Interview
"Les éleveurs laitiers ont de moins en moins le moral"
Interview
Alain Cholet, président de la FDL, appelle les entreprises à revaloriser le prix du lait.
Alain Cholet, président de la FDL.
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Comment peut-on aujour-d'hui qualifier la conjoncture laitière ?
Alain Cholet : Je serais tenté de dire qu'elle est paradoxale. Au niveau mondial, la demande reste soutenue et la production est un peu en dessous, voire correspond à la demande. On est donc sur un marché relativement équilibré. Ce qui fait la différence entre les pays, ce sont les coûts de production des entreprises de transformation et les produits sur lesquels ils sont.
Pour un produit type mozarelle ou emmental, le marché reste demandeur. C'est moins évident pour les produits de marque ou à forte valeur ajoutée où la consommation baisse un peu. Enfin, le marché du lait UHT reste tendu.
C'est un problème français ?
Non pas spécifiquement. Une entreprise, où qu'elle se trouve, manque de compétitivité à travers son coût de production. Ceci dit, au niveau français, les situations sont très hétérogènes. Les entreprises, très différentes, ont plus de mal à répercuter la hausse constatée partout dans le monde, et en particulier en Allemagne, avec qui la France est en forte comparaison. Ainsi, l'Allemagne a fortement augmenté sur le prix du lait le 4e trimestre 2012 et on devrait s'attendre à une augmentation sur le prix français sur le second trimestre 2013.
Beaucoup trop tard, selon vous ?
Oui. La difficulté, pour les laitiers et les exploitants agricoles en général, c'est l'augmentation des charges depuis quasiment neuf mois : les charges d'énergie du bétail, les pièces détachées…. Les trésoreries sont mises à mal. C'est pourquoi la FNPL réclame une haussse de 30 euros/1 000 l.
Cette situation engendre un moral morose chez les laitiers. Les laitiers mesurent aussi les exigences liées à l'élevage et ne peuvent s'empêcher de comparer leur revenu et leur temps de travail avec les revenus extrêmement élevé en céréales et protéagineux. De plus en plus d'éleveurs se posent la question de la reconversion en céréales. Et ce type de conversion est un phénomène irréversible. Quand les animaux sont partis, on sait bien qu'ils ne reviennent pas, même si les prix se redressent. Donc il faut préserver le potentiel laitier en France et cela passe par une juste rémunération du prix du lait.
Quels moyens de pression a la profession ?
Le dialogue entre les OP et les entreprises se durcit. Jusqu'à présent, les entreprises ont trouvé des artifices pour rester sourdes à la demande des producteurs, se réfugiant derrière le fait que les OP n'étaient pas agréées. Aujourd'hui, les entreprises disent que la consommation baisse pour justifier leur refus d'augmentation. Viendra un temps où les producteurs iront demander les comptes réels à leur entreprise.
D'où la demande de clause de sauvegarde (voir ci-dessous)
Les entreprises ont fait jouer cette clause. Les éleveurs en font de même. Il faut que les entreprises jouent le jeu. Les éleveurs ne comprennent pas qu'une entreprise qui s'en sort bien financièrement qui investit en France et à l'étranger, soit, depuis plus de six mois, en queue de tableau dans le classement du paiement du lait. Qui, en plus, ne donne pas de litrage supplémentaire. Les laitiers qui livrent à Lactalis ont la double peine : ni le prix, ni le volume.
Quelque chose à attendre des Pouvoirs publics ?
Les Pouvoirs publics sont attendus sur deux choses : le projet de 5e programme de la directive Nitrates qui concerne beaucoup le secteur du lait. Nous resterons extrêmement vigilants sur le sujet car il est impossible aujourd'hui sur les laitiers d'envisager des investissements. D'autre part, les négociations sur la future Pac : dans les régions d'élevage, les laitiers risquent d'être les grands donateurs mais recevront très peu. Dans certains systèmes, on verrait même les DPU baisser de moitié. Le syndicalisme FNPL va continuer à travailler sur ces sujets.
Alain Cholet : Je serais tenté de dire qu'elle est paradoxale. Au niveau mondial, la demande reste soutenue et la production est un peu en dessous, voire correspond à la demande. On est donc sur un marché relativement équilibré. Ce qui fait la différence entre les pays, ce sont les coûts de production des entreprises de transformation et les produits sur lesquels ils sont.
Pour un produit type mozarelle ou emmental, le marché reste demandeur. C'est moins évident pour les produits de marque ou à forte valeur ajoutée où la consommation baisse un peu. Enfin, le marché du lait UHT reste tendu.
C'est un problème français ?
Non pas spécifiquement. Une entreprise, où qu'elle se trouve, manque de compétitivité à travers son coût de production. Ceci dit, au niveau français, les situations sont très hétérogènes. Les entreprises, très différentes, ont plus de mal à répercuter la hausse constatée partout dans le monde, et en particulier en Allemagne, avec qui la France est en forte comparaison. Ainsi, l'Allemagne a fortement augmenté sur le prix du lait le 4e trimestre 2012 et on devrait s'attendre à une augmentation sur le prix français sur le second trimestre 2013.
Beaucoup trop tard, selon vous ?
Oui. La difficulté, pour les laitiers et les exploitants agricoles en général, c'est l'augmentation des charges depuis quasiment neuf mois : les charges d'énergie du bétail, les pièces détachées…. Les trésoreries sont mises à mal. C'est pourquoi la FNPL réclame une haussse de 30 euros/1 000 l.
Cette situation engendre un moral morose chez les laitiers. Les laitiers mesurent aussi les exigences liées à l'élevage et ne peuvent s'empêcher de comparer leur revenu et leur temps de travail avec les revenus extrêmement élevé en céréales et protéagineux. De plus en plus d'éleveurs se posent la question de la reconversion en céréales. Et ce type de conversion est un phénomène irréversible. Quand les animaux sont partis, on sait bien qu'ils ne reviennent pas, même si les prix se redressent. Donc il faut préserver le potentiel laitier en France et cela passe par une juste rémunération du prix du lait.
Quels moyens de pression a la profession ?
Le dialogue entre les OP et les entreprises se durcit. Jusqu'à présent, les entreprises ont trouvé des artifices pour rester sourdes à la demande des producteurs, se réfugiant derrière le fait que les OP n'étaient pas agréées. Aujourd'hui, les entreprises disent que la consommation baisse pour justifier leur refus d'augmentation. Viendra un temps où les producteurs iront demander les comptes réels à leur entreprise.
D'où la demande de clause de sauvegarde (voir ci-dessous)
Les entreprises ont fait jouer cette clause. Les éleveurs en font de même. Il faut que les entreprises jouent le jeu. Les éleveurs ne comprennent pas qu'une entreprise qui s'en sort bien financièrement qui investit en France et à l'étranger, soit, depuis plus de six mois, en queue de tableau dans le classement du paiement du lait. Qui, en plus, ne donne pas de litrage supplémentaire. Les laitiers qui livrent à Lactalis ont la double peine : ni le prix, ni le volume.
Quelque chose à attendre des Pouvoirs publics ?
Les Pouvoirs publics sont attendus sur deux choses : le projet de 5e programme de la directive Nitrates qui concerne beaucoup le secteur du lait. Nous resterons extrêmement vigilants sur le sujet car il est impossible aujourd'hui sur les laitiers d'envisager des investissements. D'autre part, les négociations sur la future Pac : dans les régions d'élevage, les laitiers risquent d'être les grands donateurs mais recevront très peu. Dans certains systèmes, on verrait même les DPU baisser de moitié. Le syndicalisme FNPL va continuer à travailler sur ces sujets.