Prix du porc
Marché du porc : les surcoûts ne sont pas répercutés
La hausse des aliments représente un surcoût pour les éleveurs et le cours du cochon ne bouge toujours pas. Reportage chez Jean-Philippe Menant, à La Ferrière-de-Flée.
Deux hausses successives de l’aliment, en juillet et août, réduisent les marges des éleveurs de porcs. D’autres sont contraints de vendre à perte. Au Gaec de la Roirie, à La Ferrière-de-Flée, le complémentaire croissance est passé de 226 €/tonne, le 14 juin, à 246 €/tonne, le 16 août. Sur cette même période, l’aliment complet destiné aux porcs charcutiers aaugmenté de 171 à 191 €/tonne et l’aliment pour les truies de 170 à 190 €/tonne.
Jean-Philippe Menant, un des associés du Gaec, n’a pas encore calculé l’impact mais ces hausses vont fatalement augmenter son prix de revient (1,10 €/kg actuellement). En effet, l’alimentation représente plus de 60 % des coûts de production. Au 23 août, le prix au cadran était de 1,243 €. « Le prix du porc est encore bas, déplore Jean-Philippe Menant. Les éleveurs de porcs dépendent du marché : les acheteurs privés font la pluie et le beau temps avec un maximum de marge. Et si l’éleveur meurt, c’est le cadet de leurs soucis ».
Miser sur le label VPF
« Les éleveurs espagnols travaillent avec de la farine de viande animale et des OGM. En France, c’est interdit. Alors pourquoi l’État autorise
l’importation de ces viandes ? », se demande l’éleveur. Contraintes environnementales, distorsions de concurrence… les éleveurs souhaitent relancer leurs produits et
garantir l’origine de la viande avec le label Viande de porc française. Cependant, le logo VPF n’est pas forcément présent sur tous les produits. Un coup de force national avec les professionnels proches de la filière est l’unique solution pour Jean-
Philippe Menant. « Les discussions ne mènent à rien. Pour une prise en considé-ration de nos prix d’équilibre, pourquoi ne pas envoyer un message fort comme ouvrir des barquettes de viande dans les grandes surfaces où le logo n’est pas présent. »
Marges de manœuvre
Le Gaec de la Roirie dispose d’un quota de 620 000 litres de lait. Cette production apporte une diversification des revenus. Pourtant, « ce n’est pas normal qu’une production rattrape l’autre. Pourquoi le lait sauverait-il le porc ? », s’insurge Jean-Philippe Menant qui ne demande qu’à faire vivre sa famille avec la production porcine. L’amélioration des conditions de travail et de vie des animaux, de meilleurs résultats techniques, notamment les mises-bas ou la réduction des retours de truies vides, la libération de temps grâce aux innovations techniques… Il reste quelques marges de manœuvre aux éleveurs de porcs. Encore faut-il avoir la trésorerie disponible pour investir. Le Gaec de la Roirie a emprunté 1 200 000 € pour réadapter les structures de la partie porcine (bâtiments, alimentation automatique, stockage de céréales…). À terme, sur 1 500 places d’engraissement, la fabrication à la ferme représentera 75 % de la ration en céréales et le reste sera associé avec des aliments complémentaires. Un maximum de céréales sera stocké pour la fabrication sur place et réduire les coûts de transport. Après l’extension, l’exploitation comptera 210 truies naisseur engraisseur et les associés espèrent vendre plus de 5 000 porcs par an. « Le prix d’équilibre devrait être de 1,05 €/kg après les travaux, avec plus de porcs et de meilleurs résultats techniques », explique Jean-Philippe Menant. Par exemple, une bascule pèsera quotidiennement les animaux avant leurs repas.
L’objectif est d’atteindre un résultat de 90 à 95 % de porcs situés dans le cœur de gamme (contre 65 % actuellement) et obtenir une plus-value de 2 cts/kg.
Julien Bernier
(lire aussi en p. 2, l’interview de Jean-Michel Serres, président de la FNP).