Aller au contenu principal

Porc
La salaisonnerie sous pression des éleveurs de porcs

Les éleveurs ligériens ont participé à l’action nationale du 22 novembre pour faire pression auprès des salaisonniers qui, à travers la Fict*, refusent l’affichage du pays d’origine des viandes.

Le 22 novembre, cinq entreprises de charcuterie-salaisonnerie ont été bloquées par les éleveurs de porcs : trois en Bretagne, une dans le Nord et une en Pays de la Loire
Le 22 novembre, cinq entreprises de charcuterie-salaisonnerie ont été bloquées par les éleveurs de porcs : trois en Bretagne, une dans le Nord et une en Pays de la Loire
© AA

À l’appel de la FRSEA, de JA et de la Fédération nationale porcine (FNP), dès 6 heures du matin, le 22 novembre, une cinquantaine d’éleveurs de porcs ligériens, soutenus par leurs groupements, ont bloqué les entrées et les sorties de camions de l’entreprise de salaisonnerie Aubret située à Saint- Mars-la-Jaille, en Loire-Atlantique. Objectif : faire pression sur les salaisonneries françaises qui refusent l’affichage de l’origine des viandes porcines utilisées dans leurs produits.

1er avertissement vers l’aval de la filière

Depuis plusieurs semaines, la FNP exige au sein de l’interprofession porcine (Inaporc), l’utilisation du logo VPF pour tous les produits issus de viande de porc français ( frais et charcutiers). À travers cette identification, la filière porcine française veut garantir aux consommateurs un produit issu de porcs nés, élevés, abattus et transformés en France.
«  Les éleveurs de porcs sont en crise depuis plus de trois ans, les trésoreries des élevages sont anéanties. La nouvelle hausse des céréales et donc de l’aliment (+ 37 % depuis juin) cumulée à une stagnation du prix du porc payé à l’éleveur vont accroître le malaise des élevages. Il est donc impératif que le prix payé à la production soit augmenté rapidement. L’utilisation du logo VPF par l’ensemble des acteurs de la filière porcine française est un des leviers pour atteindre cet objectif », explique Gérard Bourcier, président de la section porcine de la FRSEA des Pays de la Loire.
La Fict* devait étudier la demande de la FNP lors de son conseil d’administration du 23 novembre et faire connaître sa décision lors du conseil d’administration d’Inaporc, le 25 novembre. Il est primordial qu’un accord sur le VPF soit acté à cette réunion. Sans cela, c’est l’interprofession porcine qui se verra fragilisée et donc, à nouveau les éleveurs. « Comment poursuivre les discussions sur l’avenir de la filière, les leviers à actionner pour augmenter le prix payé aux producteurs si la seule instance de concertation qu’est l’interprofession est victime de chantage permanent ? » interroge Jacques Lemaître, président du CRP des Pays de la Loire.
La solidarité au sein de la filière porcine française doit désormais être activée et au plus vite. Il en va de l’avenir des éleveurs de porcs mais également des milliers d’emplois induits.

La grande distribution dans le collimateur

Aujourd’hui, les éleveurs de porcs ont décidé de faire pression sur un maillon de l’aval de la filière porcine bien identifiée qu’est la charcuterie salaisonnerie. Ce n’est pas pour autant que la grande distribution doit se sentir libérée de la colère des éleveurs de porcs. « Les opérations de stickage menées pendant plus de deux mois dans notre région ont permis deux choses : améliorer l’affichage de l’origine des produits avec les logos VPF ou VBF pour la viande bovine et d’informer le consommateur sur l’origine des viandes utilisées dans les  produits carnés et charcutiers qu’il achète. Mais la bataille est loin d’être terminée. Quand on observe la décomposition du prix de détail du jambon blanc réalisée par l’observatoire des prix et des marges, on s’aperçoit que le prix payé à l’éleveur pourrait être revalorisé sans pour autant que le consommateur ne subisse unehausse », s’indigne Joël Limouzin, président de la FRSEA des Pays de la Loire. « En répartissant plus équitablement la valeur ajoutée réalisée tout au long de la filière, on permettrait à chaque maillon de vivre correctement de son activité respective, » poursuit-il.
La FNSEA et Jeunes agriculteurs, qui soutiennent l’action de la FNP, réfléchissent par ailleurs à interpeller fortement la grande distribution, qui, derrière la défense du pouvoir d’achat du consommateur, asphyxie l’ensemble des filières de l’agro-alimentaire.

