Pommes
Les galas ouvrent le bal
La récolte s’annonce belle d’un point de vue qualité. Mais l’embargo russe pose la question de la commercialisation.
Les plateformes sont entrées dans les rangs depuis près de deux semaines aux Vergers de Souzay. La récolte s’étalera sur trois mois, pendant lesquels une quarantaine de saisonniers, dont la moitié de Roumains, viennent prêter main forte aux quatre salariés permanents. L’exploitation produit chaque année 1 800 tonnes de pommes sur 30 ha et 30 tonnes de cerises (4 ha). “Nous avons choisi de nous orienter vers les variétés marketées, avec 35 % de la production en Pink Lady”, présente l’arboriculteur, Albert Richard. Un quart de la production est composé de gala et le reste se répartit entre golden, reinette, tentation, breaburn, et la nouvelle variété Joya. “Nous aurons des pommes d’une assez belle qualité, avec des calibres plus importants que l’année passée”, note Albert Richard.
Plus délicate va être la commercialisation, comme pour l’ensemble des pommes de la région. Des reports de stocks importants, une collecte européenne abondante (voir ci-dessous) et l’embargo de la Russie vont compliquer la vente des produits. Les pommes des vergers de Souzay sont livrées aux Vergers d’Anjou, qui forme avec quatre autres structures l’Union de coopératives BVL, Berry Val de Loire. Depuis ce printemps, elle confie la vente à la structure commerciale Blue Whale (Montauban), dont 70 % des volumes partent à l’export, une partie en Russie.
“L’embargo pénalise bien sûr cette destination, explique Albert Richard, qui est aussi président de BVL. La Russie est le premier importateur de pommes avec 1 million de tonnes par an. Son premier client est la Pologne”. La crainte des professionnels, c’est donc un engorgement du marché. Ceci dans un contexte de baisse sensible de la consommation en Europe.
Relancer la consommation
Outre les mesures de retrait annoncées par la Commission européenne, “il faudra trouver des “budgets exceptionnels au niveau de l’Union européenne et de la profession pour relancer la consommation”, suggère Albert Richard. “Des campagnes télévisées, des “selfies””, (se prendre en photo en mangeant un fruit et la diffuser sur les réseaux sociaux, un mouvement né en Pologne) pour relancer l’intérêt du public, voilà l’idée qui fait son chemin.
S.H.
Pommes et poires
Une petite année en France
La production nationale de pommes attendue pour 2014 était estimée à 1,67 millions de tonnes au début août par Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture. C’est 4 % de moins que la bonne récolte 2013 et 3 % en deçà de la moyenne quinquennale 2009-2013. Pour la région, la production, évaluée à 270 000 t, soit – 8 % par rapport à la moyenne 2009 – 2012, est surtout réduite par la moindre surface en production : 5 100 ha, soit - 17 % par rapport à la moyenne de la période de référence. Devancée en 2013 par Midi-Pyrénées, elle devrait cependant retrouver cette année son rang de deuxième producteur national derrière Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Moins de poires aussi
En poire, la réduction du volume de récolte est encore plus marquée. En juillet, Agreste l’estimait à 141 000 tonnes pour la campagne en cours, soit 5 % de moins que celle de 2013 et 7 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Si dans d’autres régions, le climat ou les ravageurs sont pointés du doigt, pour les Pays de la Loire (récolte 2014 attendue 5 % en deçà du niveau moyen sur 5 ans), c’est surtout l’alternance après la bonne récolte 2013 qu’Agreste met en avant. L’Association nationale pommes poires (ANPP), qui confirme ce diagnostic, met par ailleurs en avant, la qualité du produit français : “Les conditions climatiques du printemps et de l’été ont été propices au développement des fruits, de la qualité gustative et de la coloration aux pommes. La qualité des fruits s’annonce très satisfaisante avec un calibre supérieur à celui de 2013”, explique un communiqué du 27 août.
Récolte abondante en Europe
En Europe, la récolte sera élevée, avec une estimation à près de 12 mt, selon l’ANPP. “La plus importante récolte depuis dix ans”, souligne l’arboriculteur Albert Richard. “La quasi-totalité des pays d’Europe expriment leur plein potentiel. Comme la France, l’Espagne ou le Portugal se démarquent par une récolte en léger retrait, mais Pologne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni ou encore Hongrie affichent une récolte pleine.” Hors Union européenne, la Chine et la Turquie envisagent une petite récolte, au contraire des USA, de l’Ukraine et de la Russie. Tandis que “la demande mondiale reste structurellement en progression.”