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Les haies bocagères, ça s'entretient

Reportage à Bouchemaine, où était réalisé, fin novembre, un chantier d'abattage des haies de l'exploitation de Paul-Bernard Rabin, pour être valorisées en bois déchiqueté via la Scic* Bois énergie. L'occasion de rappeler l'importance d'une gestion durable du bocage.

Avant que l'impressionnante pince sécateur n'entre en action, Paul-Bernard Rabin, agriculteur, échange avec Firmin Marsollier, de l'entreprise Moreau. « On observe les arbres pour repérer lesquels pourraient devenir adultes, voire centenaires et constituer du bois d'oeuvre à haute valeur ajoutée, comme les merisiers, chênes, charmes...», explique l'agriculteur.
Avant que l'impressionnante pince sécateur n'entre en action, Paul-Bernard Rabin, agriculteur, échange avec Firmin Marsollier, de l'entreprise Moreau. « On observe les arbres pour repérer lesquels pourraient devenir adultes, voire centenaires et constituer du bois d'oeuvre à haute valeur ajoutée, comme les merisiers, chênes, charmes...», explique l'agriculteur.
© AA

La pince Westtech, de l'entreprise Moreau et associés, du Lion-d'Angers, est en pleine action ce vendredi 30 novembre sur une prairie de Bouchemaine. Le salarié de l'entreprise, Firmin Marsollier, manie avec dextérité l'engin qui va permettre d'abattre 700 mètres de haies en une journée de travail. L'agriculteur, Paul-Bernard Rabin, observe le chantier avec satisfaction : « j'aime les haies, mais pas la tronçonneuse... », sourit-il. L'entreprise Moreau et associés intervient ainsi sur des exploitations agricoles du  1er août au 31 mars, lors de la période autorisée d'entretien des haies.


Une activité en développement
Pour cette entreprise aux domaines d'activités variés (environnement, étanchéité, travaux publics...), l'entretien du bocage gagne en importance depuis quelques années,  en lien, notamment, avec le développement des activités de la Scic* Bois énergie. « La partie élagage représente environ 20 à 25 % de notre activité globale, et sur ce pôle élagage, l'abattage de bois bocager pour les agriculteurs représente 20 à 25 % », précise Alain Moreau, dirigeant. L'entreprise est équipée d'une pince sécateur depuis 9 ans, un matériel déjà renouvelé deux fois. Elle envisage  d'investir aussi à l'avenir dans une pince tronçonneuse, de manière à pouvoir aller travailler les arbres avec plus de précision. Car la pince sécateur a l'avantage de permettre de gros rendements, mais ne réalise pas un travail en finesse. En revanche, gros avantage, avec sa pelleteuse montée sur chenilles, l'engin peut intervenir en toutes saisons sur les exploitations. « Plus on taille les arbres tard dans la saison, mieux c'est », conseille Alain Moreau. Autre avantage non négligeable d'un abattage mécanisé pour les agriculteurs, la sécurité et le gain de temps. Paul-Bernard Rabin se souvient que dans les années 80, un chantier d'importance similaire à celui-ci pouvait prendre une quinzaine de jours, avec les risques d'accidents que cela comporte pour les exploitants.


La Scic veut diversifier les usages du bois
Le potentiel de développement du bois bocager est important, « il y a encore énormément de bois non régénéré, et c'est une perte d'énergie », souligne Alain Moreau. Les observations de la Scic Bois énergie vont dans le même sens : « nous estimons que la coopérative n'est qu'à 20 % du potentiel  de bois bocager mobilisable sur le département », explique Gilles Beaujean, conseiller énergie, ancien animateur de la Scic. Depuis son lancement en 2012, la structure a vu s'accroître le volume du bois récolté, au delà de toutes les espérances.
« Nous avons commencé avec 500 t la première année. Nous nous étions fixés un cap de 5 000 t. En réalité, depuis 2 ans nous sommes à 15 000 t ! ». Sur ce volume, 38 % est constitué par du bois de bocage, coupé majoritairement (aux 2/3) chez 57 agriculteurs adhérents. Le bois déchiqueté est destiné en majorité à une clientèle de grosses chaufferies, de réseaux de chauffage. La Scic a réussi à faire évoluer les volumes, et ce, malgré le fait que le marché stagne aujourd'hui (+ 5 % depuis 4 ans à l'échelle des Pays de la Loire), concurrencé par les énergies fossiles, surtout le gaz naturel aux prix plus attractifs.   « On a toutefois bon espoir que les choses avancent dans le domaine, souligne Gilles Beaujean. Il y a des signaux positifs, comme l'arrêt programmé des installations de chaudières gaz et fuel pour les maisons particulières neuves en 2021 et surtout, pour les immeubles, en 2024. Cela relance l'intérêt d'installer des chaufferies collectives au bois déchiqueté ».  Florent Villepellé, le successeur de Gilles Beaujean à la Scic, espère donc bien continuer le développement du bois énergie et « ouvrir de nouvelles opportunités, comme le bois litière pour les  animaux et le bois d'oeuvre ». Il envisage de proposer des
« prestations globales » aux agriculteurs, de manière à valoriser à leur juste valeur les différents types de bois.  
S.H.  
*Société coopérative à intérêt collectif.

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