Se tenir prêt à poursuivre l’action

Les responsables porcs de la FRSEA et de JA des Pays de la Loire sont conscients que leur combat est difficile et de longue haleine. Mais pour être encore éleveur demain, ils savent qu’ils n’ont plus d’autre choix que d’agir.
L’action de ce lundi était un avertissement au maillon de la salaisonnerie. Dès la fin de cette semaine, de nouvelles actions pourraient être programmées pour que tous les acteurs de la filière porcine se sentent concernés par la crise que subissent les
éleveurs. Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, rappelle aux éleveurs l’action viande bovine et les invite à rester vigilants : « Prenons l’exemple de la viande bovine. Le leader national, le groupe Bigard, refusait de siéger à l’interprofession bovine, bloquant son fonctionnement. Le blocage d’une dizaine de ses outils a permis un retour à la table des négociations du groupe Bigard et surtout, l’engagement de transparence sur les transactions et de mise en avant de VBF pour tirer les prix vers le haut. Dans le domaine porcin, les salaisonniers doivent respecter VPF. Nous devons être prêts à maintenir la pression sur tous les acteurs de la filière pour qu’enfin, les éleveurs puissent bénéficier d’un prix du porc vraiment rémunérateur ».
Mardi, en fin de la journée, le groupe Herta semblait avoir fait une légère avancée sur l’affichage de l’origine des viandes sur ses produits. Tout cela devra être confirmé d’ici la fin de la semaine.

CÉLINE JOLY, FRSEA

*Fict : Fédération des industries de la charcuterie-traiteur.

Conjoncture

Première urgence : le prix du porc

Le Comité régional porcin a fait le point sur les dossiers en cours suite à sa visite chez le préfet de Région et le voyage en Allemagne en septembre dernier.
Alors que se tenait, hier, à Inaporc, une réunion déterminante sur la position des salaisonniers, le Comité régional
porcin des pays de la Loire (CRP) est revenu, mercredi midi, sur les points essentiels qu’il estime devoir être traités pour sortir la profession de la crise qu’elle connaît depuis 2007. Il s’appuie notamment sur un récent voyage en Allemagne où le comité a pu constater le virage pris par la filière allemande en matière de restructuration, ainsi que le préconisait le rapport Porry en 2000. Virage qui n’a pas été pris en France.
Premier sujet, celui de la compétitivité. Les coûts de production en France, alors que la performance technique des élevages français n’a rien à envier à celle de l’Allemagne, supérieurs à la rémunération des élevages, entraînent un appauvrissement général. « La seule
solution, indique Jacques Lemaître, président du CRP, est la hausse des prix payés aux éleveurs, avec un équitable partage de marges ».
En l’occurrence, et c’est là un deuxième point à régler, l’attitude de la grande distribution est qualifiée d’ « indécente » et le CRP exige que l’État y mette bon ordre « s’il veut sauvegarder l’élevage français ». Les distorsions de concurrence sont un autre facteur aggravant au sujet duquel le commissaire européen chargé du marché intérieur, Michel Barnier, a été interpellé. Le CRP a également évoqué auprès du préfet de Région, rencontré le 17 novembre dernier, le dossier de la mise aux normes des élevages. La situation économique et les délais imposés (d’ici fin 2012) ont conduit la profession à réclamer un délai de mise à jour pour les élevages concernés.
Enfin, sur le plan sanitaire, la mise en place d’une interprofession au niveau régional a été évoquée.       

M.L.-R.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Anjou Agricole.

Les plus lus

Jean-Claude Bretault, 55 ans et Vincent Ory, 45 ans, associés de l'EARL de la Bouillère. Installés sur 150 ha, ils élèvent 75 truies en naisseur-engraisseur et 73 vaches laitières. Il y a un robot de traite depuis 2009.
Qui pour remplacer Jean-Claude ?
À l'EARL de la Bouillère à Mauges-sur-Loire (La Pommeraye), Jean-Claude Bretault a entrepris, avec son associé, une série de…
Yohann Serreau, producteur en Eure-et-Loir, président de l'Unell.
Ruptures de contrats avec Lactalis : "Une solution pour chaque éleveur à la fin de l'année"

Suite à la décision unilatérale de Lactalis d'interrompre la collecte auprès de 272 éleveurs,  l'Unell (Union nationale…

Nicolas Le Labourier, de Quatuor Transactions et Gwenaëlle Durand, de Cerfrance Maine-et-Loire, ont évoqué l'accompagnement à la transmission d'entreprise effectué par les deux structures partenaires.
Après 2 années favorables,  des temps plus compliqués
Cerfrance Maine-et-Loire a dressé la semaine dernière un bilan des résultats économiques de l'année 2023, les tendances pour l'…
Un ciné-débat sur les femmes en agriculture

Rencontre avec Valérie Gohier, ancienne agricultrice et aujourd'hui formatrice, qui témoignera à la soirée ciné-débat…

Patrick Pineau et sa fille Marie, de l'entreprise Atlantic Aviculture Services, installée à Tillières
Atlantic aviculture services prend son envol

Société créée en 2009 par Patrick Pineau, AAS (Atlantic aviculture services) continue, malgré les aléas sanitaires, à…

Maladie hémorragique épizootique en France.
Point sur la MHE et la FCO en Maine-et-Loire
Le Maine-et-Loire est largement touché par la MHE et dans une moindre mesure, la FCO8. Aucun cas de FCO 3 à ce jour.
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 176€/an
Liste à puce
Consulter l'édition du journal l'Anjou agricole au format papier et numérique
Accédez à tous les articles du site l'Anjou agricole
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter d'actualités
L’accès aux dossiers thématiques
Une revue Réussir spécialisée par mois