Dossier Lait
Le lait, l’argent du lait et le sourire du californien
En Californie, premier état producteur de lait des États-Unis,
les élevages comptent en moyenne de 1 000 à 25 000 vaches.
USA
Chez Steve Maddox, dans le comté de Fresno, à Riverdale, on est éleveur laitier de père en fils. « Ma grand-mère aimait les vaches, raconte-t-il, elle a appris à mon grand-père à les aimer ». Mais le profil de l’exploitation a quelque peu évolué. Ses grands-parents en avaient quelques-unes. Lui en compte désormais 3 500. Une exploitation à l’image de ces “dairy” qui font de la Californie le principal état laitier des États-Unis : 20 % de la production nationale (17 milliards de kilos) y est produite. « Il y a trente ans, j’étais le seul. Aujourd’hui, ce type d’exploitations est devenu courant, avec des cheptels variant de 1 000 à 25 000 vaches ».
La reproduction est assurée en interne par une station de taureaux mise en place il y a une dizaine d’années. Les génisses sont inséminer à partir de 14 mois. Une orientation prise « pas uniquement pour des raisons économiques, mais afin de mieux contrôler la génétique ». Une activité de vente d’embryons et d’animaux a été développée.
S’il connaît les chiffres - « la production moyenne par jour, nous indique-t-il, est de 125 000 litres » -, Steve Maddox a confié le suivi du troupeau à Juan, son “responsable lait”, lequel assure la gestion du troupeau et du personnel. La plupart des salariés (190 personnes dont une soixantaine pour le troupeau laitier, seulement 6 femmes pour l’ensemble de l’exploitation) viennent du Mexique, les vétérinaires du Brésil. La politique salariale se veut sociale : « Protection santé, retraite, formation, intéressement, vacances » au bout d’un an de travail pour un salaire minimum de 8 dollars brut, auxquels il faut ajouter 9 % de charges patronales. La part salariale représente 6 %. La durée hebdomadaire du travail peut aller jusqu’à 60 heures. La ration de base (ensilage de maïs + luzerne + concentrés et adjuvants) est adaptée en fonction des vaches (en moyenne trois lactations) avec refus aux génisses et aux vaches taries. L’exploitation est équipée de station de traitement avec épandage des boues stockées.
Le lait est vendu à la coopérative, dont Steve Maddox a été administrateur. Le prix de base moyen varie de 0,28 à 0,35 dollar/litre. Quand on l’interroge sur le prix, Steve Maddox sourit : « Ce n’est jamais assez cher payé, mais on sait que 0,5 % de la production fixe le prix ». Ici, pas de quotas, mais on connaît les retombées de la surproduction. Questionné, l’éleveur évoquera à peine les éventuels problèmes sanitaires, préférant indiquer que « la vaccination coûte moins cher que les traitements ».
Chez Steve Maddox, les 3 500 vaches prim holstein traites trois fois par jour (sur 4 zones de 30 emplacements) ne représentent qu’une partie de l’exploitation. L’agriculteur possède en propre 4 000 hectares sur lesquels 1 750 hectares sont dévolus à l’alimentation des bovins (750 en maïs et 1 000 pour la luzerne). Parallèlement, 1 500 hectares de vignes et des amandes sur 750 hectares, « ce qui me rapporte le plus », constate Steve Dairy, « car cette production provient à 80 % de la Californie, on peut donc contrôler le marché ». N’empêche qu’il gardera le troupeau de vaches, par tradition familiale peut-être, et aussi parce que c’est sa passion. Une passion transmise à son fils de 26 ans à qui il tarde, admet Steve Maddox, de prendre les rênes. D’autant que les États-Unis ne renoncent pas, selon lui, à exporter un jour vers l’Union européenne.
M.L.-R.
Maine-et-Loire
La dynamique normande
Défendue par de jeunes éleveurs motivés, la race retrouve un regain d’intérêt.
La normande a vu ses effectifs se réduire un peu ces dix dernières années, suivie de près, mais jamais dépassée, par la montbéliarde (deuxième race au niveau national). « Si le nombre d’animaux diminue, c’est aussi que les vaches sont de plus en plus productives », explique Joseph Lambert, le président du syndicat normand 49. La normande reste la deuxième race laitière après la prim’holstein en Maine-et-Loire, avec 150 élevages qui réalisent plus de cinq inséminations. Parmi ces élevages, on en compte 56 de race pure, suivis par l’OS. Des projets de “normandisation” de troupeaux mixtes sont aussi en cours. La normande a des atouts à faire valoir : les vaches, assez rustiques pour des laitières, s’adaptent bien à tous les systèmes d’élevage, extensifs comme intensifs. Les taux élevés et le caractère mixte intéressent les agriculteurs à la recherche d’une meilleure valorisation de leurs produits lait et viande. « À deux, avec un quota de seulement 340 000 litres de lait mais une grosse référence matière grasse, de 48,2, on parvient à faire face aujourd’hui », explique Vivien Piou, du Gaec Piou-Toublanc de Botz-en-Mauges. Attaché à la promotion de la race, « sans être sectaire pour autant », cet agriculteur installé en mars 2010, fait partie de la jeune génération d’éleveurs très mobilisés pour la promotion de la normande. Un groupe soudé se retrouve au sein des concours d’animaux, Chemillé, le Space, le Salon de l’agriculture (où une vache du Gaec Piou Toublanc a remporté le prix d’honneur jeune cette année). En octobre, à Cournon-d’Auvergne, cinq élevages de Maine-et-Loire participaient à un concours organisé pour la première fois par Créavia dans le cadre du Sommet de l’élevage, et destiné à promouvoir la race. Vivien Piou y est descendu avec sa vache Tabrise (photo). Cinq heures et demie de route, trois jours d’absence de l’exploitation, une longue préparation en amont… un tel déplacement est un investissement et exige des sacrifices, mais pour le jeune éleveur, la promotion fait partie intégrante du métier. « Quand une vache du Maine-et-Loire gagne un concours, nous sommes tous contents. Il n’y a pas d’esprit de compétition entre éleveurs », confie-t-il. Le groupe d’éleveurs organise aussi des journées de rencontres et des visites d’élevages dans d’autres départements.
Signe encore de cette dynamique, la participation pour la première fois de jeunes du Maine-et-Loire à l’école normande des jeunes éleveurs, dont une session s’est déroulée cette semaine en Ille-et-Vilaine. Plusieurs Angevins de 16 à 25 ans, stagiaires ou fils d’éleveurs, s’y sont déplacés. « Leur rôle est indispensable dans les concours, estime Vivien Piou. C’est grâce à leur présence et à leur aide que des éleveurs plus âgés se remotivent. » Cette année, au Festi’élevage de Chemillé, 17 élevages contre 12 en 2009, sont venus avec 72 animaux.
S.H.
Dans l'Anjou Agricole du 29 octobre, retrouvez la totalité des articles du dossier Lait :
Ferme des Trinottières : La simplification au menu des génisses à inséminer.
Fourrage : Les mélanges céréales-protéagineux immatures.
Équipements : Les capteurs améliorent le suivi du troupeau.