« Les agricultrices d'aujourd'hui choisissent le métier »
À l'occasion de la Journée de la femme, dimanche 8 mars, Jacqueline Cottier, présidente des Commissions des agricultrices FDSEA49 et FNSEA, revient sur l'évolution de la place des femmes dans l'agriculture et les combats qui restent à mener pour leurs droits, dans le secteur agricole.
Quel sens donnez-vous au 8 mars dernier ? La journée de la femme permet de mettre à l'honneur toutes les femmes. Nous sommes quantité de femmes différentes : des femmes actives, déterminées, poursuivant une carrière professionnelle ; des femmes qui savent conjuguer vie familiale et vie professionnelle ; des femmes engagées dans les associations, dans les communes, au sein du syndicalisme, dans les OPA. Aujourd'hui, nous osons. Nous avons beaucoup d'énergie et de projets. Le 8 mars a été l'occasion de célébrer cette énergie.
Quelle est, selon vous, la place des femmes dans l'agriculture française aujourd'hui ? Contrairement au passé, les agricultrices d'aujourd'hui choisissent le métier. Il est plus simple d'être agricultrice grâce à la modernisation et l'amélioration de nos conditions de travail. Les femmes occupent une place de plus en plus grande. Je pense que cette tendance va se maintenir voire progresser. En 2010, les filles représentaient 52 % des effectifs en formation agricole et 41 % des nouveaux installés étaient des femmes.
Quels sont les chantiers actuels et futurs sur lesquels vous travaillez pour les droits des femmes ? La CNA (Commission nationale des agricultrices) poursuit son travail de sensibilisation auprès des ayants-droits d'exploitants. 15 000 femmes qui travaillent sur les exploitations agricoles n'ont toujours pas de statut social et juridique. Il s'agit d'une vraie problématique : que leur arrivera-t-il en cas d'accident, en cas de décès du conjoint ou lorsque viendra l'âge de la retraite ? Souvent les gens pensent qu'il s'agit de femmes âgées qui n'ont pas pu bénéficier d'un statut au début de leur carrière et qui à quelques années de la retraite ne souhaitent pas « s'embêter ». Or, la plupart des ayants-droits qui n'ont pas de statut ont moins de 40 ans. Sur le même thème, nous poursuivons un travail d'incitation à la prise du congé maternité pour les agricultrices. Encore trop d'agricultrices ne s'arrêtent pas lors de la naissance des enfants. Nous réaffirmons également notre demande concernant la forfaitisation de la bonification pour enfants. Aujourd'hui, les retraités ayant élevé plus de trois enfants bénéficient d'une forfaitisation qui s'élève à 10 % de leur retraite. C'est une situation très injuste envers les femmes d'agriculteurs, qui ont des retraites parmi les plus basses en France avec 540 EUR par mois à carrière complète. La Commission travaille aussi à améliorer la représentativité des femmes au sein des instances agricoles. Nous sommes des acteurs de l'agriculture, nous nous devons d'être présentes au sein des organisations qui nous représentent. Enfin, afin de favoriser l'accès à la formation agricole pour les jeunes, nous travaillons à une sensibilisation auprès des exploitants pour qu'ils ouvrent leurs fermes aux filles en tant que stagiaires ou apprenties. Encore trop souvent, des jeunes filles sont obligées d'arrêter leur formation car elles ne trouvent pas de maître de stage ou d'apprentissage.
Vous êtes agricultrice et responsable syndicale. A quoi ressemblent vos journées ? Agricultrice et responsable syndicale est un engagement enrichissant ; c'est également un vrai challenge en matière de gestion du temps. Mes semaines et journées de travail sont planifiées en fonction de mes déplacements en tant que présidente de la CNA. Par exemple, il m'arrive bien souvent d'aller à la traite le matin, de partir en réunion départementale puis de revenir pour la traite du soir et prendre soin de mon élevage de volailles Label. Lorsque j'ai des réunions à Paris, quasiment tous les mercredis ; je fais appel au service de remplacement. Et j'optimise au maximum ces journées. Souvent, j'ai plusieurs réunions et rendez-vous dans la même journée. Je suis en réunion à la FNSEA, je passe discuter des avancées de la Commission des Agricultrices avec notre animatrice, je repars en rendez-vous. En étant à deux heures de Paris en TGV, cela reste gérable. De plus les moyens de communication permettent de travailler à distance plus facilement. Et en toute situation, je reste une agricultrice. Je tiens à être présente et active sur notre exploitation.