FIlière pigeon
Le pigeonneau freiné par la crise aviaire
Avec deux cas d’influenza aviaire dans la région, le pigeonneau a été peu touché directement par la pandémie. Mais celle-ci a un impact sur une filière déjà fragilisée, explique Jean-Luc Boyer, directeur de l’activité sélection (Euro-Pigeon) chez Grimaud Frères et secrétaire de l’Urepp, Union régionale des producteurs de pigeons de chair.
Avec deux cas d’influenza aviaire dans la région, le pigeonneau a été peu touché directement par la pandémie. Mais celle-ci a un impact sur une filière déjà fragilisée, explique Jean-Luc Boyer, directeur de l’activité sélection (Euro-Pigeon) chez Grimaud Frères et secrétaire de l’Urepp, Union régionale des producteurs de pigeons de chair.
Dans quelle situation se trouve la filière pigeonneau ?
La filière était en très bonne santé avant le Covid, avec une demande soutenue pour ce produit festif et qualitatif. L’épisode Covid a été catastrophique, car 85 % des débouchés du pigeonneau se situent dans la restauration. Cela a fragilisé la trésorerie des exploitations, et cela a freiné la dynamique de renouvellement des cheptels. Nous avions repris espoir début 2022, lorsque la grippe aviaire est arrivée dans la région...
En quoi l’influenza aviaire a-t-elle impacté le pigeonneau ?
Les éleveurs ont toujours pu apporter leurs pigeonneaux à l’abattoir, et en cela nous avons été beaucoup moins impactés que d’autres espèces. Toutefois, pour pouvoir livrer ces pigeonneaux, les éleveurs doivent réaliser des tests sur leur lot avec 60 écouvillons, ainsi qu’une visite vétérinaire. L’impact financier est lourd, car dans notre filière, les éleveurs livrent chaque semaine à l’abattoir. Sur 2 000 euros de pigeonneaux livrés, un éleveur peut avoir 1 000 euros de frais ! Nous avons fait remonter cette problématique et nous avons eu une écoute positive de la part des Départements, de la Région, des DDPP. En Vendée et en Maine-et-Loire, une dérogation a permis de baisser le nombre de tests obligatoires à 20 par semaine. Le coût des écouvillons est pris en charge par le Département de Vendée et une demande est en cours dans le même sens en Maine-et-Loire.
Combien d’élevages ont été touchés directement par la maladie ?
Deux cas ont été identifiés, l’un lors d’un contrôle de routine et l’autre suite à l’apparition de symptômes. De février à avril, aucun cas n’est apparu, ce qui montre que le pigeon est un animal très résistant au virus.
Quel impact a la crise aviaire sur le maillon sélection ?
Chez Grimaud Frères, l’activité Euro-Pigeon que je représente vend d’habitude 30 000 couples à l’année, en France et à l’international. Or, toutes ces ventes sont à l’arrêt depuis le 8 mars, puisque les mouvement d’animaux sont interdits, hormis pour l’envoi à l’abattoir. En attendant que ces mouvements soient ré-autorisés, nous stockons. Pour les élevages, cela empêche le renouvellement des cheptels. En pigeons, ceux-ci sont en effet renouvelés d’un tiers ou d’un quart par an. Par conséquent, les élevages sont amenés à pratiquer de l’auto-renouvellement. Cela ampute d’autant les volumes livrés en abattoir, alors même que ceux-ci sont à la recherche de pigeonneaux.
Cela cause un appauvrissement génétique des élevages et cela nous met en difficulté en tant que sélectionneur. Nous sommes confrontés, comme tous les élevages, à une forte hausse des charges. Nous espérons juste que cette situation ne durera pas 6 mois...
Quand espérez-vous que la situation se débloque ?
Même si c’est un peu moins vrai depuis quelque temps, la consommation de pigeonneau reste principalement concentrée sur les fêtes de fin d’année, la Saint Valentin et Pâques. Lorsqu’on met en place un couple adulte, il faut compter 4 à 5 mois avant d’abattre les premiers pigeonneaux. Ce qui veut dire qu’il faudrait dans l’idéal, que le renouvellement soit effectué en juillet, août, ou au plus tard en septembre dans les élevages. En plus, la demande pourrait s’accentuer un peu du fait du manque de viande de canard en fin d’année.
Propos recueillis par S.H.
Plus d'infos sur : https://www.pigeonneau.fr/