BRGM
La recharge des nappes phréatiques angevines en bonne voie
Interview de Pierre Chrétien, hydrogéologue à la direction régionale des Pays de la Loire du BRGM
Interview de Pierre Chrétien, hydrogéologue à la direction régionale des Pays de la Loire du BRGM
Le niveau des eaux souterraines était préoccupant après l’été, mais depuis le 18 octobre, les précipitations sont abondantes en Anjou. Est-ce que les nappes ont atteint depuis un seuil convenable ?
La recharge des nappes a débuté entre la mi-octobre et la fin octobre dans le Maine-et-Loire cette année, mais les niveaux de nappes n’ont pas encore atteint un seuil sécurisant pour l’étiage de l’été 2024. On a connu des précipitations qui sont supérieures à la normale ce dernier mois, mais elles ne sont pas encore suffisantes pour qu’on soit tout à fait en sécurité pour les mois à venir.
Est-ce que pour autant, c’est inquiétant ?
On a largement le temps puisque cette période de recharge, qui commence classiquement au mois de novembre, va se poursuivre jusqu’au mois de février et mars. Toutes les pluies qui sont tombées, c’est vraiment très bien pour les nappes, c’est très bénéfique. Mais il faudrait que ça continue pour qu’on soit bien à la sortie de l’hiver.
Est-ce qu’on a une moyenne aujourd’hui du niveau des nappes phréatiques en Anjou ?
On suit dans le département du Maine-et-Loire un peu plus d’une trentaine de piézomètres, donc des forages qui sont équipés de matériel de mesure. Et on observe que 85 % des ouvrages qui nous servent à mesurer les nappes dans le Maine-et-Loire sont orientés à la hausse, mais pas tous. Il y en a encore certains qui soit sont stables, soit continuent leur vidange. À la mi-novembre, sur la moitié de ces indicateurs, on est sur des niveaux normaux. Sans être exceptionnellement bonne, la situation est bonne. Et sur l’autre moitié des points, elle est moins bonne, mais on a jusqu’au mois de février-mars pour que ça s’améliore. S’il continue à pleuvoir comme ça, il n’y aura pas de problème cet été.
Est-ce qu’il y a des nappes qui se rechargent plus facilement que d’autres ?
Le Maine-et-Loire a une forte hétérogénéité des formations géologiques et la nature des roches qui composent son sous-sol va jouer sur la rapidité, la façon dont les nappes se rechargent. Une nappe réactive, c’est une nappe qui, à la moindre pluie, va observer que le niveau remonte. Cela concerne plutôt la partie Ouest du département et les alluvions de la Loire également. Mais dans la partie plutôt Est, on a des nappes qui sont plus ou moins profondes, protégées par des couches imperméables. On est dans le bassin parisien. C’est un millefeuille de formations géologiques très différentes de ce qu’on trouve ailleurs dans le Maine-et-Loire. Là, la recharge peut être un petit peu plus longue à se manifester en raison de la profondeur des aquifères, c’est-à-dire les roches qui contiennent de l’eau souterraine, et en raison de la présence parfois de formations géologiques imperméables qui ralentissent les infiltrations de pluie.
Propos recueillis par Bastien Lallier (RCF Anjou)