Froid
Les conséquences du gel en maraîchage, horticulture et pépinières
Les cultures maraîchères de plein champ sont très endommagées. La situation financière des producteurs est critique.
Les conditions climatiques de ces dernières semaines ont provoqué des dommages.
En cause, l'épisode neigeux, qui a persisté pendant près de quinze jours alors que le sol était gelé. "Toutes les cultures de pleine terre sont touchées", relate Pascal Beaujean de Sainte-Gemmes-sur-Loire. Sur le Gaec de 60 hectares, un quart est réservé à la culture des poireaux. Sur les cinq hectares encore plantés, on voit nettement, sur les feuilles vertes, des taches et des traînées blanchâtres sur les parties touchées par la neige. Les endroits protégés sont indemnes. Les fûts des poireaux ne semblent pas avoir souffert. Que faire de cette production ? "Il faut nettoyer tous les poireaux, un à un, les ébarber pour les rendre commercialisables", reprend le producteur. Sous le hangar, une dizaine de personnes s'affaire au nettoyage, le double du besoin habituel. "On a trouvé du monde rapidement, grâce au groupement d'employeurs auquel on adhère", explique-t- il. Une fois enlevées les feuilles abîmées, les poireaux ont subi une singulière cure d'amaigrissement. "Le rendement est divisé par deux, calcule le maraîcher. On compte 45 tonnes à l'hectare en période normale, là ça fera à peine 25 tonnes à l'hectare. Même si les cours sont meilleurs, la perte de rendement ne sera pas compensée". À ce manque à gagner s'ajouteront les coûts de main- d'œuvre liés au nettoyage des légumes. Le maraîcher s'inquiète aussi d'éventuels problèmes sanitaires qui pourraient apparaître sur ces légumes fragilisés.
La neige et le gel ont également touché la production de choux frisés. Là, aucune solution en vue sinon le broyage. "Il restait un hectare de choux sur les cinq hectares plantés", constate Pascal Beaujean, "tout est brûlé jusqu'au cœur".
Maraîchage : un chiffre d’affaires en berne
“Les produits qui ont également le plus souffert sont les légumes bottes comme l’oignon, le radis, le navet… Les pertes sont considérables notamment en radis ou plus de 600 000 bottes ne pourront être récoltées et ce, rien que pour notre coopérative. Sur les semis d’automne d’oignons blancs et d’échalions elles pourraient même atteindre les 100 %”, explique Cédric Marchand, producteur à Fleuron d’Anjou.
Les pertes de chiffre d’affaires pour la filière dépasseraient le million d’euros et les perspectives pour le mois de mars ne sont pas optimistes. “Malgré des prix rémunérateurs pour la plupart des produits, nous manquons de marchandises. Cette situation risque de durer car nous savons d’ores et déjà que les trois semaines de retard dans les semis de légumes primeurs vont réduire de 60 % nos volumes de vente jusqu’à fin mars”, poursuit Cédric
Marchand.
Les trésoreries des exploitations sont au plus bas et “d’ores et déjà, nous avons alerté les partenaires bancaires et la MSA des difficultés rencontrées par la filière pour solliciter un suivi bienveillant des dossiers. Nous avons également rappelé l’urgence de la mise en paiement des aides octroyées dans le cadre du plan de soutien de septembre dernier qui ne sont toujours pas versées”, explique Michel Masse, président de la section légumes de la FDSEA.
Horticulture-pépinières : des livraisons perturbées
En horticulture et pépinières, le froid et la neige ont perturbé le bon déroulement de la commercialisation. “Les plantes de pleine terre bisannuelles avaient pris un mois d’avance de végétation du fait de la douceur du climat, explique Claudine Oger, de Géoflor, à Tiercé. Le froid et la neige, puis ensuite les barrières de dégel ont stoppé les livraisons pendant une quinzaine de jours, un retard qu’il faut maintenant rattraper. Certaines plantes comme des primevères avaient fleuri et se sont abîmées. Un certain nombre va aller au compost.” Le froid va faire augmenter les factures d’énergie, certains horticulteurs ayant, par exemple, dû chauffer des serres afin que la neige fonde et n’endommage pas les toits des structures.
Chez le pépiniériste André Briant Jeunes Plants, l’épisode a été géré sans trop de dégâts, l’entreprise s’étant armée contre le froid, explique Éric Vandenbempt, directeur technique : “Depuis les années 1985-87 , nous avons mis en place des techniques de protection contre le gel : aérothermes, voiles… Certains plants ont pu souffrir, nous nous attendons à en voir qui ne redémarreront pas, la douceur des températures ayant rendu les végétaux plus fragiles. Mais nous ne sommes pas pessimistes”. La neige a surtout eu pour conséquence de retarder les expéditions et de perturber l’organisation du travail. Toute l’attention se porte maintenant sur les conditions météo de printemps. Il va falloir de l’eau.