Le retour des gelées d’avril rappelle le scénario 2021
Le Maine-et-Loire n'a pas échappé aux gelées de ce week-end. Arboriculteurs et viticulteurs ont déployé leur arsenal anti-gel pour sauver leur production. Difficile encore de mesurer l’ampleur des dégâts
Le Maine-et-Loire n'a pas échappé aux gelées de ce week-end. Arboriculteurs et viticulteurs ont déployé leur arsenal anti-gel pour sauver leur production. Difficile encore de mesurer l’ampleur des dégâts
Aucun secteur du département n’a été épargné par le gel ce week-end. Les arboriculteurs ont particulièrement dû mettre en place des dispositifs de lutte anti-gel pendant 2 nuits : celle du samedi 2 au dimanche 3 avril et celle du dimanche 3 au lundi 4 avril. Cette nuit-là, les températures sont descendues jusqu’à - 6°C dans l’est du département...
A Ste Gemmes-sur-Loire, les Vergers Bellard-Crochet ont tiré les leçons des épisodes de gel d’avril 2021. La micro-aspersion couvre près de 60 % de la surface. « Depuis l’an dernier, nous avons augmenté de 3,4 ha la surface de micro aspersion », explique Edith Emerau, l’une des associés de l’exploitation. Tours anti-gel et bougies complètent le dispositif anti-gel de l’exploitation. Presque la totalité des 45 ha de verger répartis sur 2 sites différents peut être protégée. « L’an dernier, nous avons dû intervenir une dizaine de nuits, se souvient-elle. Nous n’étions pas structurés et cela avait engendré de la fatigue dans nos équipes. » Comme le gel revient de manière récurrente, les vergers ont décidé de mieux se structurer. « Dorénavant, nous avons des équipes avec 2 niveaux d’intervention. L’équipe de base composée de 3 personnes s’occupe de la mise en place de l’aspersion et des tours anti-gel sur Bouchemaine puis sur St Gemmes sur Loire. S’il y a besoin d’allumer les bougies, l’équipe de base appelle l’autre équipe pour venir en renfort. » L’idée étant avec cette nouvelle organisation de préserver les équipes et d’intervenir de manière plus efficace. Toutes les équipes sont intervenues les 2 nuits. « Les effets de la protection sont visibles mais on ne peut pas encore mesurer... Il y a l’aspect quantitatif puis qualitatif que nous ne mesurerons qu’au moment de la récolte... »
Des dégâts en Pink Lady
L’arboriculteur de Mouliherne, Nicolas Hervé, reste aussi prudent sur les premières estimations de dégâts. Sur 85 ha, il produit des pommes et des poires. La moitié de la surface est couverte de moyens de lutte. « Là où il y a de l’aspersion, il n’y pas de dégâts ». Mais les tours éoliennes et les bougies n’ont probablement pas été suffisantes pour remonter la température dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 avril. « On est descendu jusqu’à - 5,5°C. » Sur les surfaces non protégées, les dégâts sont réels. « En Pink Lady, 60 à 70 % des fleurs ont gelé », déplore l’agriculteur. C’est un coup dur pour l’arboriculteur qui l’an dernier n’a récolté que 1 800 t de pommes contre un potentiel de 3 000 t. 30 % étaient partis à la transformation. « On ne pourra pas se permettre de vivre la même chose une année supplémentaire...»
Des poires plus sensibles
Au Verger des clos à Trélazé, Jean-Laurent Laval produit principalement des poires sur les 12 ha de l’exploitation. « Le stade phénologique était avancé pour certaines variétés comme la conférence et la williams. Elles sont sensibles au gel entre - 1°C et 1,5°C. On est descendu à - 3,5°C... » L’aspersion et des bougies permettent de protéger la moitié du verger. « Tout a été déployé dans la nuit de dimanche à lundi. Cela a permis de limiter les dégâts. » Mais sur les surfaces sans protection, l’agriculteur n’est pas optimiste. « Certaines variétés ont 100 % gelé. Pour d’autres, comme la comice ou la sweet tentation, je suis moins pessimiste. » Echaudé par l’épisode de gel en 2021, l’arboriculteur va redimensionner son réseau d’irrigation pour pouvoir faire de l’aspersion sur davantage de surface en simultané. « J’ai suffisamment d’eau pour me le permettre ».
Tous les arboriculteurs restent « sur le pied de guerre tant que le mois d’avril n’est pas terminé », note l’agriculteur de Trélazé. « Les alertes des stations météo sont toujours prêtes à sonner pour qu’on puisse intervenir si besoin », complète Nicolas Hervé.