Viande bovine
Martine et Christian Philippeau : une exploitation durable
Le coup d’envoi des portes ouvertes dans les fermes des réseaux d’élevage a été donné mardi, à Saint-Clément-de-la-Place. Fil conducteur de ces rencontres : la durabilité.
Six élevages des Pays de la Loire et des Deux-Sèvres, appartenant aux Réseaux d’élevage, accueillent le public en ce moment, sur le thème du développement durable. Mardi 27 septembre, la première visite s’est déroulée à l’EARL Philippeau à Saint-Clément-de-la-Place. Des éleveurs, des techniciens, des enseignants, des étudiants y ont participé.
Comme dans les autres fermes du réseau, la durabilité de cette exploitation a été évaluée, du point de vue économique, social et environnemental, à l’aide d’une grille de critères. “Le point fort de cet élevage, c’est le pilier environnemental, a résumé Bertrand Galisson, conseiller à la Chambre d’agriculture. Sur 107 hectares, 82 sont en herbe, bénéficiant de la PHAE (prime herbagère)”. Ce système herbager vaut à l’EARL une bonne “note” environnementale, 4,6/5. Christian et Martine Philippeau estiment donner une belle image du métier d’éleveurs, avec des animaux dans les prairies, des champs entretenus, propres, beaucoup de haies. Les quelques mares présentes sur l’exploitation ont été maintenues. Aujourd’hui elles sont mises en avant pour la biodiversité. Pour les cultures, l’agriculteur travaille beaucoup avec le fumier, utilise peu d’engrais, uniquement de l’azote. Seulement 15 % de la surface reçoit un traitement phytosanitaire et pour le maïs, le traitement de rattrapage est remplacé par un passage mécanique.
Le pilier économique, dépendant des aides (18 % du produit brut), obtient une note plus un peu plus faible (3,3/5), malgré de bons résultats techniques, par exemple en terme de performance des veaux sevrés. “L’élevage, il faut d’abord en vivre, mais ça dépend du niveau de vie qu’on souhaite avoir, souligne Christian Philippeau. Pour l’instant on y arrive, mais c’est fragile. Nous avons des interrogations sur la pérennité des aides. L’outil doit avoir une bonne rentabilité avec de bonnes performances techniques. Le coût de production doit être maîtrisé.” L’éleveur s’interroge sur la reprise de son outil lorsque sonnera l’heure de la retraite : “Il ne faut pas un trop gros volume de production pour pouvoir mieux transmettre à un jeune”. L’élevage réalise à présent 77 vêlages par an.
Du point de vue social (3,2/5), les éleveurs accordent beaucoup d’importance aux conditions de travail et à la vie de famille. Le temps de travail est estimé à 52 heures par semaine en moyenne pour Christian et 28 heures pour Martine. Cette dernière apprécie le travail sur l’exploitation après une vie en usine. Le couple prend huit jours de congés par an.
Le souhait de pouvoir dialoguer avec les autres amène également Christian Philippeau à participer aux chantiers d’ensilage avec les voisins, même si cela prend de son temps. Son implication dans le fonctionnement de la Cuma va dans le même sens. Le couple s’investit aussi dans la vie associative. Et dans une même optique de dialogue et d’ouverture, jeudi, ils recevaient 240 élèves de la commune, dans le prolongement des visites professionnelles.
S.H. et Chambre d’agriculture 49
Débouchés
Bruno Le Maire déterminé à faire naître le GIE export
Bruno Le Maire, le ministre de l'Agriculture, se dit déterminé à mettre en place le GIE export viande bovine d'ici la fin de l'année. Récusant les réticences de Jean-Paul Bigard et des coopératives, il estime qu'aujourd'hui la relance de l'exportation est vitale pour la filière et les éleveurs. Le 26 septembre, Philippe Mangin, président de Coop de France, a dénoncé le risque lié aux importantes exportations de viandes bovines françaises. Le président de Coop de France a aussi rappelé que “l'avenir des filières viandes bovines ne passait pas par le tout export comme l'a dit le ministre de l'Agriculture”. Quant à Jean-Paul Bigard, président du Sniv SNCVP, il a confirmé son refus de participer à ce GIE et menace même de quitter l'interprofession Interveb si le ministre continue à exiger leur participation.
Ces positions, Mickaël Bazantay, responsable de la section bovine et administrateur FNB, ne les comprend pas. "Le GIE export a pour mission de trouver de nouveaux débouchés, pas de commercialiser". Pour lui, l'opposition de Jean-Paul Bigard signifie qu'il décrète que les éleveurs français n'ont pas à avoir accès à des marchés plus rémunérateurs".
Cette discussion intervient alors que l'approvisionnement en animaux manque à certaines structures. "C'est le résultat du refus de contractualiser par les entreprises. Faute de garantie, beaucoup d'éleveurs ont diminué leurs mises en place", constate Mickaël Bazantay.
Quant au ministre, en dépit de sa volonté de créer le GIE, son refus d'année blanche pour les éleveurs, lui vaudra certainement quelques banderilles lors du prochain Sommet de l'élevage.
M. L.-R. et agences
Institut de l’élevage
Des perspectives à l’export et en France
Avec une demande mondiale qui ne cesse de progresser, notamment dans les pays émergents, “la filière viande bovine française a de nombreuses cartes en main”, a résumé Caroline Monniot, de l’Institut de l’élevage, lors d’une conférence à l’EARL Philippeau, mardi. L’Amérique du Sud n’étant pas capable de répondre à cette demande, un certain nombre de pays du pourtour méditerranéen se tournent aujourd’hui vers l’Europe et en particulier vers la France, où sur 5 kg de viande produit, un kilo est exporté. De nouveaux marchés s’ouvrent, comme la Turquie, le Liban, les pays du Maghreb.
La France occupe une place particulière dans l’Europe de l’élevage, souligne aussi l’Institut de l’élevage, puisqu’elle produit, à elle seule, un tiers des vaches allaitantes d’Europe. Elle est le seul pays avec le Royaume Uni dont la production de viande bovine se maintient dans une Europe déficitaire depuis près de dix ans, et reste le premier foyer de consommation.