Porc
Les producteurs veulent un prix constructif pour des perspectives durables
Interview de Gérard Bourcier, président de la section régionale porcine Pays de la Loire, avant l’AG de la FNP le 23 juin à Nantes.
Pourquoi avoir choisi la ville de Nantes pour l’assemblée générale de la FNP ?
Gérard Bourcier : C’est l’occasion pour les adhérents de notre région, de pouvoir apprécier le travail fait par notre syndicat. C’est un temps privilégié pour interpeller les responsables nationaux du syndicat, de l’administration et des pouvoirs publics.
Quelles sont les difficultés de la filière actuellement ?
Nous, éleveurs de porcs, nous sommes à un virage crucial pour l’avenir de la production française. Depuis trois ans, l’équilibre financier de nos exploitations est très difficile à obtenir, avec des charges en augmentation, des matières premières plus volatiles, des entreprises qui veulent d’abord équilibrer leurs comptes, sans se préoccuper de la pérennité de la production. Mais le prix payé au producteur est trop faible, comme si le coût de production ne comptait pas. Cette variable d’ajustement aux problèmes du marché, de la crise financière et des distorsions de concurrence ne peut plus durer.
Qu’est-ce que cela engendre ?
La crise porcine est devenue structurelle avec un prix payé aux producteurs qui ne leur permettent plus d’investir, des entreprises qui perdent de la compétitivité et des installations de jeunes agriculteurs inexistantes. Comment prévoir des investissements sur 10 ou 15 ans avec une visibilité du prix des porcs à la semaine, pure spéculation, sur une hypothétique augmentation durable et rentable du prix ?
Quelles sont les solutions envisagées ?
L’ouest syndical est déterminé à défendre et à faire appliquer une méthode plus constructive du prix et durable pour la production porcine. Nous travaillons sur des propositions qui seront annoncées d’ici l’automne. Les pouvoirs publics sont prêts à aider la profession dans ce sens. Il faudra convaincre les entreprises de l’intérêt d’un prix plus stable et rémunérateur pour les éleveurs.
Comment voyez-vous l’avenir de la production porcine dans les Pays de la Loire ?
L’assemblée générale de la FNP dans notre région est forte en symbole, car l’avenir de la production porcine passera par un lien au sol de plus en plus important et les éleveurs des Pays de la Loire, avec un tiers de leur élevage qui fabrique et consomme leurs propres céréales, sont déjà inscrits dans ce schéma.
Quels seront les sujets abordés lors de l’AG ?
L’assemblée générale sera l’occasion de débattre de ces difficultés, ainsi que l’identification de la viande porcine française sous le logo VPF. Ce logo relooké veut mettre en avant les pratiques des éleveurs français allant au-delà de celles des autres pays de l’UE. Coop de France, les abattoirs et la FCD sont associés à la démarche, seules les charcuteries et salaisons ne souhaitent pas adhérer.
Propos recueillis
par Sophie Beauquin
Jean-Michel Serres, président de la FNP
« Redonner de la compétitivité »
« Après trois années de crises, je m’interroge aujourd’hui considérablement sur la conjoncture qui reste très incertaine. La situation financière est difficile et beaucoup d’élevages sont dans l’impossibilité d’investir, alors que les besoins sont importants en la matière, pour moderniser les outils, maîtriser les impacts environnementaux, répondre aux exigences du bien-être et en particulier au défi des mises aux normes truies gestantes... Ne pas investir, c’est perdre de la compétitivité.
Dans le domaine de l’environnement, nos demandes ont été entendues et ont abouti récemment à des circulaires destinées à encadrer l’interprétation des inspecteurs des installations classées et simplifier les délais d’instruction des dossiers.
Les débats sur la LMA nous ont permis d’aller un peu plus loin dans ces démarches. Enfin, fin 2009, la production a souhaité relancer la marque VPF, Viande de porc française, en lui ajoutant une dimension “éleveur”. Arriver à mettre en évidence VPF dans les linéaires et susciter l’intérêt du consommateur serait pour nous un premier pas. Cette démarche sera l’objet de notre table ronde avec des représentants de l’aval. »