Export
Malgré le Brexit, les échanges perdurent avec les Ligériens
Un an après l’entrée en vigueur effective du Brexit, quels impacts pour les entreprises agricoles ligériennes exportatrices ?
Un an après l’entrée en vigueur effective du Brexit, quels impacts pour les entreprises agricoles ligériennes exportatrices ?
Il y a un an - le 1er janvier 2021 - le Royaume-Uni est sorti du marché unique de l'Union européenne. Le Brexit a complexifié les démarches administratives pour les entreprises qui exportent en Grande-Bretagne. Mais a-t-il pour autant freiné les échanges ?
« Avec la pandémie, qui a perturbé le commerce mondial, il est difficile de mesurer précisément l’impact du Brexit », constate Aurélie Cesbron, directrice de Food Loire. Ce service de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire aide les agriculteurs qui veulent exporter. « En cas de développement de nouveaux marchés export, les entreprises sont frileuses à se lancer vers le Royaume-Uni. Elles vont privilégier des pays de l’Union européenne. »
Des vins toujours prisés
Une chose est sûre, les Britanniques ne boudent pas les vins du Val de Loire. Brexit ou pas, « le marché du Royaume-Uni est en forte progression pour les vins du Val de Loire. Il est le 2e marché export, derrière les états-Unis », souligne Anne-Sophie Lerouge d’InterLoire. D’après les chiffres de l’interprofession, en un an, les exportations ont augmenté de 10,5 % en volume et de 23,2 % en valeur depuis septembre 2021.
Pour le groupe Loire Propriétés dont les Caves de la Loire font partie, « le Brexit n’a pas eu d’impact sur les volumes exportés », constate Céline Tremblay, responsable export de Loire Propriétés, en charge notamment du marché Royaume-Uni. Sur les 20 millions d’euros réalisés à l’export en 2021 pour Loire Propriétés, le Royaume-Uni se situe à la 4e place des exportations du groupe. « Nos volumes exportés au Royaume-Uni ont fortement augmenté entre 2020 et 2021. Cette même tendance se retrouve sur d'autres marchés export. »
Les difficultés liées au Brexit se situeraient plutôt du côté anglais. « Nos partenaires se plaignent beaucoup du manque de transporteurs. Les conteneurs restent bloqués en douanes, côté britannique alors qu’ils sont dédouanés. Cela engendre donc des retards d’approvisionnement chez le client », souligne Céline Tremblay.
Les démarches et coûts supplémentaires ne freinent pas les ambitions de Loire propriétés qui a fait du Royaume-Uni un marché cible pour les prochaines années.
Le vigneron Christophe Réthoré, lui, est plus prudent sur sa stratégie à l’export. Son domaine, le Vignoble Réthoré Davy, exporte 30 % de sa production. 20 % de ses exportations sont destinées au Royaume-Uni. Avant le Brexit, ses clients ont passé de grosses commandes. Puis pendant 6 mois, il y a eu une coupure d’expédition. « Ce n’est pas lié au Brexit mais plutôt à la crise sanitaire. Nos clients vendent principalement à des restaurateurs... », complète le vigneron de St Rémy-en-Mauges. « Au départ, je craignais une baisse des ventes. Mais finalement, les volumes exportés sont stables entre 2020 et 2021 », constate le vigneron qui regrette un manque de lisibilité depuis le Brexit. « Avec en plus le Covid, on n’arrive pas à prévoir les évolutions de marché... » Aujourd’hui, il ne souhaite pas développer son marché auprès des Britanniques. Il a commencé des démarches auprès des pays scandinaves.
Des pommes exportées
Le groupement d’arboriculteurs Pom’évasion, à travers sa filiale Select Fruit, exporte des pommes au Royaume-Uni depuis des années. « C’est notre principal marché à l’export », souligne Olivier Maugeais, directeur associé du groupement. 50 % de la production est exporté. 35 % part auprès de la grande distribution du Royaume-Uni. « Avec le Brexit, le Royaume-Uni est devenu un pays tiers. Nous devons remplir une liasse documentaire. Nous avons réorganisé notre conditionnement pour répondre aux exigences des documents. Les démarches sont plus longues mais pas insurmontables », note le directeur associé. Le coût logistique supplémentaire s’élève à 80 € par camion.
Pour 2022, une nouvelle contrainte réglementaire doit s’ajouter. « Nous devrons fournir une certification phytosanitaire. Il semblerait -et nous espérons- que celle-ci puisse être dématérialisée pour simplifier les démarches... »
Globalement, pour Pom’évasion, entre 2020 et 2021, le marché s’est maintenu. Un atout joue en faveur de l’exportateur angevin : « avec la désorganisation mondiale des conteneurs, le Royaume-Uni privilégie des marchés de proximité. » Olivier Maugeais n’est pas pour autant serein sur l’avenir de l’export au Royaume-Uni. « Aujourd’hui, la devise est favorable pour l’exportation de nos pommes. Mais pour combien de temps ? » Il craint le climat d’instabilité qui plane dans les relations entre la France et le Royaume-Uni. « Notre commerce dépend, aujourd’hui, des relations politiques entre les 2 pays. En cas de désaccord, il pourrait y avoir des représailles... Et cela pourrait se répercuter sur nos exportations. »