Climat
Le manque d'eau menace à nouveau les exploitations
Le printemps sec a accéléré les ensilages d'herbe, perturbé les semis et menace le bon déroulement de la saison. Premier état des lieux dans tous le département du Maine-et-Loire.
Manquera-t-on d'eau cet été pour les cultures ? La situation hydrologique, relatée dans le dernier bulletin du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) de début avril, confirme ce que les agriculteurs ont constaté dans leurs champs : le printemps sera sec. Un épisode qui touche la région et le département avec des conséquences déjà prégnantes, comme pour le blé ou les ensilages. "L'Ouest fait partie des régions les moins bien loties", précise le bulletin du BRGM. Déjà, en Poitou-Charentes, des mesures de restriction ont été annoncées.
Les agriculteurs se seraient bien passés de cette nouvelle difficulté, eux qui se remettent à peine de la sécheresse 2010 qui a débouché sur une procédure calamités agricoles (voir ci-après). Les ensilages d'herbe ont été réalisés en avance. Les premières estimations révèlent une récolte peu généreuse : "Une année un peu plus faible que la normale, mais de bonne qualité", estime par exemple Jean-Paul Piet, éleveur dans les Mauges. Les bêtes ont été remises à l'herbe de bonne heure, permettant de ménager la paille de la litière et le foin. Mais "l'herbe ne repousse pas, faute d'humidité suffisante, et risque de manquer". Même inquiétude pour les semis de maïs. "En trente-cinq ans, jamais on n'avait sorti les semoirs aussi tôt", relève Jean-Paul Piet. Toute la question est aujourd'hui de savoir quelle conduite adopter pour la suite. "On vit dans l'incertitude", constate Pascal Laizé, de la Vallée. Sur les terres non irriguées, faut-il semer du maïs sur le ray grass et prendre le risque de ne pas le voir lever ? Comment semer sur les terres argileuses ? " L'agriculteur est aujourd'hui confronté à des choix avec une inconnue majeure : la météo". Quant aux assurances récolte, souscrites avant le 15 avril pour les nouveaux contrats ou d'ici le 30 avril pour les renouvellements, elles prévoient la franchise de 25 % sur le produit brut.
Que réserve l'avenir ? "On a déjà connu de telles situations, se rappelle Pascal Laizé et parfois, les mois de juin et juillet sont venus corriger les déficits". Il n'empêche. Déjà des tensions se font sentir sur les approvisionnements en paille. Dans ce contexte, la FDSEA, lors de son dernier conseil d'adminis-tration, s'est interrogée sur l'opportunité de relancer une opération paille.
M.L.-R.
Sécheresse et raréfaction de l’eau
La Commission proposera un plan de sauvegarde en 2012
La Commission va proposer pour 2012 un plan de sauvegarde des eaux européennes portant sur plusieurs points : l’utilisation rationnelle de l’eau dans l’agriculture et l’environnement urbain, une meilleure planification de l’utilisation de l’eau, des instruments d’action appropriés comme la tarification et la répartition de l’eau. L’intégration de la directive cadre européenne d’octobre 2000 dans la future conditionnalité des aides Pac sera mise en place une fois que la directive aura été mise en œuvre dans les États- membres et que les obligations des exploitants agricoles auront été définies, indique la Commission. Elle a en outre lancé une étude sur l’utilisation de l’eau dans l’agriculture et les possibilités d’y réaliser des économies. De plus, la Commission a lancé une évaluation des Sdage (Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux) présentés par les États-membres et publiera un rapport en 2012. Le rapport bruxellois souligne par ailleurs le manque d’infor-mations fiables sur les pénuries d’eau et leur répartition géographique. Côté financement, le rapport préconise des mesures non contractuelles, annuelles et généralisées pour l’agriculture. Enfin, il indique que le dernier bilan de santé Pac a conduit à la généralisation des procédures d’autorisation de prélèvement pour l’irrigation, la majorité des États-membres utilisant un mécanisme de restriction, comme la France.
ACTUAGRI
Calamités agricoles
Le logiciel ne connaissait pas les génisses
Les téléphones de la FDSEA et de la Chambre d’agriculture ont été en surchauffe vendredi dernier après le passage du facteur. En effet, l’instruction des dossiers calamités agricoles étant terminé, la DDT a procédé à la notification par courrier de plus de 1 000 dossiers refusés. Et surprise, nombre d’éleveurs ayant effectué une simulation avec la grille de calcul FDSEA ne parvenaient finalement pas à passer le seuil de perte fatidique des 13 %, comme cet éleveur viande bovine de Valanjou : “J’avais fait mon estimation de calcul sur le site internet de la FDSEA et j’arrivais à 16 % de perte. La DDT m’a notifié 11,38 %”. Restait à savoir d’où venait l’erreur. La FDSEA a donc pris contact immédiatement avec la DDT afin de comprendre d’où venaient ces écarts de calcul.
Et en analysant quelques cas, on s’est vite aperçu que dans le logiciel d’instruction des dossiers, il n’avait été comptabilisé aucune EVL (Équivalence vache laitière) pour les génisses de remplacement (au lieu de 0,8 EVL). Et cela a une conséquence énorme dans le calcul du chargement, qui lui-même influe sur la perte réelle de l’exploitation. La DDT a renvoyé dès lundi un courrier à plus de 300 exploitations pour leur signifier qu’une erreur de traitement était survenue et qu’il était procédé à une rectification de leur dossier. En clair, ces 300 dossiers redeviennent éligibles.
Ceux qui n’ont pas été destinataires de ce deuxième courrier et qui émettent des doutes sur l’instruction de leur dossier, ne doivent pas hésiter à déposer un recours par courrier à la DDT. Le Maine-et-Loire a obtenu la reconnaissance en calamités agricoles en décembre grâce à l’action de la FDSEA et de la Chambre d’agriculture. 2 200 dossiers ont été déposés et les principaux bénéficiaires sont les exploitations viande bovine.
On estime le montant moyen de l’aide à plus de 3 000 € par exploitation.
D.B.
Eau
Le département en déficit depuis le début de l’année
Le département est en déficit constaté depuis le début de l'année, selon le BRGM. La pluviométrie est estimée, sur l'ensemble du département, de 20 à 50 % en deçà des moyennes habituelles. L'état des écoulements des cours d'eau confirme la situation avec des débits inférieurs de 50 % à leur valeur moyenne. La recharge des nappes a beaucoup de mal à s'effectuer correctement. Pour ce qui est des réserves, Rillé, au 4 avril 2011, affiche un taux de remplissage de 74 %. Sur le Ribou-Verdon, à la même période, le volume disponible de 12,7 mm3 équivaut à un taux de remplissage de 71 % . "À ce stade, le niveau ne va pas s'améliorer", prédit Pascal Laizé. On considère que les cultures de blé pourraient manquer d'eau dès ce mois d'avril. La situation n'est pas limitée à la France et l'Ouest. État de crise aux USA dans les États du Texas, de l'Oklahoma, du nouveau Mexique… "Le climat freine les semis de printemps et dégrade les blés", indique le rapport crop progress du 18 avril.