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Irrigation
L’accès à l’eau reste une priorité pour notre département

Au printemps 2023, le président de la République dévoilait son « plan eau ». Celui-ci comprenait entre autres la création de nouveaux stockages, sous conditions. Les choses ont-elles évolué depuis ? Des projets sont-ils sortis de terre ?

D’abord, je voudrais réaffirmer très clairement que l’accès à l’eau, dans le contexte de changement climatique que nous connaissons tous, reste une priorité pour notre département, et pas que pour l’irrigation, mais aussi pour l’eau potable. Donc de ce point de vue, les déclarations d’Emmanuel Macron nous vont bien. Cela étant dit, dans la pratique, nous ne voyons pas de nouveaux projets émerger dans le Maine-et-Loire, ou vraiment très à la marge, puisque nous butons toujours sur les mêmes contraintes réglementaires que sont les zones humides, auxquelles on ne peut pas toucher, et l’implantation à proximité immédiate des cours d’eau pour l’impact sur les nappes d’accompagnement. Le sujet des zones humides ne concerne d’ailleurs pas que l’agriculture. Il touche aussi l’industrie, l’habitat, etc. Donc on voit bien qu’entre l’intention politique et la pratique sur le terrain, pour le moment il y a un gap. C’est pourquoi depuis l’année dernière, nous avons mis en place un service au niveau de la Chambre d’agriculture, avec une méthodologie intéressante, qui consiste à accompagner les porteurs de projets à travers un premier diagnostic, une sorte de pré-étude. Ca permet à l’agriculteur de gagner du temps et de l’argent en évitant de s’engager sur une étude très coûteuse si on sait d’emblée que le projet n’a aucune chance de passer sur le plan réglementaire.

Le plan eau prévoyait également de développer la réutilisation des eaux usées. Est-ce que ça avance ?

C’est peut-être là que le travail va pouvoir s’engager le plus vite. L’opportunité me semble en tous cas intéressante à saisir, même si ça ne représentera jamais des gros volumes et ne s’adressera pas à tous les irrigants. Il y a aussi pas mal de « détails » pratiques à éclaircir, comme le sujet bactério qui risque d’être un frein à l’utilisation sur cultures alimentaires, mais aussi le sujet phytos. L’écriture du cahier des charges sera déterminante.

La gestion collective de la ressource, notamment à travers des OUGC*, est-elle appelée à se développer ?

Je l’appelle de mes vœux en tout cas. Le Maine-et-Loire a déjà un historique important sur ce sujet avec l’OUGC de l’Authion. Tout l’intérêt de cette gestion collective est vraiment d’avoir la connaissance des données et des besoins des irrigants du bassin. Pendant la période d’étiage ce sont des éléments qui nous aident à défendre le maintien des volumes, alors que dans les bassins où ça n’existe pas, on manque parfois d’éléments. Donc oui, c’est un outil d’avenir pour piloter l’irrigation sur un territoire. La création de l’OUGC Sarthe Aval est d’ailleurs sur les rails avec nos collègues sarthois, et devrait fonctionner effectivement en 2025. Nous militons par ailleurs pour que ça se fasse aussi sur le bassin de la Mayenne.

Outre l’accès à la ressource, la hausse des tarifs de l’électricité est aussi en train de devenir un frein à l’irrigation. Comment palier à ce nouvel écueil ?

Même si le prix de l’électricité a eu tendance à baisser ces derniers mois, il faut bien se dire qu’en effet, ce poste de charge va structurellement augmenter, pour l’irrigation comme pour l’ensemble des activités de nos exploitations d’ailleurs. Et les chances de retrouver les tarifs d’avant crises sont minimes. Sécuriser son système via l’irrigation coûtera donc plus cher sur le long terme. C’est pourquoi il est important que chaque agriculteur se pose les bonnes questions. Avant cette envolée du coût énergétique, on a toujours mis en avant l’irrigation comme un des premiers systèmes d’assurance récolte. Or aujourd’hui, en fonction du type de productions, selon qu’on irrigue plutôt des cultures spécialisées à forte valeur ajoutée ou des cultures fourragères pour sécuriser l’alimentation du cheptel, l’impact n’est pas tout à fait le même. Car cela dépend beaucoup de la capacité plus ou moins grande de chaque filière à répercuter ces coûts à l’aval. Pour moi, il est donc plus que jamais nécessaire d’étudier les chiffres de près avant de se lancer. De ce point de vue, le diagnostic « eau, sols et adaptation » annoncé par le président de la République dans son « plan eau » et qui sera intégré aux aides à l’installation pour tout nouveau jeune agriculteur me parait très pertinent pour permettre à chacun de partir avec les bons repères et d’adopter le meilleur assolement possible par rapport à son système et au bénéfice d’en irriguer une partie.

 

* Organisme unique de gestion collective

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