Aller au contenu principal

Maraîchage
Les maraîchers nantais détruisent dix tonnes de concombres invendus

La crise sanitaire due à la bactérie E. coli, survenue en Allemagne, a fait dégringoler les ventes de légumes frais.

Destruction de concombres, lundi 6 juin, à Carquefou. D’après Légumes de France, les ventes ont chuté de 90 %. 
Destruction de concombres, lundi 6 juin, à Carquefou. D’après Légumes de France, les ventes ont chuté de 90 %. 
© LOIRE-ATLANTIQUE AGRICOLE

Laurent Cheminant croque à pleines dents dans un des concombres qu’il produit sur son entreprise basée à Carquefou. “Le concombre c’est très bon pour la santé. Vous pouvez en manger. On ne risque rien”, insiste-t-il devant les objectifs des appareils photos et des caméras. Il sait que le combat à mener dans les jours qui viennent est celui de la communication. Il veut lutter contre “la psychose générale” qui s’est emparée des Français et des “amalgames qui sont faits”. “Mais le mal est fait, les personnes n’achètent plus de légumes”, se désole-t-il. D’après Légumes de France, les ventes de concombre ont chuté de 90 %. “Le seul légume qui se vende bien actuellement, c’est le poireau. Les gens sont rassurés car il doit être cuit”, signale Louis Vinet, producteur de concombre à Bouguenais et responsable des jeunes maraîchers de Légumes de France.
Les maraîchers nantais, après une semaine d’absence totale de commerce en légumes, ont dû détruire leur production. Lundi 6 juin, Laurent et Jean-Pierre Cheminant, maraîchers à Carquefou, aidés d’une vingtaine de leurs collègues, ont jeté 10 tonnes d’invendus.
Laurent Cheminant estime que le manque à gagner de son SCEA est actuellement compris entre 75 000 et 100 000 € par semaine : “On ne va pas pouvoir tenir longtemps. L’entreprise compte 80 salariés. Si cette situation dure, je ne sais pas comment je vais les payer”.
La région nantaise produit environ 50 000 000 de concombres sur 43 hectares (une dizaine de producteurs spécialisés). Dans la semaine, c’est 4/5e de la production qui a été détruite. « On enregistre d’ores et déjà 3 millions d’euros de pertes pour nos entreprises », indique Louis Vinet.

GUILLAUME DE WERBIER
Loire-atlantique agricole

En Union européenne

Des millions d’euros de pertes

Selon les organisations agricoles et coopératives de l'Union, le Copa et la Cogeca, le secteur maraîcher enregistre des pertes de
l'ordre de 417 millions d'euros par semaine, dont 200 millions en Espagne, 100 millions en Italie et 30 millions en France.
Sous la pression de nombreux États-membres, la Commission européennea accepté le 8 juin de porter de 150 à 210 millions d'euros l'aide d'urgence qui sera mise à la disposition des producteurs européens. Cette aide exceptionnelleest destinée aux producteurs de concombres, tomates, laitues, courgettes et poivrons.  Les premières aides pourraient être débloquées en juillet.
La compensation versée aux producteurs sera équivalente à 50 % d'un prix de référence calculé sur la base des relevés des cours des mois de juin 2008, 2009 et 2010. Il s'agit d'une moyenne, a indiqué en substance le commissaire Dacian Ciolos, qui a expliqué que dans certains pays et régions la compensation réelle pourrait être plus élevée. Les membres d'une organisation de producteurs pourront, grâce aux fonds opérationnels, bénéficier d'une aide couvrant jusqu'à 70 % des  pertes.

En Maine-et-Loire

Des impacts sur l’ensemble
de la production maraîchère

Antoine Mercier, maraîcher : “ça va très mal”. Maraîcher à Longué-Jumelles, Antoine Mercier produit des concombres sous 1 hectare de serres multichapelles, commercialisés auprès de grandes surfaces et de grossistes. Il emploie six salariés permanents, trois saisonniers. “ça va très mal. Chaque jour, 500 à 600 colis (de 12 concombres, NDLR) me restent sur les bras”, témoigne-t-il.  Il en vend, au mieux, une centaine. Le maraîcher s’apprête à déclencher une opération de destruction pour écouler les 3 000 colis stockés dans son frigo. Pendant ce temps, les cours ne cessent de chuter : “On me propose 16 centimes d’euro la pièce. Mon coût de production est de 36 centimes”. Ses autres productions, tomate et salades, subissent aussi les conséquences de la crise de confiance, avec des cours en baisse.

Fleuron d’Anjou : l’Allemagne n’achète plus la mâche
La coopérative Fleuron d’Anjou ne commercialise pas de concombres, mais subit aussi les effets de la crise. Sur les 1 200 tonnes de mâche vendues par an, 20 % partent habituellement vers l’Allemagne. Ce débouché est bloqué à ce jour. Au-delà de la mâche, tous les produits subissent un impact, dans un contexte commercial difficile. “La consommation de fruits et légumes était déjà très moyenne avant cette crise sanitaire”, rappelle Michel Masse, vice-président de la coopérative. Pour faire face à ces aléas sanitaires, “il faudrait pouvoir intégrer ce risque énorme dans les prix, en créant une caisse de prévoyance pour les coups durs”, suggère-t-il.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Anjou Agricole.

Les plus lus

Les oignons semences sont déchiquetés chez Alexis Girard à Jumelles. Dans le même secteur, l'orage a couché des arbres dans les champs de maïs semences.
La grêle a fait des ravages en Anjou

Un orage de grêle s'est abattu dans certains secteurs du Maine-et-Loire, mercredi 19 juin. Les dégâts sur les cultures…

La météo, les conditions de récolte et la variété cultivée entrent en compte dans le rendement, attendu en baisse cette année.
La récolte de ray-grass semences compliquée par la pluie

Les conditions météo de cette année vont peser sur les rendements de ray-grass semences. Reportage dans le Chemillois où des…

Augustin Pipard a créé son élevage de limousines et projette de faire de la vente directe sur sa ferme d'Ombrée d'Anjou (Pouancé).
Indépendant,
mais bien entouré
Augustin Pipard est installé à Ombrée d'Anjou (Pouancé) depuis novembre 2022, à l'EARL du Ruisseau. Le jeune agriculteur est…
Christiane Lambert, présidente du Copa.
Ursula von der Leyen doit afficher son ambition pour l'agriculture

Christiane Lambert quittera la présidence du Copa* au terme de 4 ans de mandat le 27 septembre prochain. Alors que le nouveau…

Le 28 juin, le conseil d'administration de la FDSEA s'est emparé des sujets environnementaux et de l'agrivoltaïsme.
La FDSEA prend position sur l'agrivoltaïsme
Le Conseil d'administration de la FDSEA 49 s'est réuni vendredi 28 juin dernier pour faire le point sur de nombreux sujets d'…
L'événement a réuni une dizaine d'organismes à Beaupréau.
Mobilisés pour la transmission
Avec une dizaine de partenaires, le Crédit Agricole Anjou Maine a organisé une rencontre destinée aux candidats à l'installation…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 176€/an
Liste à puce
Consulter l'édition du journal l'Anjou agricole au format papier et numérique
Accédez à tous les articles du site l'Anjou agricole
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter d'actualités
L’accès aux dossiers thématiques
Une revue Réussir spécialisée par mois