Viande bovine
Les marges des GMS dénoncées
Après avoir, la semaine passée (AA du 17/09), dénoncé le manque de transparence sur l’origine des viandes, les producteurs s’attaquent désormais aux marges de la grande distribution.
du département, soit trois enseignes différentes, sur la région d’Angers.
Vendredi 17 septembre, une quarantaine de producteurs de viande bovine s’est rassemblée à l’hypermarché Géant Casino d’Espace Anjou et ont stické, à l’aide d’étiquettes auto-collantes, les produits non équitables qui ne rémunèrent pas les producteurs selon la formule, à l’intention des consommateurs mais aussi, bien sûr, de la direction des magasins. Après cette opération, les producteurs se sont répartis sur deux autres enseignes Carrefour Saint-Serge et Hyper U Mûrs-Érigné.
Revenus annuels de 6 000 €
« Nos prix n’ont pas évolué depuis treize ans et pourtant ceux à la consommation ont augmenté de 40 %, comment expliquer ces
écarts ? », s’interroge Alain Denieulle vice-président de la section bovine de la FDSEA. « Nous voulons comprendre et demandons les factures pour savoir. Depuis 2007, notre revenu ne cesse de chuter et en 2009 les revenus ont été de 6 000 euros par exploitant », affirme Michel Brossier 2e vice-président de la section « avec en plus cette année la sécheresse, 2010 ne peut qu’être pire en terme de
revenu », poursuit-il. « Nous demandons une hausse d’au moins 20 % du prix, soit entre 50 et 60 centimes du kilo », revendique Alain Denieulle. Selon les syndicalistes, ces hausses de prix ne devraient avoir qu’une faible répercussion sur le prix à la consommation si les intermédiaires réduisent leurs marges considérées comme « abusives » dans certains cas. La direction du magasin a refusé de fournir les factures, affirmant ne pas les détenir et que seule la centrale pourrait le faire. Même réponse à Carrefour alors qu’à Hyper U,
les éleveurs ont pu vérifier un certain nombre de documents et obtenir des copies.
L’annonce du ministre insuffisante
Selon les responsables syndicaux, les éleveurs et même l’élevage sont en danger. Pour redresser la situation, il faudrait à la fois un soutien immédiat des pouvoirs publics et les responsables maintiennent leur demande d’une « année blanche » pour les annuités d’emprunts (report en fin de tableau d’amortissement des annuités 2010) et une hausse des cours de la viande.
L’annonce du ministre au Space leur paraît largement insuffisante car elle résoudra au mieux les problèmes de quelques dossiers. Aussi, les éleveurs annoncent-ils leur intention de multiplier les actions dans les autres villes du département, voire de passer à un stade supérieur « si nécessaire ». Un certain nombre de manifestants n’excluaient pas de s’en prendre aux entreprises qui « ne jouent pas le jeu ».
S.D.
Mickaël Bazantay, responsable de la section bovine FDSEA
Rencontre avec Élivia et Charal
Les responsables de la FDSEA ont échangé, ces dernières semaines, avec les entreprises de transformation Élivia et Charal. Pourquoi cette démarche ?
Mickaël Bazantay : Le premier objectif de ces rencontres, dont celle avec Élivia s’est déroulée avant le Space et l’annonce des mesures par le ministre de l’Agriculture, était d’échanger sur la situation actuelle. C’est-à-dire à la fois sur la situation sur le marché de la viande en général et sur celle des producteurs. Il s’agissait de vérifier si notre analyse était identique. L’autre volet de la rencontre portait sur l’avenir.
Des points de divergence sont apparus entre eux et vous ?
En ce qui concerne la consommation, on sait qu’elle n’est pas en retrait. On sait aussi qu’il n’y a pas de surproduction et que
l’exportation se maintient. Ceci étant, on n’a pas d’explication sur les cours toujours aussi bas. On se trouve en présence de deux
entreprises très différentes, l’une a un statut coopératif et elle estime que sa position de numéro 2, loin derrière le numéro 1, ne lui laisse pas de grandes possibilités. Charal, entreprise privée, leader sur le marché se considérant « sans véritable concurrence », détaille à l’envi les actions menées depuis dix ans. Et l’argument massue du diktat de la grande distribution est brandi comme le drapeau blanc du malheureux intermédiaire neutre. Mais, dans les deux cas, pas un mot sur la situation des éleveurs, à tel point qu’on peut se demander s’ils en sont conscients.
Quelle analyse tirez-vous de ces rencontres ?
Les producteurs continuent à être considérés comme la variable d’ajustement et, à mon sens, il s’agit là d’une gestion à la petite semaine. Mais je ne renonce pas. Ce n’était qu’une première rencontre. Nous allons donc aller les revoir et je ne perds pas espoir d’avancer, avec Élivia, sur l’organisation des producteurs et, avec Charal, de débattre de la contractualisation.
Recueilli par M. L.-R.