Magazine
Magazine - Des fraises et des serres
L'entreprise Ô jardin des délices cultive fraises et framboises sous cinq hectares et demi de serres recouvertes de panneaux photovoltaïques, à Bourgneuf-en-Mauges.
Douze mille panneaux solaires sur des serres gigantesques. Des fraises cultivées dans des "jardins suspendus". L'idée n'est pas banale. Et pourtant, c'est dans ce projet faramineux que Régis Guiet et Amélie Martin se sont lancés, à Bourgneuf-en-Mauges, au lieu-dit Les Marotières.
L'histoire débute en 2010. Régis et Amélie sont arboriculteurs. Mais ont envie de changement. Ils vendent, alors, leur verger et s'installent juste en face pour créer Ô jardin des délices. "Mes clients me demandaient toujours plus de fraises. C'est pour cela que j'ai eu envie de changer de culture", explique Régis Guiet.
Un projet ambitieux
"Pour tout mettre en place, il a fallu du temps. Les permis de construire ont été longs à obtenir. Et le financement. " L'investissement est de taille : 20 millions d'euros. Personne ne croit en leur projet. Les banques sont réticentes à financer un projet unique en France. "Finalement, on a dû se tourner vers des investisseurs étrangers. On a eu des fonds par des Allemands."
La chantier débute en 2011 et dure un an. "On a tout construit nous-mêmes", affirme l'ancien arboriculteur, fièrement. "Il n'y a que les serres et panneaux solaires qui ont été installés par de la main-d'oeuvre extérieure."
L'exploitation commence en janvier 2012 et les premières ventes en mai. Sur 11 hectares de terrain, l'agriculteur a installé cinq serres d'une superfice totale de 5,5 hectares. Toutes recouvertes de panneaux photovoltaïques. Quatre pour produire des fraises. Une pour des framboises.
Huit variétés de fraises
Au total, l'entreprise cultive huit variétés de fraises : Gariguette, Monterey, Sonata, San Andreas, Charlotte, Cirafine, Mara des bois et Elsinore. Une variété de framboise : la Polka.
Pour faire tourner l'entreprise, les rôles sont bien définis dans le couple : Amélie Martin s'occupe de la commercialisation, Régis Guiet de la production. S'ajoutent quatre salariés. Et des saisonniers dont le nombre peut varier de 40 à 50 cueilleurs.
L'entreprise Ô jardin des délices commercialise dans toutes les grandes surfaces du Maine-et-Loire. "On a notre propre livreur. C'est important d'avoir un contact direct avec son client, qu'il y ait le moins d'intermédiaires possibles. En cas de problème, le client peut voir directement avec Thierry, le livreur." Une vente sans intermédiaire qui passe aussi par la cueillette en direct (voir ci-dessous).
Loin du bilan, le couple d'agriculteurs semble, d'ores et déjà, satisfait. "En un mois et demi, on a produit 50 à 60 tonnes de fraises et de framboises. On ne peut pas livrer certaines grandes surfaces demandeuses parce qu'on manque de production."
À peine installé, Régis pense déjà à l'avenir : "J'aimerais pouvoir encore m'agrandir et cultiver d'autres fruits rouges", confie-t-il.
Hélène Rongier
CuLture
et jardin suspendu
L'exploitation cultive les fraisiers sous serres dans des bacs suspendus. À hauteur d'homme, les fraises sont dans du terreau (mélange d'écorces de pin et de tourbe). Une méthode qui a ses avantages. "Pas besoin de se baisser, la cueillette est plus rapide, on a un meilleur rendement. Ne touchant pas le sol, elles n'attrapent donc pas toutes les maladies habituelles", souligne l'agriculteur Régis Guiet.
Les plantes ne sont traitées qu'avec des produits naturels : jus d'ail, purin d'ortie, produits à l'écorce d'orange. Les panneaux solaires positionnés sur les façades sud des serres laissent passer 60 % de la lumière. Et évitent la surexposition d'une partie des plants.
Activité
Des délices à cueillir
Fraises, cerises, kakis, nèfles, pêches de vignes... N'importe qui peut venir cueillir les fruits qui lui plaisent à l'exploitation Ô jardin des délices. Le principe a trouvé preneur. "On n'imaginait pas qu'il y aurait autant de monde séduit", commente Régis Guiet. Tout est fait pour accueillir le public : parc arboré, ferme avec poneys, chèvres, moutons... Le couple d'agriculteur souhaite que le public puisse se détendre le temps d'une cueillette. Et ça marche. Les cueilleurs sont ravis. "Le cadre est agréable. Et, en plus, comme les fraises sont en hauteur, on ne se casse pas le dos", s'amuse Marie-France, retraitée qui accompagne ses deux petites filles. Caroline et Fabien, eux, sont venus pour la première fois mais ne semblent pas déçus : "C'est l'occasion de faire une activité avec nos filles. Les fraises sont moins chères et pas traitées." Nathalie, une salariée qui s'occupe de la cueillette libre explique : "Ce sont les enfants les plus heureux. Ils sont les mieux placés pour voir les fraises. Quand on leur donne les ciseaux, on leur explique de faire attention à la plante. Au départ, ils n'osent pas mais très vite, ils se prennent au jeu".
Pratique : ouvert du lundi au samedi de 9 h à 12 h et 14 h à 19 h. Prix : 3,5 euros le kg.