INTERVIEW
Lait : Un marché porteur et des prix soutenus
Alain Cholet, président de la FDL.
Un dossier spécial "Lait" de 9 pages, à découvrir dans l'Anjou Agricole du 8 juin.
Comment qualifieriez-vous la campagne laitière cette année ?
Alain Cholet : la conjoncture est très favorable et la campagne laitière française extrêmement dense. En France, on a un niveau jamais atteint depuis plus de 30 ans. Cela motive les producteurs et ils ont bien eu raison d'en profiter. Le contexte européen est à peu près similaire, à ceci près que leur progression est moins importante car ils étaient plus près de leur référence nationale. Seuls les pays de l'Est, encore mal structurés, avec des élevages sous équipés, sont un peu à la traîne, voire en légère diminution. Même schéma au niveau mondial.
Doit-on s'en inquiéter ?
Ce niveau de production ne présente pas de réel danger, car la demande reste très soutenue. Les principaux acheteurs de lait et de produits laitiers, l'Asie, la Russie et le nord de l'Afrique, vont maintenir leur demande. Les cours devraient se stabiliser ou légèrement remonter avec une fin d'année laitière à un prix "correct", c'est-à-dire légèrement inférieur ou égal au prix moyen de l'an dernier qui était de 324 euros les 1 000 litres.
Vous êtes donc plutôt optimiste.
Oui, car nos principaux acheteurs sont sur des taux de croissance élevés. Ceci dit, il reste des inconnues, comme les problèmes monétaires ou une crise sanitaire. Mais hormis ces facteurs sur lesquels on ne peut pas grand chose, le marché reste porteur.
Pourtant, certaines entreprises rencontrent des difficultés.
C'est exact. Il s'agit d'entreprises qui sont sur des marchés moins stables, avec des difficultés de commercialisation ou au rendement plus faible. C'est le cas du Glac. Et il faut espérer que les assemblées générales globale et de secteur valideront, en juin, le projet de fusion. Certes, cela nécessitera d'améliorer la commercialisation des produits. Les coopérateurs devront peut-être participer à cet effort. Et le syndicalisme veillera que ce ne soit pas à fonds perdus. Le marché porteur a aussi "saturé" les outils de transformation. Et, du coup, le lait spot a été extrêmement dévalorisé. Les structures qui étaient sur ce créneau en font les frais aujourd'hui et doivent essayer de contractualiser leurs débouchés.
Les volumes différenciés ont maintenant deux ans d'expérience. Qu'en pensez-vous ?
Les producteurs concernés par les deux entreprises, Laïta et Sodiaal, semblent plutôt réceptifs à cette proposition. Il faut dire que le prix B était quasi équivalent, voire supérieur au prix A. Mais les bilans sont mitigés. Sur un système Sodiaal très compliqué, auquel s'ajoute la saisonnalité, certains producteurs ont un volume A payé plus bas que la référence de début d'année. Il y a moins d'incidence chez Laïta, avec une moindre valorisation du prix B. Cette double tarification est cohérente avec des cotations de produits industriels élevées. Ce le sera moins lorsque ces cotations vont baisser. D’où l'importance de bien avertir les producteurs qui auront alors le choix de produire ou pas. Quoi qu'il en soit, la FNPL réclame que ce
système de double volume soit cadré au niveau de l'interprofession.