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Le pâturage tournant dynamique, pour optimiser ses prairies

Entretien avec Mathieu Bessiere, spécialiste pâturage tournant dynamique pour la société de conseil indépendant Rhizobium, basée à Perpignan.

© AA

De plus en plus, lorsque l'on parle d'agriculture dans le débat public, la prairie est mise en avant. Stockeuse de carbone, refuge et réservoir de biodiversité, maintien de paysages ouverts... Au-delà de son aspect bucolique, la prairie est un outil de travail primordial pour l'éleveur, qu'il convient d'entretenir à moyen et long terme. Dans la mouvance agroécologique, le pâturage tournant dynamique (PTD) vise à optimiser la gestion globale du système de pâturage.

>> Qu'est-ce que le PTD exactement ?
Mathieu Bessiere : souvent, lorsqu'on pense au PTD, on pense au découpage parcellaire, en micro-parcelles de pâture, où les animaux vont tourner rapidement. Mais derrière ce terme, il n'y a pas uniquement le fait de découper ses parcelles. Cela consiste à avoir le pâturage le plus performant possible tout en préservant le potentiel de production des animaux. Il faut considérer trois éléments principaux qu'il convient de mettre dans les meilleures conditions : le sol, la plante et les animaux. Le PTD permet de garder les prairies productives plus longtemps. Le découpage parcellaire n'est qu'un outil facilitant cet objectif. Cela permet d'anticiper les périodes de crises et de se donner les capacités d'y répondre, d'augmenter sa résilience.


>> Quelles sont les principales règles pour mettre en place le PTD sur son exploitation ?
Pour la date d'entrée dans la parcelle, souvent en pâturage "classique", c'est la hauteur de l'herbe qui prévaut en tant qu'indicateur. En PTD, on observe le stade des plantes, qui est plus précis et plus simple à évaluer. En fonction de la flore présente dans la parcelle, on estime la bonne date d'entrée. Pour une graminée classique, le stade 2 feuilles et demi semble le meilleur, alors que pour un dactyle c'est un peu avant, juste après 2 feuilles. Pour la hauteur de sortie, on part du principe que les animaux ne doivent brouter l'herbe qu'une seule fois. Au 1er passage, seul le limbe est consommé, et non la gaine. En laissant la gaine, on protège le sol et on permet à la plante de mieux repartir pour la suite, et donc de garder la prairie plus longtemps productive. L'idéal est de ne pas dépasser trois jours sur la parcelle, mais on conseille entre 24 h et 48 h. Une fois hors de la parcelle, tout le jeu est d'estimer la vitesse de rotation à adopter de manière à respecter ces règles. Pour le chargement, cela dépendra de la surface de l'éleveur, du type d'animaux, de la production de la prairie... Il faut vraiment voir le PTD comme une manière d'optimiser sa prairie.


>> Y-a-t-il des inconvénients ou désavantages à mettre en place le PTD ?
La principale contrainte que j'y trouve est la gestion des abreuvoirs. La multiplication des parcelles peut engendrer plus de travail de ce côté-là, mais c'est largement compensé par la facilité d'utilisation d'un parcellaire bien découpé ! Les clôtures, une fois installées, on n'y touche plus. Mais le PTD est une innovation, et comme toute innovation cela peut rebuter. Une exploitation qui a une faible assise économique, ou un éleveur qui a peu de temps, sont moins enclins à mettre en place des innovations sur leur ferme. Nous accompagnons les agriculteurs, et en une année cela peut être mis en place. Mais on constate que ce n'est pas simple pour tout le monde. De plus, certaines prairies sont en mauvais état. Une prairie compactée, après mise en place du PTD peut mettre entre 3 et 5 ans avant de retrouver une qualité correcte. Pour une prairie qui a perdu sa matière organique, cela se compte en décennie.

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