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Interview
Lait : maintenir des outils de régulation au niveau européen

Invité de la FDL pour la journée lait qui se tient ce jour, Stanislav Jas est chargé d’études au Copa-Cogeca.

Stanislav Jas :«  Il n’est plus possible que les producteurs continuent à être ce qu’ils sont aujourd’hui, à savoir la variable d’ajustement ».
Stanislav Jas :« Il n’est plus possible que les producteurs continuent à être ce qu’ils sont aujourd’hui, à savoir la variable d’ajustement ».
© AA

Quelle est la politique du Copa-Cogeca sur le dossier du lait ?
Stanislav Jas :
la priorité principale est un revenu plus équi-table pour les producteurs. C’est dans cet objectif que le Copa-Cogeca a notamment proposé une nouvelle forme de régulation du marché laitier communautaire. Cela s’appuie entre autres sur le maintien d’outils de sauvegarde (les filets de sécurité), tels que l’intervention, le recours au stockage privé. Mais aussi sur un nouveau cadre de négociation collective, dans le secteur laitier européen. Il n’est plus possible que les producteurs continuent à être ce qu’ils sont aujourd’hui, à savoir la variable d’ajustement.

Comment faire évoluer les choses ?
La loi. La loi doit permettre aux producteurs la possibilité de s’organiser et regrouper l’offre pour pouvoir négocier collectivement, de façon volontaire et en toute sécurité juridique, avec les acheteurs et les transformateurs. En fait partie la fameuse contractualisation, qui n’est pas la solution miracle mais un outil qui peut donner plus de visibilité, de transparence et d’assurance pour tous les partenaires. C’est d’ailleurs ce qui est recommandé par le groupe d’experts européens de haut niveau (voir ci-dessous).

Des mesures ne doivent- elles pas être prises pour compenser les distorsions de concurrence d’un pays à l’autre ?
Une harmonisation est, certes, souhaitable. Mais est-ce réaliste ? C’est bien sûr à l’Europe de niveler les distorsions de concurrence, car le danger serait, avec la réforme de la Pac, d’aller vers une renationalisation.
Quant à un prix du lait défini au niveau européen, ne rêvons pas. Les différences de pouvoirs d’achat sont telles, entre les
27 États-membres, qu’il serait illusoire de l’imaginer.

Que va-t-il se passer en 2015, après les quotas ?

L’après quota, c’est aujour-d’hui qu’il se construit. Cette voie qui repose sur une plus grande orientation vers le marché sans quotas laitiers, votée par deux fois par l’Union européenne, est assortie d’un engagement de soutien par l’Europe de renforcer la position des producteurs. Mais pour pouvoir suivre l’évolution du marché de manière efficace, nous aurons besoin d’informations transparentes, fiables, disponibles. C’est donc un observatoire des prix, dont nous avons besoin, mais aussi un observatoire des marges.

Pour vous, il y a urgence ?
Des propositions seront formulées d’ici la fin de l’année. Ces propositions devront ensuite être validées par le Conseil (gouvernements des 27 États-membres) et le Parlement. La rapidité de ce processus dépendra de la capacité des producteurs à convaincre leurs gouvernements nationaux et leurs euro-députés. Je pense que 2011 est une échéance envisageable. Cette échéance n’est pas anodine car le “paquet laitier” est mené de pair avec la réforme de la Pac, dont les propositions sont annoncées en 2013. Le secteur laitier a tout intérêt à voir les propositions validées avant.

Les producteurs de lait de Maine-et-Loire peuvent-ils être confiants dans l’avenir ?

Je crois pouvoir leur dire que oui. Les prévisions pour 2010 sont assez optimistes. Les exploitations, les structures, les outils de l’Ouest sont performants. La demande en produits laitiers va continuer à croître. Mais les démarches collectives sont essentielles pour capter de la valeur ajoutée. Je leur dis donc aussi : organisez-vous avec vos entreprises et n’oubliez pas que les consommateurs sont vos meilleurs alliés.

Propos recueillis
par Martine Leroy-rambaud

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