Yannick, Chantal, apporte un coup de main sur l’élevage, estimé à 500 heures par an.
L’éleveur ne dispose que de 5 hectares de terres, dispersés en huit parcelles différentes dans un rayon de 6 km. Une situation qui rend l’exploitation particulièrement vulnérable aux variations des cours des matières premières. Depuis l’installation, les charges alimentaires ont explosé. Malgré de bons résultats techniques (production de 916 litres/ vache), et un prix de 610 €/1 000 litres, l’exploitant se trouve dans une “situation compliquée”. Le coût alimentaire réel (290 €/chèvre) a largement dépassé le coût estimé dans le projet (163 €). Faute d’autonomie fourragère à l’heure actuelle, des pistes d’amélioration techniques sont évoquées, comme par exemple une diminution de la quantité d’aliment “chèvre laitière”.

S.H.
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